Beast In Black, Myrath

Beast In Black, Myrath

4 décembre 2019 0 Par Erwan Meunier

Chaleur subsaharienne et froid lapon à l’Elysée Montmartre

Elysée Montmartre. Cette salle mythique et hautement cossue du milieu parisien. On se bat déjà au stand de merch pour enfin avoir en notre possession LE t-shirt qu’il nous manque.

Myrath chauffait les planches quelques année auparavant pour des actes tels que Symphony X, ce soir, il est enfin en tête d’affiche aux côté des légendes du Heavy moderne Beast In Black, il n’est que normal qu’il ait son quart d’heure, ou plutôt, son heure et demie de gloire. C’est avec ferveur que le groupe franco-tunisien vient défendre son cinquième album, sorti en mai dernier, cette fois-ci dans sa quasi-intégralité. Et quel album !

Là où, sur les chapitres précédents, gammes orientales et paroles en arabe étaient finalement assez minoritaires, peut-être par souci d’exportation ou de compréhension du public, elles sont maintenant beaucoup plus assumées et prennent une place plus importante, comme le montre l’introduction de l’album et du set, Asl, appuyée par une chorégraphie signée non pas Kahina, mais Eléonore Inverno. A peine le temps de s’imprégner de la voix grave et des basses résonnant dans l’immensité de la salle, on part sur cinq titres tirés de Shehili. Une très bonne entrée en matière pour les deux-trois personnes au fond qui découvrent la formation ce soir.

On attrape le sablier-portoloin, et on plonge dans l’univers de Game of Thrones avec The Unburnt, puis au cœur d’une tempête de sable brûlante avec Tales of The Sands, un des titres phares de l’album éponyme. Bien que ce ne soit pas une composition originale mais une reprise de Younes Migri, je décerne une mention spéciale à Lili Twil, qui fera l’unanimité dans l’audience, buvant les lignes de chant de Zaher et Elyes outre la barrière de la langue. La charge d’émotion est maintenant à son comble, et n’est pas prête de redescendre. Nous arrivons sur la fin du set, quoi de mieux que conclure avec les hits de Legacy (2016), Nobody’s Lives, l’iconique Believer, Endure The Silence

Myrath clôturera en beauté avec No Holding Back, dans une harmonie parfaite entre guitare, clavier, violons, et voix. Zaher nous quittera sur quelques mots : « Nous sommes ici chez nous. » Car même par ces temps politiquement un peu tendus, ils seront toujours les bienvenus, et ils le savent.

Les spots fushia et turquoise sont remplacés par un rouge vif un bleu électrique, le contraste est radical. Les finlandais de Beast In Black n’ont que deux ans d’existence et deux chapitres à leur actif, mais après un passage en mars dernier à la Maroquinerie, ils reviennent nous mettre une claque monumentale –et le revers qui va avec- à l’aide de nombreux titres, tous plus « hit material » les uns que les autres, comme Cry Out For A Hero, qui ouvrait également leur précédent passage.

La salle est encore un peu vide, moi qui aurais pensé que les bêtes en noir auraient ramené le plus de monde… Cela dit, si vous étiez présents en mars, vous n’avez rien loupé (à part Myrath). Malgré leur succès, les parties clavier un peu kitch (mais on aime) à la Sabaton restent samplées, le tout sur une setlist sensiblement identique, à une exception près. C’est vraiment le seul défaut que leur trouverais. Par ailleurs, le frontman Yanis Papadopoulos donne 100% de sa stamina, les gouttes de sueur se forment vite autant sur scène que dans la fosse, ça headbang, ça chante à tue-tête… Une énergie qui ne fera que croitre jusqu’au célèbre Born Again, au rythme martial mais plus lent. Un vrai rollercoaster d’intensité entre l’immanquable balade Ghost In The Rain, où Yanis démontrera une fois encore ses capacités, alternant voix de tête quasi-féminine et chant heavy, au plus intense et entraînant comme No Surrender ou From Hell With Love.

Le groupe nous offrira un rappel digne de ce nom avec deux titres de Berserker (2017), Blind And Frozen et l’épique End Of The World, histoire de nous en mettre solennellement plein les oreilles une dernière fois avant de reprendre la route direction l’Allemagne. Quelques fans s’attardent à la signing session de Myrath, la plupart quitte la salle pour retrouver le froid des rues. Si le prochain passage de Beast In Black semble lointain, nous pourrons accueillir Myrath en mars 2020 à Vauréal.