Live report : énergie électrique avec Ten56., Train Fantôme et Violence à L’Empreinte de Savigny-le-Temple le 9 décembre dernier

Live report Ten56 : Soirée sous le sigle de la diversité pour cette fraîche soirée de décembre à la salle emblématique de Savigny-le-Temple, L’Empreinte. Trois groupes français au programme, chacun avec son style bien défini, mais tous partageant la même énergie.

Violence : le retour tant attendu de la Bass Music

VIOLENCE, c’est le tout nouveau projet Metal, Indus et Bass Music produit par Niveau Zero. Composé de 4 membres : Fabio Meschini (Guitare/Ex : As They Burn), Morgan Sansous (Batterie / Henker), John Kazadi (Chant / Henker) et Frédéric Garcia aka Niveau Zero (Machines et Chant). Violence est une ode à l’insurrection qui gronde. En résulte un son brut, métallique et puissant.

VIOLENCE a su créer un univers puissant, dystopique et l’imposer dès les premières tracks. À coup de gilets pare-balles, de sons métalliques proches du dubstep, de jeux de lumières efficaces et de paroles pleines de sens, le quatuor nous propose un mélange audacieux et original, mais qui fonctionne. Une belle et surprenante découverte pour certains, parmi un public en partie déjà conquis : nombreux sont ceux qui acclameront le retour de la Bass Music qui leur manquait tant, popularisée dans les années 2000.

Tel un appel à la révolte, VIOLENCE a marqué les esprits le soir du 9 décembre 2023, une première partie réussie, chapeau l’artiste.

Train Fantôme : entre musique rap et idéologie punk

Le collectif punk rap TRAIN FANTÔME regroupe des artistes uniques en leur genre, qui peuvent screamer sur du rap. L’ambition est d’effacer les frontières entre le punk, le metal et le rap new wave.

TRAIN FANTÔME, constitué de pas moins de 6 membres, a su insuffler une énergie fougueuse et nouvelle au sein de L’Empreinte. Avec son style atypique, à la frontière entre chant rappé et screamé, look et idéologie punk partagée au travers de ses lyrics, le collectif a attiré de nouvelles têtes (et aussi une nouvelle ère) au sein de L’Empreinte, apportant avec lui un public plus jeune, mais aussi des afficionados de musique rap et punk, de quoi diversifier les horizons. Un choc culturel intéressant, une expérience auditive immersive, le concert se vit comme un chaos, une révolte. Tout est déconstruit, mais puissant. Par ailleurs, le collectif invitera à plusieurs reprises le public à se rapprocher et à participer aux pogos : « N’ayez pas peur, on n’est pas là pour vous faire mal, si vous tombez, on vous relèvera ».

Un style atypique, peut-être trop en décalage par rapport au reste de l’affiche ?

Cependant, malgré cette énergie nouvelle, TRAIN FANTÔME ne fera pas l’unanimité. Beaucoup apprécieront la découverte et ce dynamisme nouvelle génération, mais certains trouveront la musique répétitive, à l’issue lassante. Le collectif punk/rap n’avait peut-être pas sa place sur une affiche orientée plutôt metal indus, ou alors aurait-il fallut mettre l’accent sur une composition plus ordonnée afin de délivrer une énergie plus canalisée et mieux dosée.

Quoiqu’on en pense, TRAIN FANTÔME en vaut clairement le détour. C’est avant tout un genre nouveau à découvrir, mais surtout une expérience à vivre sur scène. Si vous avez eu une grosse journée de travail et que votre patron vous a cassé les rouleaux, ou si vous vous identifiez à l’idéologie punk et ressentez le besoin de vous entourer de personnes partageant cette vision, vous apprécierez certainement le shoot d’adrénaline offert par ce collectif. Et si en plus vous aimez le rap français, pas de doute que vous toucherez le jackpot avec TRAIN FANTÔME. Il ne vous reste plus qu’à sauter dans le train !

