Interview – Jinjer
15 janvier 2021À l’occasion de la sortie d’Alive in Melbourne, nous avons pu échanger avec Tatiana Shmaylyuk, chanteuse de Jinjer.
Est ce que tu n’as pas l’impression qu’on assiste à une sorte de “Revival” de la scène metal de l’Europe de l’Est ?
Je préfère ne pas parler de ça, je ne maîtrise pas assez le sujet. Je ne suis pas beaucoup de groupes et je ne m’y intéresse pas vraiment. Il y n’a peut être rien, il y a quelques groupes mais c’est tout. Je me sens simplement honorée d’être reconnue internationalement et d’avoir franchi les frontières. Je suis très contente que Jinjer soit devenu un groupe international et pas juste un “groupe de metal d’Europe de l’est ».
Vous sortez un nouvel album, Alive in Melbourne. Quels souvenirs gardes tu de ce concert ?
Si je regarde à nouveau le show je m’en souviendrais, je pense. Mais je ne l’ai pas fait pour le moment. A vrai dire, je n’aime pas regarder nos concerts. Ça fait partie de mon caractère. C’est déjà loin l’Australie, et on avait 5 ou 6 concerts là-bas. Je préfère me souvenir de l’ensemble de la tournée plutôt que d’une date en particulier. En tout cas, pour moi, chaque show était aussi bien que le précédent.
Pourquoi ce concert et pas un autre ? C’était prévu au départ ?
On a pour tradition avec Jinjer de capter chacune de nos premières fois quelque part. Aussi loin de l’Ukraine, notre premier concert australien, c’était tellement dingue de se dire qu’on allait jouer là-bas. C’était une chance unique, et la seule de filmer un concert en Australie. Sur chaque tournée on a une équipe qui nous accompagne pour filmer, comme pour « Teacher, teacher » par exemple. On a complété avec une équipe locale, comme on l’avait fait aux Etats-Unis, pour améliorer le rendu.
C’est le deuxième live que vous choisissez de sortir depuis les débuts de Jinjer. Est ce qu’Alive in Melbourne est un reflet de ce qu’est le groupe à un moment donné ?
Je ne me souvenais même pas qu’on en avait déjà sorti un. Ça remonte à 2014, 2015 ? C’est tellement loin pour moi maintenant. Le groupe a grandi, évolué. On a enregistré d’avantage de titres. Pour la tournée australienne, on a essayé d’inclure chacun de nos albums dans la setlist. Mais c’est toujours compliqué. Il y a ceux qui veulent les nouveautés. Pour d’autres ce sont les classiques ou encore les raretés qui comptent.
Pour ce qui est de l’évolution, je crois qu’on est simplement devenu plus « progressif ». « Cloud Factory » était rentre-dedans, un hardcore moderne. On est plus « groovy » aujourd’hui.
Dans ce live, seul Retrospection comporte une partie chantée en russe, ta langue maternelle. Il y a aussi Желаю значит получу, “I want it I’ll get it“, sur Cloud Factory. Mais finalement très peu de chansons en russe dans votre répertoire. Peut on espérer en entendre de nouvelles ?
Ce n’est pas le genre de choses qu’on planifie. L’intro de ce titre me faisait penser au folklore russe du 18e ou 19e siècle. C’est ce que me faisais ressentir le morceau et c’est la seule raison pour laquelle elle est en russe. Mais c’est aussi un titre assez personnel. Il parle du fait que je suis divisée en deux, entre ma famille Ukrainienne et les tournées loin de chez moi, pendant lesquels je dois parle une langue qui n’est pas la mienne. C’est quelque chose de compliqué… Même à expliquer.
Vous avez désormais joué sur les 5 continents au moins une fois. Qu’est ce qui t’as le plus marqué ?
