Cernunnos Pagan Fest 2020 (2ème partie)
2 juillet 2020La journée de dimanche s’annonce assez chargée avec un groupe que j’attendais tout particulièrement, nous y viendrons un peu plus tard. Eh oui, il faut bien teaser un peu !
On commence avec du black metal made in France (Nancy), c’est Frekkr qui a ouvert les hostilités pour cette deuxième journée. Ici, le folklore (largement inspiré de la culture viking) prend l’aspect d’un champ de bataille ; l’ambiance se veut froide, lourde et solennelle. Le chanteur alterne entre growl et voix claire où il conte en français des récits assez sombres… En même temps parler d’abeilles et de champs fleuris dénoterait un peu. Si vous en avez la curiosité, je vous invite à écouter leur album Désolations catalauniques ; ça vaut le détour.
FREKKR
Le groupe suivant vient de l’autre côté de l’hexagone, à savoir Nantes. Sur sa description, Infinityum indique « pour les fans d’Equilibrium et d’Ensiferum ». Et bien on comprend tout de suite pourquoi. Des riffs rapides, un chant guttural avec des passages en chants clairs cependant, le tout dans une ambiance épique renforcée par le côté symphonique. Le cocktail parfait pour plonger dans une épopée d’heroic fantasy ! Et puis il faut le souligner, l’énergie transmise au public n’a pas tardé à se faire ressentir. Faire partie des premiers groupes n’est pas toujours facile, et réussir à y créer une synergie débouchant sur un wall of death, ça l’est parfois encore moins !
INFINITYUM
En passant prendre un verre d’hypocras (d’ailleurs, il faudra vraiment m’expliquer pourquoi leur hypocras blanc est rouge…) histoire de se rafraîchir les cordes vocales bien sollicitées, on enchaîne avec Veliocasses que j’avais eu l’occasion de découvrir durant la Winter session de l’Amarok festival. J’avais déjà beaucoup apprécié à ce moment ; visiblement mon avis est plutôt constant. Bon, être aussi nombreux sur une petite scène ce n’est pas facile mais ils réussissent à repousser les murs de la salle pour nous faire voyager avec eux. On retrouve des influences Death et Black comme pour le groupe précédent, avec une dimension beaucoup plus folk attribuée aux instruments à cordes. Seul bémol, comme pour le premier groupe, le son de la petite scène est très approximatif, d’autant plus lorsqu’il y a beaucoup d’instruments ; ça ne nous permet pas d’apprécier leur musique à sa juste valeur…
VELIOCASSES
Chers lecteurs, il est temps pour nous d’explorer d’autres horizons… Jusqu’à présent, les hommages rendus au dieu Cernunnos ont été rendu sur les champs de bataille, dans les forêts et autres contrées lointaines… Mais il reste un lieu où son culte ne s’est pas encore étendu ; la mer. Alors à vos radeaux de fortune, partons explorer les profondeurs sous-marines.
Montons à bord du Toter Fisch pour l’occasion où l’équipage nous accueille avec du Pirate metal à faire basculer un vaisseau ! J’avais pu découvrir ce groupe originaire de Tour (je vous l’accorde, il y a quand même plus côtier comme ville) lors de l’édition 2017 du Motocultor. J’ai pu constater avec joie que le groupe avait vraiment pris en assurance, nous offrant un concert digne des meilleures fêtes portuaires de retour de mers. On retrouve ici un savant mélange entre Death, Black et un Folk très festif (grâce à l’accordéon qui fait toute la différence). Qui a dit qu’il n’y avait pas de musique dans les profondeurs abyssales ? Vous l’aurez sans doute compris, Toter Fisch est un de mes coups de cœur de cette édition !
