Unprocessed : Artificial Void

Unprocessed : Artificial Void

12 septembre 2019 0 Par Erwan Meunier

Seulement un an après Covenant, album qui avait placé la barre haut comparé à Perception et In Concretion, la jeune mais productive formation allemande de Unprocessed nous reviennent avec un quatrième opus avec à la carte du djent, du progressif… En bref, une excellente synthèse de la scène musicale actuelle. But does it djent?… Oui, sans aucun doute. Est-ce “progressif” pour autant ? On va voir ça.

Quelques glitches en guise d’introduction, suivis rapidement par des riffs techniques et une batterie énervée… Qui se calme aussitôt, comme une crise de Tourette. Un dialogue assez prévisible entre voix claire et saturée, du sweeping et des sonorités électroniques à la Born Of Osiris, Prototype nous propose une entrée en matière somme toute assez classique, mais accrocheuse.

C’est sur Artificial Void et Abandoned, sorti prématurément sous forme de single, que le groupe nous dévoilent des influences plus évidentes : Plini et Animals As Leaders à la guitare, mi-grattée mi-slappée, Monuments et Tesseract au chant. Je rajouterais même Polyphia, ainsi qu’un soupçon de Textures et de Northlane, en particulier l’album Mesmer. Manuel Gardner Fernandes montrera son aisance dans tous les types de chants, notamment sur House Of Waters, et l’utilisation des samples ne sera pas sans rappeler l’excellent Vector du groupe Haken.

On observe des variations d’intensité entre les morceaux, comme Antler’s Decay dans un registre beaucoup plus lourd et groovy à la ERRA, suivi de Down The Spine et Another Sky, beaucoup plus calmes et progressifs. Il y a une certaine dynamique, et les musiciens démontrent un vrai niveau technique, c’est indéniable. C’est dommage qu’ils n’exploitent pas la composition de la même façon.

L’album n’est certes pas artificiel, mais il reste un peu vide de nouveauté, de fraicheur. Homogène et bien construit, il réussit à se démarquer des trois opus précédents sans trop tomber dans la répétition, sans aucun doute, Unprocessed aura su assimiler ses diverses influences, aussi bien agressives que mélodiques. Un bémol subsiste, pourtant ; pour un album qui si veut progressif, il n’y a pas beaucoup de progrès. Déjà, visuellement : entre le choix des formes et des couleurs utilisées, l’artwork ressemble énormément à Noir de Novelists, sorti deux ans plus tôt. Ensuite, musicalement : c’est très agréable à écouter, c’est accessible, mais l’album est lisse, assez prévisible, et trop peu personnel. Il fallait s’y attendre, cela dit, le genre s’est développé et démocratisé depuis plusieurs années déjà, et s’écarter, même drastiquement, des codifications classiques de la musique, que ce soit la structure ou la métrique, n’est plus si surprenant, voire plus du tout. Se démarquer devient plus dur. Cependant, les membres d’Unprocessed sont encore jeunes, autant les membres que le groupe lui même.
Laissons leur le temps d’affirmer leur identité, leur patte, nous verrons bien ce que le groupe a en réserve pour le cinquième album.