L’épopée du « peuple caché ».

Skáld chronique de Huldufólk

Le Huldufólk, terme islandais signifiant littéralement en français « peuple caché », est composé des créatures des légendes et croyances du folklore islandais. Influencé par la culture scandinave et la mythologie nordique, on comprend mieux pourquoi Skáld, collectif de pagan-folk français formé en 2018, décide de nommer son 3^ème album ainsi. Cet album, produit par Decca Records et Universal, est sorti le 20 janvier 2023 et est composé de 12 titres, d’une durée totale de 43 minutes et 29 secondes. À travers cet album, Skáld nous prend par la main et nous guide dans une aventure épique.

La guerre : entre force et brutalité.

On rentre directement dans le vif du sujet avec « Troll Kalla Mik », qui ouvre l’album avec de lourdes et menaçantes percussions, une voix masculine sourde contrastée par des chants féminins légers arrivant en milieu de track. Dans le même registre, on enchaîne avec « Ljósálfur », caractérisé par une mélodie dansante contrastée par un rythme cassant propre au genre, avec une certaine profondeur dans les percussions. Plus loin dans l’album (7^ème track), on retrouve « Elverhøy » qui se caractérise par un début calme, cassé par le rythme dès les premières secondes, avec des chants à prédominance masculine, faisant penser à des chants guerriers illustrant des scènes de combat ou de navigation.

L’aventure : quand le rythme accompagne la mélodie.

On y retrouve également des titres plus calmes, tels que « Mánin Líòur » (3^ème track) et « Då Månen Sken » (6^ème track), qui sont à prédominance mélodique, mais qui conservent tout de même un rythme assez soutenu. Telle une épopée, on marche et on part à l’aventure. L’ambiance est plus calme, mais il faut garder le rythme.

Les festivités : un rythme velouté caressant le mélange des sonorités.

Cet album, comme toute aventure, est composé de moments de légèreté traduits par des percussions plus douces et dansantes, accompagnées d’un mélange de voix masculin/féminin et rythmique/mélodique. On retrouve cette dualité dans « Riòum, Riòum » (4^ème track) et « Raòur Loginn Brann » (9^ème track), dont la mélodie enjouée traduit banquets et festivités.

Le rituel : quand la voix prend le pas sur la musique.

Enfin, cet album nous transporte avec des sonorités puissantes et transcendantes qui prennent aux tripes, le tout dans une ambiance sacralisée et quasi-religieuse. En effet, « Hinn Mikli Dreki » (5^ème track) et « Herr Mannelig » (8^ème track) sont des titres calmes et envoûtants, dans lesquels la musique est reléguée en arrière-plan pour laisser place à une voix de tête féminine (voire carrément une partie « a capela » dans « Hinn Mikli Dreki ») d’une intensité et d’une solennité indescriptibles.

Les covers :

« Trollslaget » (10^ème track) sert de transition entre l’album et les covers : d’une durée de 1 minute et 10 secondes, ce titre s’ouvre avec une mélodie accompagnée de quelques percussions puis d’une voix féminine qui entre en scène, avant que les percussions ne prennent le dessus avec un rythme plus frénétique et que les voix féminines ne laissent place aux voix masculines en arrière-plan. Il s’ensuit deux covers : « Du Hast » de Rammstein et « A Forest » de The Cure, qui sont les bonus de l’album et permettent de le clôturer sur une note légère.

Comme sa pochette le laisse entrevoir, « Huldufólk » est une invitation à l’aventure sonore dans les contrées nordiques, peuplées de créatures mystiques. On y retrouve différentes sonorités qui nous transmettent toute une palette d’émotions, allant des notes graves et des percussions lourdes aux mélodies fluettes et aux rythmes dansants. Cet album est une porte ouverte vers le voyage et le fantastique, mais aussi une opportunité de se découvrir soi-même à travers l’utilisation d’instruments anciens mêlés aux techniques de chant des scaldes en vieux norrois (langue germanique ancienne dont une forme est le vieil islandais), dont la force est de traduire des ambiances et transmettre des émotions qui lui sont si propres et particulières.