[LIVE REPORT] Gunther Tarp + Le Bal des Enragés

[LIVE REPORT] Gunther Tarp + Le Bal des Enragés

5 décembre 2019 0 Par Jack

Le Moulins de Brainans – 29/09/2019

Samedi 28 septembre 2019. Caché au fin fond d’un petit village jurassien, Le moulin de Brainans est un lieu atypique. Reconverti en lieu associatif en 1979 ( Il servait autrefois à moudre du blé, mais son activité à cessé au début du siècle. ), grâce à l’association Promodégel, il est devenu un piller culturel du coin. Aujourd’hui, il accueille un groupe local, ainsi qu’un poids lourd de la scène musicale. Retour inédit sur cette soirée.

Gunther Tarp :

Gunther Tarp voit le jour en l’an de grâce 2011 dans le Jura français. Composé de Gunther Djé au chant et à la guitare, Gunther Nico à la basse, Gunther JB à la batterie et Gunther Dav à la deuxième guitare, ils s’affranchissent des étiquettes musicales en suivant simplement l’inspiration.
Même si l’influence punk-rock avec un soupçon de stoner et de grunge s’en ressent. Après un premier EP sorti en 2014, ils enregistrent « There are days … » en 2016. Ils chantent principalement en anglais.

Jack Gabriel

Pas le temps de niaiser, on ouvre les festivités avec Sorry my friend, un morceau bien nerveux avec le grain auditif si caractéristique du punk. Si le groupe dégage une patate palpable, quelques problèmes de son vont néanmoins se faire rapidement sentir. La voix souffre d’un retour trop faible, ce qui provoque un déséquilibre dans la puissance et une impression que la partie instrumentale est beaucoup trop forte. Le groupe n’y est pour rien, mais cela gâche un peu la prestation qui en a pourtant dans les tripes.

Le batteur est celui qui se démarque le plus. Puissant et dynamique, il accapare presque toute l’attention. Mais, c’est sans compter sur le bassiste doté d’un jeu efficace et dégageant une énergie qu’il est difficile de ne pas remarquer. Le deuxième guitariste se fait nettement plus discret sur scène, presque timide, alors qu’il joue parfaitement son rôle de lead et que l’équilibre entre sa guitare et celle du chanteur est cohérente. Il n’y a pas cette impression de compétition que l’on peut ressentir dans un groupe comportant deux guitaristes, mais plutôt une bonne symbiose ce qui crée un ensemble fluide et bien maîtrisé à l’écoute. Quant à la voix, on distingue ce petit accent français dans le chant, avec un timbre clair, tirant sur le grave, teintant le tout d’un esprit vieux rock très sympathique. Mais, toujours ce problème de son qui semble tantôt s’améliorer, tantôt régresser et qui empêche de profiter pleinement du chant.

Quelques morceaux instrumentaux viendront aussi assaisonner le tout, ce qui camouflera les problèmes de voix. Astucieux. Pour une première partie cela ne dérange pas outre mesure.

Nous aurons aussi droit à une reprise des Ramones, Blitzkrieg Bop, faisant monter la température, déjà bien haute dans la salle. Le public est dans l’instant présent et attentif à ce qui se passe. Quelques-uns se mettent même à danser. Une ambiance agréable qui suffit à nous mettre en haleine pour la suite.

Gunther Tarp est un potentiel énorme pour le milieu et constitué de musiciens passionnés. Outre les problèmes de son qui sont davantage du ressort de la salle. Nous les encourageons vivement à continuer sur leur lancée. Du bon rock jurassien qui tâche comme il faut, et qui mériterait de se faire connaître hors de la région.

Quatrième concert du Bal des Enragés cette année. Il faut dire que l’aspect éphémère de la formation pousse à en profiter un maximum. Car c’est aussi l’occasion de voir d’un coup plusieurs artistes qu’on n’aurait pas forcément le temps ( ou les moyens ) de voir séparément. C’est d’autant plus vrai que le groupe Tagada Jones a récemment annoncé sur son compte Facebook qu’ils allaient faire une pause de 1 an afin de préparer un nouvel album. Une chose est sûre, les dernières dates risquent d’afficher complet au compteur.

Mais voilà que les lumières baissent. La salle est plongée dans l’obscurité à l’exception de la scène. La musique démarre et c’est reparti pour un tour. On ne se lasse décidément pas de cette intro très séduisante avec la danse de Klodia et de ses éventails. Il faut dire que le Bal met toujours le paquet à chacune de leur reformation pour nous en mettre plein la vue. Et le concert démarre, toujours au son de Salut à toi de Bérurier Noir, faisant office d’entrée en scène pour chacun des artistes présent.

Si le premier groupe pouvait se satisfaire de la taille de la scène qui est plutôt petite, avec le gabarit du Bal il va falloir s’adapter. Mais en réalité ce n’est pas ce qui va poser le plus problème. Car les problèmes de son semblent persister ce qui provoque le même souci que pour Gunther Tarp. Certaines voix sont parfois difficilement audibles, quand d’autres le sont parfaitement. Et d’autant plus qu’il y’ a beaucoup de musiciens sur la scène. Cela n’entrave pas le concert, pas plus que ça ne semble poser problème au public. Tant mieux.

