[INTERVIEW] Céline rencontre Jay Scott.

[INTERVIEW] Céline rencontre Jay Scott.

3 décembre 2019 0 Par Céline Leclere

LIONHEART DRUMMER

Bay Area, les rois du hardcore de Californie ont fait irruption sur la scène en 2007 avec leur premier album : “The Will To Survive”. Prenant l’influence de groupes comme BLOOD FOR BLOOD, HATEBREED, et MADBALL, LIONHEART est sorti en balançant un assaut complet de hardcore métallique. Ils ont rapidement suivi en 2010 avec “Built On Struggle”, en 2012 avec “Undisputed”, et des années de tournées non-stop.
Après une courte pause suite à la sortie de “Undisputed”, le groupe est revenu plus fort que jamais en 2014 avec “Welcome To The Westcoast”. L’album a fait ses débuts en tant que #1 sur iTunes Metal et Googleplay metal charts. Lionheart a de nouveau pris d’assaut la scène en Janvier 2016 avec “Love Don’t Live Here”. Le titre de l’album, un clin d’œil à une chanson classique R&B / Motown du même nom, montre que le groupe est peu disposé à se conformer au moule hardcore typique, ainsi que le contenu lyrique amer et impitoyable pour lequel le groupe est connu.
Novembre 2017 a vu Lionheart sortir “Welcome To The Westcoast II”, une suite à “Welcome To The Westcoast” (2014): l’album a donné naissance à une nouvelle ère en Hardcore Californien, et les a vus à nouveau faire leurs débuts en tant que #1 dans les charts iTunes Metal et Google Play metal.
Maintenant, après deux ans de tournées incessantes à travers le monde, Lionheart revient avec leur album le plus punitif à ce jour : « Valley Of Death ». Soutenu par une combinaison de hardcore métallique boursouflé de la côte Ouest, le front-man Rob Watson offre une fenêtre sur une vie de tourment et de violence, avec une volonté implacable à surmonter.

Nous sommes ici pour parler de votre nouvel album « Valley of Death », qui sort le 15 novembre 2019. Il y a dix chansons sur cet album. Un EP appelé « Born Feet First » est sorti le 1er Novembre 2019 avec quatre chansons dessus : « Born Feet First », « Rock Bottom », « Burn » and « Valley of Death ». Des clips ont été réalisés pour chacune de ces chansons : les clips de « Valley of Death » et « Burn » sont liés et constituent un court-métrage ensemble. Pourquoi avoir fait ce choix et qu’est-ce que ça raconte ?
“En fait, je tiens à préciser que toutes les chansons ont été faites pour le nouvel album, donc on n’a pas vraiment sorti un EP : on a juste sorti pas mal de matériaux avant la sortie définitive de l’album. On s’est inspiré d’artistes + grands, qui sortent des singles, des clips vidéo et des choses dans ce genre avant la sortie de leur album. Les chansons figurent donc sur l’album « Valley of Death », qui sort dans 4 jours de manière complète.
Concernant les clips vidéo de « Valley of Death » et de « Burn », le morceau d’ouverture devait être, à l’origine, la chanson du titre. On voulait donc faire un clip vidéo pour « Burn » et ensuite, on a juste décidé de relier les deux, car ces deux morceaux se suivent sur l’album : on est donc parvenu à marier l’ambiance de chacune de ces chansons. Ce que je veux dire par-là, c’est que tout était dans un ensemble et qu’on a décidé, seulement à la fin, que le clip de ces deux chansons serait lié. Ensuite, on a commencé à bosser sur le clip et à faire en sorte que ça ait du sens, que ça marche bien, toujours en se transportant dans le désert avec ses voitures Mad Max et de gros moyens techniques. A la base, on avait aucune idée de ce qu’on allait faire. Ce sont ces gars qui sont venus à nous et qui nous ont proposé leurs services, en mode : « Hey ! On a plein de putains de bagnoles donc si vous voulez les essayer ou faire ce que vous voulez avec, on a peut-être quelques choses pour vous. »
Ainsi, l’histoire colle aux paroles, mais c’est plutôt une version hollywoodienne et embellie de ces paroles : la chanson « Valley of Death » parle de maladie mentale, de traitement contre la dépression et ce genre de trucs… Ceci est représenté par Rob (le chanteur) qui est enfermé dans un hôpital psychiatrique et qui s’évade : on en retrouve l’écho dans la chanson « Burn », qui est aussi une chanson destructrice. Elle parle de la libération de soi-même et de l’envie de tout brûler. Du coup, le concept entier est venu à nous de manière organique, puis on a juste essayé de trouver un moyen cool de le présenter au public. »