TOTER FISCH
Après ce périple sur les 7 mers, bon nombre d’entre nous ont dû affronter une épreuve d’un tout autre genre… Se sustenter. Le choix est difficile ; fèves au lard, ambroisine de poulet, ou pâté d’agneau ? Si le choix est cornélien, cela se comprend ; les produits sont de bonne qualité et peu communs en festival (donc on a envie de tout goûter). Les prix restent raisonnables et des options végétariennes sont proposées (pas énormément il est vrai mais on évite ainsi les éternelles frites). Juste un truc qui me chafouine (oui je suis chafouinée !)… où sont passés les Brods ? Pour ceux qui ont raté les deux dernières éditions, une sorte de Subway à la mode viking enchaînait les ruptures de stock tant le succès était grand. J’espère les y voir l’an prochain ! *C’était l’interlude culinaire*
YMYRGAR
SOJOURNER
Le ventre bien rempli, je me décide à assister à des comptes pour adultes (non, pas ce genre-là) au caravansérail. Quentin Foureau, que j’avais découvert quelques mois auparavant à la Scène Michelet (Nantes), nous avait soigneusement préparé des « mythes et légendes des racines et des origines ». Comme la dernière fois, le public présent semble conquis. Pendus à ses lèvres, les auditeurs se laissent porter dans ses histoires merveilleuses, parfois inquiétantes, assis en tailleur comme des enfants. Si vous avez l’occasion de passer sur Nantes, je vous recommande également ces conférences très intéressantes (j’ai pu assister à celle sur les rites funéraires à travers le monde, une mine d’informations !). Ou, si vous avez un peu de chance, Cataèdes (composé du musicien Dorminn et lui-même), volera votre âme d’enfant le temps d’une soirée…
Je m’éclipse un peu avant la fin histoire de pouvoir me faufiler parmi la foule pour le prochain concert ; Bloody Tyrant. C’est le groupe que j’attendais le plus, mes petits favoris je plaide coupable. J’avais découvert ce groupe taiwanais dans leur capitale, Taipei, 3 ans auparavant dans une salle minuscule, où ils jouaient en compagnie d’Equilibrium et de Suidakra. La scène metal taïwanaise est malheureusement de plus en plus petite, mais Bloody Tyrant peut la rendre fière. Ce groupe de Melodic Black metal utilise judicieusement des sonorités asiatiques (chinoises et taiwanaises) qui se marient parfaitement bien avec le reste. Le festival ouvre ainsi l’horizon du pagan folk jusqu’en Asie, pour le grand plaisir d’un public conquis. Beaucoup ne connaissaient pas le groupe avant, mais nombre d’entre eux en ressortent ravis. La tournée du groupe se finit donc sur une belle note, avec on l’espère, plus de visibilité pour la scène metal asiatique !
BLOODY TYRANT
Si les adorateurs de Cernunnos vont apparemment jusqu’à Formosa, il serait dommage d’éluder nos voisins germaniques. Pour la deuxième fois, Finsterforst vient célébrer le dieu cornu avec un black pagan à la Fintroll, à la différence près qu’ils semblent tout droit sortis d’un club de bûcherons (pas sûre que ça plaise à Cernunnos…) et que leurs morceaux sont en allemand évidemment. On admire la puissance mélodique, qui donne envie de danser comme un troll des cavernes (chacun ses hobbies) en se laissant parfois porter par des mélodies plus sombres.
FINSTERFORST
KALEVALA
Le dernier groupe dont je vous parlerai est Turisas. Je pense qu’il n’est pas vraiment nécessaire de vous les présenter. Habitués des festivals, vous les avez sûrement déjà croisé ! Bon, on était assez étonnés d’avoir une autorisation de photographier pendant les 30 premières secondes du concert seulement donc il faudra faire travailler votre imagination ! Tout y était : les morceaux épiques que nous connaissons tous (ai-je vraiment besoin de vous les énumérer ?), les reprises qui font danser toute la salle, une énergie qui se répand jusqu’à l’autre bout de l’île de France… Comment mieux finir le festival ? Après avoir dépensé les dernières réserves d’énergies et évacuer les boissons par la sueur (moment glamour me voici), les adorateurs de Cernunnos quittent le festival sous une pluie rafraîchissante, l’air de Stand up and fight encore en tête.