Notons aussi que la setlist à légèrement changé depuis la dernière fois, Antisocial de Trust et La Révolution des Frères Misère ont été supprimé mais n’ont pas été remplacé.

Côté foule l’ambiance est complètement folle, et la petite taille du lieu n’empêchent ni les walls of death, ni les pogos guerriers. Poun, Job, Waner et Poppy se mélangent d’ailleurs régulièrement à la foule en descendant de la scène, dans un climat très intimiste pour le plus grand bonheur des gens présent. La magie fonctionne toujours aussi bien. Néanmoins on ne peut s’empêcher d’être agacé par quelques beaufs jugeant bon de siffler la seule femme du groupe lors de la reprise de Hurt de Johnny Cash. Alors que Klodia apporte à la fois cette touche d’élégance ( lors de l’intro ), mais aussi une bonne dose de badass au féminin lorsqu’elle apparaît avec sa meuleuse ou en torche humaine.

Si certaines personnes ne verront probablement pas l’intérêt d’un groupe de reprise, celle-ci reste néanmoins une manière de transmettre et de conserver la mémoire des morceaux ou des groupes et leur donner une nouvelle jeunesse. Le Bal des Enragés reprend plusieurs titres venant de formations dont les membres d’origine sont morts ou ne jouent plus depuis longtemps. Devant un Territorial Pissing de Nirvana, Blitzkrieg Bop de Ramones ou Bullet de Rage Against the Machine, on ne s’attend évidemment pas à avoir un copier-coller stricto sensu, car aucun groupe n’est imitable à 100% . Mais c’est aussi une manière pour les artistes de rendre hommage à des personnes qui les ont eux-même inspiré. Et une occasion pour le public de pouvoir s’éclater en live sur des groupes qu’ils ne verront plus jamais. La musique est un art de la transmission, et c’est ce que permet le Bal en faisant ce qu’ils font aujourd’hui.

Arrivant sur la fin du concert, il y’ a toujours quelques minutes d’hommage réservé aux défunts Sven, Roland et Schultz de Parabellum, le public reprenant en cœur le refrain de Cayenne avec une émotion toujours palpable.

Vive le feu marque la fin de ses 2 h 30 de musique qui passent à une vitesse alarmante. Tout le monde se presse gentiment à la sortie jusqu’à la prochaine fois. L’éternel recommencement de chaque concert. C’est le jeu.

C’est toujours un quasi-sans-faute, géré d’une main de maître. On ne s’en lasse pas et on espère être toujours agréablement surpris par le choix des titres, ainsi que la prestation scénique. Le Bal des Enragés reste un groupe convivial et avec une belle énergie qu’on prend plaisir à aller voir, pour peu qu’on adhère aux principes des reprises. Profitez-en sans modération avant d’attendre à nouveau 3 ans.

Bilan : On repart courbaturé et les bras couverts de bleus, mais dans la joie et la bonne humeur. Mais il est difficile de passer à côté des problèmes de son qui étaient un vrai point noir au tableau. Outre cela, il faut dire que le lieu est chaleureux et que les bénévoles s’investissent énormément pour faire vivre ce petit coin de Jura. Réhabiliter un ancien moulin pour en faire un lieu culturel était une très belle idée. Nous ne pouvons que les féliciter et les encourager pour la suite.

Le Bal des Enragés :

Crée en 2009, Le Bal des enragés est un groupe formé de poids lourd de la scène punk française. Composé cette année des membres de Tagada Jones ( tout le groupe ), Black Bomb A ( Poun ), Parabellum ( Xavier Mesa et Stéphane Zena ), Lofofora (Phillus et Vincent Hernault ), Punish Yourself ( Vincent et Klodia ), Loudblast/Sinsaenum ( Stéphane Burriez ) et No One Is Innocent ( Kemar, Shanka et Poppy ).
A noter que Reuno et Doudou de Lofofora qui étaient présents depuis le début ont cédé cette fois-ci leur place à ces derniers.

Jack Gabriel

Le Bal à la particularité de se reformer tous les 3 ans et n’ont donc que 4 tournées à leur compteur en jouant des reprises de chansons culte de la scène punk/rock/metal … Pour fêter leurs 10 bougies sur scène, 10 dates ont été prévus cette année avec déjà quelques concerts à guichets fermé. Véritable cabaret trash, il est difficile de rester insensible à la quantité d’énergie dégagée sur scène.

Étant avant tout un groupe de live, ils ne possèdent aucun album studio mais, uniquement des albums enregistré en direct.

– – – –

NB : Bertrand Dessoliers à la basse ( No One Is Innocent ) remplace sur cette date Xavier Mesa ( Batteur de Parabellum ) et Laurent Lefourb monte sur scène au chant sur la reprise de Sham 69 «  If the kids are united » .