Live Report – M72 World Tour – Stade de France – Day 1 – 17 mai 2022
6 juin 2023 0 Par Céline LeclereUn peu moins d’un an après l’apparition de Metallica pour clôturer le Hellfest 2022 et malgré l’annulation deux jours avant par Five Finger Death Punch (remplacé par Epica), nous restions très enthousiasmés par cette date qui s’annonçait d’ores et déjà unique au regard des groupes présents pour une grande date au Stade de France sur deux jours. C’est dans cet état d’esprit que dès 10h du matin, nous nous sommes retrouvés à faire la queue devant le stade, et nombreux sont les fans venus des quatre coins du monde attendre avec nous, dans la bonne humeur et l’excitation.
Après 6h15 d’attente (et quelques exclusivités pour les membres de pass VIP, notamment un yéti Metallica offert, une boisson gratuite et un accès anticipé au merch), les portes du stade nous furent enfin ouvertes. Emerveillés par la grandeur des lieux, cela n’a pris que quelques instants puisque nous fussions vites rattrapés par la « course à la meilleure place ». Ayant un pass VIP, j’ai pu bénéficier de l’Early Access et donc me trouver une place au premier rang sans trop de galère. 15 minutes plus tard, à 16h30, c’était au tour des portes générales de s’ouvrir et foule commençait déjà à s’amasser dans la fosse (ce n’était pas le moment d’avoir envie d’aller aux toilettes !).
C’était la première fois que Metallica installait une scène en forme de donut (avec son fameux « snake pit ») au centre d’un stade, ce qui permettait à un plus grand nombre d’avoir accès à la barrière, mais également d’avoir une meilleure vue sur l’ensemble des groupes qui auraient plus de mobilité.
Vers 18h, alors que les gradins étaient encore bien vides, ce fut au tour d’Ice Nine Kills de monter sur scène. En effet, à la suite d’une erreur d’annonce, nombreux sont ceux qui pensaient qu’Epica étaient les premiers à jouer (et n’en ayant pas grand-chose à faire), sont venus plus tard. Cela n’a guère déstabiliser ce quintet metalcore américain, qui a su assurer une prestation millimétrée digne des plus grands shows, toujours sur le thème de la pop-culture horrifique depuis la sortie de leur album « The Silver Scream » en 2018, avec une équipe hyper active qui changeait de costume entre chaque chanson dans le but de divertir le public et d’accroître l’immersion dans leur univers.
Malheureusement, malgré les efforts fournis, le résultat n’était pas là : en effet, dans un stade où il fait encore jour et où leurs figurants ne disposaient pas de coulisses pour se changer entre chaque titre (ils se changeaient entre la barrière et la scène), l’effet immersif était moindre, les jeux de lumière étant notamment limités. Par ailleurs, la qualité du son n’était pas au rendez-vous, pas surprenant dans un stade et étant donné la disposition particulière de la scène, nous nous trouvions juste derrière le batteur qui étouffait la plupart des mélodies par son jeu. Malgré tout, cela reste une prestation réussie : Ice Nine Kills a su satisfaire ses fans, mais a su également conquérir un nouveau public, séduit par l’originalité du concept lié à la pop-culture horrifique et par ses jeux de scène, un peu dans le style d’Alice Cooper. On regrettera seulement une setlist trop courte, d’une durée de 30 minutes, clôturée par le titre qui les a rendus célèbres « The American Nightmare ».
