Rivers of Nihil, BCI, MØL

Rivers of Nihil, BCI, MØL

16 octobre 2019 0 Par Erwan Meunier

Rivières de rien mais torrent de pogos !

On retourne au Gibus une énième fois, comme à la maison, là où tes colocataires sont deux barmans fort sympathiques, et les proprios, les gars de Suden Promotion, qui ce soir nous ont concocté un plateau qui plane, qui a du groove… Mais un groove qui en a gros.

C’est avec déception que j’arrive en retard et ne peux voir que la fin du set d’Orbit Culture, au son assez mal balancé, éternel souci de cette salle basse de plafond. Une batterie trop présente, des guitares quasi-inaudibles, sauf pour les aigus… J’ai apprécié les découvrir, et j’étais curieuse de voir le résultat en live. Je ne profiterai donc pas de leur son organique, agressif, border-industriel… Mais ce n’est que partie remise.

Orbit Culture – “Nensha” (Official Music Video)

Je ne connaissais le prochain groupe que de nom, c’est l’occasion de découvrir leur Shoegaze teinté de Black. Sans être particulièrement fan des deux genres, MØL apportera de la fraîcheur, en cette soirée d’automne. Les balances sont clairement plus équilibrées, et le quintet danois nous fait vite oublier ce moment avec une entrée des plus fracassantes. Les pogos se font tout de suite plus nombreux, les fans sont au rendez-vous.
Malgré un album sorti l’été dernier, ils choisiront de mettre l’accent sur leur premier album, Jord (2018), mêlant le complexe et l’aérien avec brio. La légère linéarité des riffs très atmosphériques sera largement compensée par l’énergie débordante du frontman, Kim Song, infaillible, même contagieuse, jusqu’à aller chercher le public dans le pit. La salle a gagné quelques degré, et comme disait Gérard Depardieu, “nous voilà débarrassés du superflu, on va pouvoir aborder l’essentiel”.

Aller simple pour la Pennsylvanie, on change d’ambiance par rapport aux groupes précédents, mais on comprend vite la cohérence avec Rivers of Nihil ! Le Tech Death Progressif de Black Crown Initiate ne fait pas dans la dentelle. Le groupe ouvrira d’emblée sur A Great Mistake, de leur premier long métrage, The Wreckage Of Stars (2014), suivi par le tout dernier single, Years In Frigid Light, à coup de double pédales et de blast, entrecoupés de refrains mélodieux et mélancoliques, offrant un équilibre entre le chant saturé de James Dorton et le chant clair d’Andy Thomas, également guitariste soliste.
Nous aurons également droit à deux titres de leur premier EP avec un featuring éclair du bassiste de Rivers of Nihil, que les fans de la première heure n’hésiteront pas à seconder. Seul point “négatif”, peu de manœuvre possible pour les musiciens. Cinq gaillards sur une petite scène, ça devient compliqué, mais c’est vraiment anecdotique, comparé aux soli captivants de saxophone. Matriarch conclut brillamment ce set riche en énergie, en technicité, et en bagarre. À titre personnel, j’aurais préféré un peu plus de l’album Selves We Cannot Forgive (2016).

Le dernier acte se met en place rapidement, nous retrouvons Rivers of Nihil, cette fois ci en tête d’affiche pour leur tournée européenne consacrée à leur album éponyme, Where Owls Know My Name. Après une puissante entrée sur Soil & Seed, le groupe jouera l’intégralité dudit album. Dans l’ordre d’écoute. Entreprise un peu risquée mais très bien reçue de la part du public, enchaînant pogos et circle pits. Certains seront même suffisamment téméraires pour monter directement sur la scène. La troisième fois était peut-être de trop, et énervera sans mal Jake Dieffenbach (chant), qui dégagera les nuisibles en les poussant dans la fosse.
Adam Biggs profitera d’une courte pause pour introduire un titre qui apparemment tient à cœur à quelques personnes, au jugé des acclamations. Le contexte couvrant Hollow se ressent dans l’intensité presque cathartique des paroles et du solo, et au delà de l’aspect Tech Death, on ne peut nier la richesse en émotion que leur musique dégage. Finalement, l’absence de Jon Topore (guitare) se fit assez peu sentir (le changement de look de Jake était limite plus notable !). Un ou deux morceaux manquant de rythmique et d’assise, mais passeront globalement inaperçus face à l’inébranlable efficacité du quintet, accompagné de son éternel saxophoniste Zach Strouse.
C’est sur un Sand Baptism explosif en guise de rappel que Rivers of Nihil nous latte une dernière fois le séant, et nous remercie en prime. On peut tirer notre chapeau melon aux groupes et aux organisateurs pour cette soirée d’exception.