Ten56. : un show réussi malgré un véritable bad karma

À peine revenus de la conquête des Indes, nos chers colons parisiens reviennent pour une première date inaugurant leur retour en terres natales, sans leur crew habituel, Martin Gronnier (ingé son) étant en tournée avec The Dali Thundering Concept en tant que batteur et Erwan (ingé lumières) s’occupant de Novelists. Bien que le groupe soit renommé pour ses jeux de lumière incroyables sur scène qui ravissent aussi bien le public que les photographes, TEN56. ne tarira pas d’éloges et preuve en est du public présent ce soir-là pour les voir (et les revoir) malgré le temps pluvieux à Savigny-le-Temple, certains n’hésitant pas à venir plus tôt pour être sûrs de ne rien rater de cette soirée.

TEN56. est un groupe qu’on ne présente plus, né à l’aube de la pandémie, au printemps 2020. Sorti de l’esprit et des tripes d’Aaron Matts (ex-Betraying The Martyrs), Quentin Godet (Kadinja), Arnaud Verrier (Uneven Structures) et Luka Garotin (Earth Trip), puis rejoints par Steeve Hostin (BTM), TEN56. est la voix et l’expression d’émotions brutes, puisées dans les recoins les plus sombres de la nature humaine. En pleine ascension sur la scène française et internationale, le quintet parisien, incarné par la puissante voix d’Aaron, est célèbre pour ses compositions techniques et originales à la frontière du metal industriel et du djent, ainsi que pour son énergie scénique et son spectacle de lumières à couper le souffle.

Les deux guitaristes se blessent

Ce cocktail explosif a cependant failli connaître une tragédie ce soir du 9 décembre 2023. En effet, juste avant le début du show, l’un des guitaristes, Luka, se déboîte l’épaule dans les loges. Le concert devra donc se faire sans lui, avec un seul guitariste, Quentin, qui lui aussi se blesse à la main gauche une heure avant le show, mais qui est obligé d’assurer pour ne pas avoir à annuler le concert au dernier moment.

On peut donc saluer le professionnalisme et la solidarité du groupe, qui assura un show parfait malgré les incidents rencontrés, l’absence de Luka se faisant à peine ressentir tant l’énergie dégagée par le groupe n’en fut pas impactée, le concert étant à la hauteur aussi bien musicalement que scéniquement parlant de ce à quoi l’on pouvait initialement s’attendre. Bien sûr, tout le public et ses camarades ont eu une pensée pour l’infortuné et n’ont pas hésité à lui rendre hommage à plusieurs reprises, Aaron demandant un « wall of death for Luka », ou encore « make some noise for Luka » jusqu’à ce que le public entreprenne, de lui-même et à l’unisson, d’applaudir et de crier « Luka, Luka, Luka… ». Un bel hommage qui souligne encore une fois la solidarité qui unie la communauté metal.

Un bilan positif malgré les imprévus de la soirée

Ainsi, TEN56. relève le défi haut la main et se montre à la hauteur des prestations auxquelles ils nous ont habitués depuis quelques années malgré les obstacles rencontrés, avec un show maîtrisé au millimètre près. L’énergie qui s’en dégageait était puissante et on apprécie l’initiative du groupe d’avoir organisé un « wall of death only for women », de quoi encourager celles qui n’oseraient pas ou auraient peur de se blesser à se lancer et à se prêter au jeu. Encore une fois, le metal est comme une grande famille où tout le monde a sa place et personne n’est laissé de côté.

Pour conclure, cette affiche illustrée par différents groupes d’univers, styles et horizons différents s’avère assez complémentaire : un vrai cocktail de technicité musicale, d’originalité et d’énergie sur-vitaminée s’est invité à L’Empreinte ce samedi soir. Qu’on soit venu pour tel groupe ou l’autre, cette soirée a été l’occasion de s’affranchir de ses propres barrières mentales et d’aller explorer et découvrir d’autres genres musicaux, qu’on avait l’habitude ou pas d’écouter. Quoiqu’il advienne, on en ressort enrichi (et peut-être pas forcément indemne), mais comme on dit, c’est le chemin parcouru qui importe, pas la destination.