L’album suit-il un thème en particulier ?
“Absolument : personnellement, j’ai l’impression que lyriquement, la plupart de nos albums suivent un thème en particulier. Je pense que Rob essaye de chanter des choses personnelles qui lui tiennent à cœur, mais aussi des choses auxquelles les gens peuvent s’identifier : j’ai l’impression que c’est comme un thème constant dans ce groupe, depuis le tout premier jour. Depuis « The Will to Survive » (2009), les chansons traitent à peu près de la même chose : elles parlent simplement de la vie et s’attaquent aux peines de cœur, ce genre de choses… Certaines chansons de nos débuts parlent des problèmes de la vie et de trucs comme ça… Ça a certainement toujours été le thème qui nous tenait à cœur depuis le jour n°1 : on va jouer et chanter sur des choses qui nous tiennent à cœur et auxquelles les gens peuvent s’identifier, et c’est ce que font tous les bons groupes que nous écoutons. Si tu utilises ta voix et la scène au sens propre comme figuré en tant que groupe, et que tu t’en sers pour parler de qqch, il faut parler de choses qui aient du sens et auxquelles les gens puissent s’identifier, comme par exemple…

Je ne sais pas… (rires) En fait, tout dépend de la manière dont les gens interprètent la chanson : j’ai l’impression que la majorité de nos matériaux est interprétée de manière sérieuse, dans un ton sérieux et montre une histoire différente ; mais quand tu écoutes l’album, son but est certainement de te transporter dans un endroit différent.
L’atmosphère du concert est, quant à elle, complètement différente : peut-être que des gens ont déjà écouté l’album, que tu te sens d’une certaine façon à ce sujet et que tu peux amplifier le live par rapport à ça. L’album est certainement une expérience + intime : je pense que manifestement, tu peux l’écouter pendant ton temps libre, t’asseoir et penser à ce que ça te fait ressentir ; alors qu’en live, t’assistes à un spectacle, tu te sens d’une certaine manière lorsqu’on joue ta chanson préférée et tu chantes de tout ton cœur… Mais c’est aussi un concert, donc les gens se sautent dessus et font des pogos, ce genre de trucs… Sinon, oui : il y a toujours eu un thème dans ce groupe.”

Vous avez collaboré avec deux artistes sur cet album : avec Jesse Barnett, le chanteur de Stick To Your Guns pour la chanson « Rock Bottom » ; et avec Mr. Jet Black pour la chanson « Before I Wake ». Comment est-ce arrivé ?
“C’est le monde du rock, de la musique : les gens sont toujours en contact. Nous connaissons les gars de Stick To Your Guns depuis un moment déjà : ils sont dans le bain depuis toujours. Je me rappelle les avoir vu jouer à des concerts et à des festivals depuis toujours, même avant que je les connaisse personnellement.
Et pour Mr. Jet Black, on est allé chercher très loin en arrière : c’est un habitant du coin, de la baie de San Francisco. On a déjà traîné ensemble avant : on avait gardé contact pour des clips vidéo et des trucs du genre, peu importe. On se connaissait depuis longtemps, mais on n’avait jamais vraiment travaillé ensemble, donc ça a été l’opportunité parfaite, que ça soit pour « Before I Wake » ou « Rock Bottom ». Rob était en mode : « J’ai la tache parfaite pour Jet et Jesse », et ils étaient tous les deux partants. Je ne pourrais pas être plus heureux de ce que ces deux chansons sont devenus.”