Les 5 vraiment ? L’Australie ça compte ? Non, mais on a commencé en 2013, je suis incapable de me souvenir de tout. De toute façon, ce qui m’a le plus marqué, ce sont les « à côtés » de la tournée. Les safaris, la nature, les sanctuaires, jouer avec les koalas… j’ai adoré voir les bêtes sauvages en Afrique. Grâce à tout ça, on découvre un peu les pays qu’on visite.
Où rêverais tu de jouer ?
J’ai toujours voulu jouer en Alaska. Je ne suis même pas sûr que ça soit possible. Mais j’adore le froid, les paysages sont magnifiques. Le froid je m’en moque, moi j’adore l’hiver.
Vous avez donné quelques concerts en conditions assises. Quelles impressions en gardes-tu ?
C’était très excitant de revenir sur scène, mais l’expérience était bizarre. Que ça soit pour Jinjer ou le public. Assis à un concert metal, c’est quand même assez improbable. C’était très bon de revenir sur scène. Dans le public, les réactions étaient un peu plus partagées. Pourtant assis rien ne t’empêche de headbanguer et apprécier le concert.
Est ce que vous prévoyez d’en donner de nouveaux dans les mêmes conditions ?
On a eu quelques propositions d’organisateurs et promoteurs, notamment pour l’Europe en début d’année, mais on a tout refusé. Les temps sont trop bizarres et on a besoin de se recentrer sur nous. Prendre le temps d’écrire et de composer.
On imagine qu’il faut avoir une certaine condition physique pour assurer les live de Jinjer. Est ce que tu te prépares d’une manière ou d’une autre pour les tournées et les live ?
En fait je ne me prépare pas. Tout le monde, y compris moi, me le reproche. Je devrais le faire, mais mon seul rituel avant de monter sur scène c’est de boire de l’alcool, fort de préférence, ensuite je donne tout ce que j’ai !
Tu as prêté ta voix au jeu vidéo Metal : Hellsinger, une sorte de croisement bâtard entre Doom et Just Dance qui est annoncé pour 2021. Es tu joueuse toi même ? Qu’as tu pensé de cette expérience ?
Je ne sais plus très bien quand, milieu de cet été je crois, je reçois un mail de notre manager qui me demande mot pour mot « Hey, ça te dit d’être dans un jeu vidéo ? ». Je me suis contenté de dire que j’étais d’accord. Ça m’effrayait un peu. Chanter 7 minutes dans un registre que tu ne maîtrises pas c’est assez bizarre. Mais c’est une expérience excellente, et j’ai hâte que la B.O du jeu soit disponible. Ça ne sonne pas comme du Jinjer. Les gens me verront peut être sous un autre angle. Le plus ironique dans tout ça, c’est que je n’aime pas les jeux vidéos. Je suis très fière d’être dans celui-ci, mais je n’ai aucun skill et pas plus de patience. Avec moi la manette volerait très rapidement de l’autre côté de la pièce. C’est vraiment pas mon truc.
Ça fait maintenant deux ans que Macro est sorti. Quels retours en ferais-tu après ce temps ?
On perçoit tous cet album différemment. On est tous d’accord sur le fait qu’il nous a apporté de la reconnaissance, beaucoup même. Pour les tournées, ça en prenait le chemin, avec l’Amérique du Sud par exemple. Mais la pandémie a tout foutu en l’air. Ça a pété au milieu de la tournée et on a finalement défendu Macro qu’à moitié. On essaye de le faire vivre, avec des vidéos comme « The Prophecy ». De nos jours, on t’oublie vite. Les gens passent très vite à autre chose. Ça nous oblige à entretenir la hype en permanence. Macro a deux ans, pour certains, c’est comme s’il en avait 20. On essaye de capter l’attention. C’est la principale raison de ce live.
Que peut on attendre de Jinjer en 2021 ?
Déjà, Jinjer va survivre (rires). J’espère qu’on pourra faire quelques festivals, croiser la rédaction de Warm TV au Hellfest. Et pour la fin 2021, nous allons enregistrer et sortir le successeur de Macro.
Enfin, une fois qu’on l’aura composé (Rires)
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