RÃGARÃJA – “EGOSPHÈRE”

RÃGARÃJA – “EGOSPHÈRE”

1 juillet 2020 0 Par Céline Leclere

L’album “Egosphère”, sorti fin 2019, est un album 11 titres (dont une bonus track) qui navigue principalement sur le thème de la liberté, que ce soit la liberté vis-à-vis de son propre corps (“Sarcophage”), la conditon sociale depuis l’enfance (“Fractale” et “Singe Suprême”), l’enfer du numérique (“Egosphère”), les angoisses du monde du travail (“Chrysalide”), le désir d’évasion à travers l’errance (“Vagabond”), mais aussi grâce aux substances (“Naufrage”), les désirs incontrôlables (“Pornocratie”), et cette prison éternelle qu’est le mensonge (“Martyr”).
“Egosphère”, c’est un album qui dénonce, dans une ambiance musicale à la fois forte et mystique: le style de chant crié fait penser à celui d’Enhancer, et la grande partie des chansons partagent la même cohérence musicale. En effet, on retrouve une base de composition solide, avec des riffs lourds et brutaux, contrebalancés par des notes claires et aérées à la guitare qui dessinent la trame harmonique sur laquelle se base le rythme.
Cependant, certains morceaux se distinguent des autres par des traits particuliers originaux, audacieux et innovants: c’est le cas pour “Sarcophage”, qui se distingue par un break au milieu de la track avec un passage rap (chant + instru) et une ambiance orientale. On remarque également l’utilisation de sub bass drop dans quelques titres, comme “Fractale” ou “Chrysalide”, qui sont un mélange de djent classique et d’électro avec un rythme simple, tout comme la présence de choeurs qui ajoutent une touche de mysticisme à ce djent et donnent de l’ampleur à l’album et aux messages qu’il souhaite faire passer (“Egosphère” et “Vagabond”). Cette dernière track comporte des riffs plus légers et des mélodies plus claires qui nous transportent, tout comme “Naufrage”, dont l’intro fait penser au titre “Icon” de Kadinja avec de beaux accords apaisés, puis ses harmonies s’assombrissent et le morceau se termine par un fade-out, laissant ainsi une porte ouverte sur la suite de l’album…
La track qui se démarque le plus, selon moi, n’est autre que la bonus track de l’album: “Singe Suprême”. C’est le titre le plus électro et le plus djent de l’album, avec des riffs plus enjoués: c’est une synthèse entre le rap, le metal, l’électro, le metalcore et le djent.

“Egosphère” est donc un album engagé, qui est à la fois lourd à l’instar du message qu’il porte, mais qui est aussi saupoudré de légèreté, de technicité et d’originalité: c’est un album audacieux, tant par ses paroles que dans sa composition. C’est frais, nouveau et même si l’on fait abstraction du message qu’il porte, on le déguste sans fin tellement c’est un délice pure pour les oreilles de mélomanes.

RÃGARÃJA, c’est de la colère froide sur disque et au format MP3.
Un style hybride, issu d’une relation incestueuse entre une poésie brutale et un metal moderne en français, dense, acéré et nuancé de mélodies aériennes.
En somme, un Baudelaire des temps modernes en transe, plongé dans une fosse déchaînée.

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