À 19h, la place est laissée à Epica pour 1h de show. Un groupe qui réussira à mettre l’ambiance au sein du Stade de France, non sans difficulté face à des fans déçus de l’absence de dernière minute de Five Finger Death Punch, dont certains ne manqueront pas de se faire remarquer par le sextuor de metal symphonique néerlandais, notamment en restant sur leur téléphone durant une bonne partie de leur prestation scénique, ou en baillant les bras croisés pendant le show ; mais heureusement qu’on peut compter sur l’énergie du groupe pour nous réveiller tout ça et sur leur compréhension et optimisme pour déjouer ce rejet du public avec humour, notamment grâce aux mimiques de Rob van der Loo qui imitait son public ennuyé, jusqu’à aller offrir un médiator en main propre à un jeune garçon qui était l’un des rares à s’ambiancer dans le « snake pit », ou alors grâce à la présence avenante de Simone Simons, qui n’hésitait pas à aller à la rencontre du public et à interagir avec lui, notamment en empruntant, le temps d’un couplet, le bonnet rose d’un spectateur. Ainsi, malgré la déception générale face à l’absence de Five Finger Death Punch (la majorité du public étant plus venue pour les voir eux que Metallica), Epica a su assurer une belle prestation scénique, énergique, avec un bon son et une bonne setlist (mention spéciale pour le titre « Beyond the Matrix » où tout le monde jump pendant les chorus).
Enfin, à 20h30, après quelques « holàs », les dernières notes d’AC/DC retentissent dans le stade pour laisser place à « L’estasi dell’oro » d’Ennio Morricone, qui sert depuis plusieurs années maintenant d’ouverture aux concerts de Metallica. La foule chante en chœurs et s’excite de plus en plus. « The Four Horsemen » se réunissent, chacun de leur côté du « donut ». Chacun sa méthode de concentration avant un show qui durera 2h et 16 titres : James Hetfield fume un cigare tout en étant coaché par un membre de l’équipe, tandis que Robert Trujillo se fait accompagner de sa femme, Chloé Trujillo, reconnaissable grâce à ses longs cheveux blonds frisés avec des mèches rouges, qui restera sur les côtés de la scène (entre les barrières et la scène) pendant les premières chansons pour soutenir son mari.
Les premières notes de « For Whom the Bell Tolls » retentissent, ne laissant pas la foule indifférente, qui se déchaine gentiment. Ce titre, avec une longue intro entièrement mélodique d’un peu plus de deux minutes, n’a pas été joué en tant que morceau d’ouverture depuis le 5 février 2016. La setlist est composée de quelques morceaux du tout dernier album « 72 Seasons » (« Screaming Suicide », « Sleepwalk My Life Away », « Lux Æterna »), mais surtout de grands classiques tels que « Nothing Else Matters » qui n’a pas laissé les fans de Metallica indifférents (et surtout pas moi vu l’état de mes yeux après le concert) avec un James Hetfield magistral sur scène.
Ainsi que « Fade To Black », « Orion », « Sad but True », « Fuel » qui furent accompagnés de magnifiques jeux de flammes (que je n’ai malheureusement pu remarquer qu’a posteriori grâce aux vidéos de quelques fans sur les réseaux sociaux à cause de deux énergumènes qui nous les auront bien brisés et qui auront donné du fil à retordre à la sécurité) et « Master of Puppets » qui vient clôturer cette soirée du haut de sa grande croix avec une foule en délire, des pétards qui nous auront tous surpris et fait sursauter, et un Robert Trujillo à fond qui chantait les couplets avec la foule en tirant la langue par moment, transcendé par l’énergie dégagée par le public.
On regrettera seulement l’intro complètement foiré de « The Day That Never Comes », Kirk Hammett à l’acoustique s’étant désolidarisé du solo une fois ce dernier lancé, Lars Ulrich et Robert Trujillo étant complètement paumés pour lancer le beat. Pareil pour l’intro de « Fade To Black », où Lars Ulrich s’est foiré sur le tempo une fois l’intro acoustique et le solo d’intro passé, sur la rythmique acoustique. Côté ambiance, on regrettera l’insolence de certains membres du public qui n’ont pas hésité à pousser et donner des coups pour pouvoir se hisser au premier rang, ainsi que l’absence de « vraies » feux d’artifices à la fin.
Pour conclure, cela reste une soirée exceptionnelle organisée autour de genres différents, mais de groupes de renoms. Cette tournée exceptionnelle a été construite pour être vécue sur deux jours, d’où l’absence de rappels à la fin des concerts et de certains titres mythiques joués lors de la deuxième date au Stade de France qui a eu lieu le vendredi 19 mai 2023. L’originalité de l’initiative est saluée, mais comporte un certain prix…