Comment avez-vous travaillé sur cet album ? Vous êtes-vous isolés pour vous concentrer dessus ou avez-vous travaillé chacun depuis chez vous via Internet ?
“Certainement Internet : on vit tous dans différentes parties des Etats-Unis et notre guitariste, Walle, vit en Allemagne. Un très bon ami à nous, Evan (ancien guitariste de Lionheart), qu’on connait depuis toujours, est ce genre de gars invisible dans un groupe : il y investit beaucoup de son travail. D’autres personnes participent au processus de rédaction : ce qu’on peut en obtenir est organique ; mais on utilise aussi des technologies. On va quand même se réunir dans une pièce, mais on ne va pas louer un manoir par exemple : tout le monde est chez soi et on s’envoie les enregistrements mutuellement afin de fonder une base.
Ensuite, j’en choisis un et j’essaye de poser ma batterie dessus en + du squelette de base : bien sûr, ça sera des coups de caisse claire. J’essaye de faire ça cool et tout va de soi.
Puis, on se réunit tous ensemble dans une pièce après avoir écouté ce genre de choses basiques : c’est important.
Ensuite, on commence la préproduction, où on joue en live tous ensemble, et on est en mode : « Ok, je pense que tu peux ralentir ça, je pense que cette partie n’a rien à faire là… » Ca fait partie du processus : tu ne sais pas comment les groupes le font exactement, mais ça se résume essentiellement à une pièce où on se réunit et joue les chansons en live afin de voir ce qu’elles nous font ressentir et comment le tout fonctionne. C’est un processus qui prend du temps, qui prend beaucoup d’étapes au début, beaucoup de travail qu’on ne voit pas forcément, car ce sont juste des allers et retours incessants. Par exemple, Rob essaye de mettre ses paroles sur la musique : écrire de cette manière nécessite qu’on l’ait un peu + comprise avant lui.
Puis, on commence à la toucher et c’est à ce moment-là que la chanson commence vraiment à prendre forme : on veut que ça soit lourd, que ça résonne avec les gens de la bonne manière, que les paroles apparaissent de la bonne manière…
C’est donc certainement un processus super amusant, mais ça prend du temps. Cependant, ça n’est rien de fou : comme je l’ai dit + tôt, ce n’est pas comme si tu devais aller t’isoler quelque part dans les montagnes et te cacher du monde. Non, tu existes encore dans la vie de tous les jours, comme dans n’importe quelle autre chose dans laquelle tu mets du temps et de l’énergie : cela prendra du temps dans la journée, du temps et de l’énergie que t’investis dans la musique, l’album et le groupe. Cependant, on est toujours en train de travailler : c’est un processus continu.”

Si tu devais choisir ta chanson préférée de cet album, laquelle ce serait et pourquoi ?
“Oh, c’est une question assez facile : comme je l’ai dit + tôt, on se familiarise avec les matériaux et tout ce qui touche au processus continu et celui que j’ai remarqué le plus, c’était la chanson « Stories From The Gutter ». Nous n’avons pas encore fait de clip vidéo pour cette chanson, mais j’ai le sentiment qu’on ne va pas tarder à le faire, car il s’agit d’une histoire réelle que notre chanteur, Rob, a traversé : il vivait à Philadelphie et a eu le cœur brisé en deux. Cela dépeint une image très nette et la chanson, la musique qui va avec, est très lourde et puissante : cela peint donc une image incroyable et je pense que, musicalement et lyriquement, c’est une des chansons les plus folles qu’on n’a jamais écrite. Littéralement, je n’ai jamais écouté de chanson comme celle-ci avant : elle t’emporte vraiment dans un endroit différent et t’as l’impression d’être à la place de Rob quand il te décrit sa situation à travers les paroles. C’est une chanson très puissante, donc je ne peux que te conseiller d’aller récupérer l’album quand il sortira le 15 novembre dans le monde entier, en streaming partout, sur tous les types de plateformes… Donc oui, c’est aisément ma chanson préférée.”