[Report] Monuments & Guests au Petit Bain.

[Report] Monuments & Guests au Petit Bain.

4 avril 2020 0 Par Erwan Meunier

01.03.2020 – I Built The Sky – Heart of a Coward – Monuments – Petit Bain

Après avoir bravé la pluie, le froid, et la longue attente devant le Petit Bain pour certains (quelle motivation), nous pénétrons enfin dans la salle avec quinze minutes de retard sur quelques hits de Karnivool et The Omnific (que je conseille fortement aux amoureux de Djent). Peu de gens sont présents à cette heure – le mauvais temps, sûrement. Ça s’agglutine autour du bar et aux points “stratégiques” garantissant une meilleure vue ou un meilleur son.

Malgré le léger retard, les hostilités démarrent assez vite. I Built The Sky semble être une découverte pour une bonne partie de la salle. Le trio australien est peut-être passé inaperçu quand il lançait les réjouissances il y a un an et demi pour leurs compatriotes progeux de Caligula’s Horse et Circles, qu’à cela ne tienne, il nous a préparé ce soir une petite setlist qui décoiffe. J’avoue que ma première impression fut un peu mitigée. Commençons par Journey To Aurora : une intro aux samples grandioses digne d’avoir sa place sur l’album Transcendance de Devin Townsend, le reste du morceau n’est qu’instrumental, très Plini-esque, préférant jouer la carte de la technique que celle de l’énergie, comme un Owane de 2015 en un peu moins pêchu, jusque là rien de bien notable. 

Puis sur Stellar Evolution et Wormhole Traveler viennent s’ajouter d’autres couleurs, d’autres textures, allant d’un djent saccadé façon Flux Conduct à du Progressif extravagant à la Joe Satriani en passant par des blasts Black plus agressifs. Surprenant. S’en suit une gradation dans l’intensité et la virtuosité sur le reste de la setlist, notamment sur Up Into The Ether et The Zenith Riselongmorceau pendant lequel Rohan Stevenson se fera porter par la foule.Sans être complètement fan de s’endormir sur la pédale de delay, cela se marie très bien avec les phrasés aériens et autres tremolos ambiants.

Si je devais résumer en ces quelques lignes, le tiercé gagnant guitare-basse-batterie ne déborde certes pas en innovation mais va puiser dans moult styles pour nous restituer un agglomérat très cohérent. Ajoutez à ça une bonne dose de capital sympathie, vous obtenez un cocktail digne d’un aller-retour vers l’exosphère.

I Built The Sky

L’entracte fut de courte durée, les techniciens n’ont pas lambiné pour effectuer le changement de plateau. Place à présent aux britanniques de Heart of A Coward. Après l’annulation de leurs dates en Espagne et en France en septembre 2018, il était temps de les accueillir comme il se doit !

D’emblée, le fade in très reconnaissable de Drown In Ruins résonne dans la salle, suivi de Ritual et Collapse. Fort de  douze ans d’existence et quatre ans après Deliverance(2015), le groupe revient s’imposer en pionniers légitimes du genre avec la volonté de mettre à l’honneur leur dernier opus, The Disconnect (2019). Ni foncièrement Death, ni totalement Core, Heart of A Coward semble avoir trouvé un point d’équilibre entre efficacité catchy, refrains mélodieux et profondeur. Nous aurons droit à un classique du premier album, Shade, où même l’absence d’un des guitaristes ne gâchera aucunement la puissante assise du titre. On a complètement changé de registre, et ça se voit dans la fosse ! Ça saute, ça pogotte jusqu’à en faire trembler la structure du Petit Bain, et le « Suffer, bitch! » scandé à l’unisson par tout le public sait redonner le sourire. 

Le groupe nous quittera après nous avoir fait scander « I don’t give a fuck! » sur un Deadweight brutal. Il est vrai que, jusqu’à ce jour, je n’étais pas entièrement conquise, mais après un passage aussi qualitatif, ils m’auront convaincue. J’ai particulièrement accroché à Hollow et Mouth of Madness, où la performance de Kaan Tasan fut tout simplement incroyable.

Heart of a Coward

Monuments

Sur cette bonne impression, tous se préparent à présent pour la tête d’affiche. Depuis le dernier passage du quintet britannique, Andy Cizek a repris ambitieusement la relève après le départ de Chris Barretto, d’abord en tant que membre live, puis à temps complet, également en studio. Les feed-backs de leur venue au Radar Fest étaient plus que mitigés – ce qui expliquerait le non-sold out de ce soir, et c’est avec une certaine appréhension que j’attends Monuments.

Ils ont choisi d’ouvrir sur Blue Sky Thinking, de leur premier album, Gnosis (2012), pas forcément ma préférée de l’album, mais bon, il faut savoir faire des compromis entre efficacité live et variation de setlist d’année en année. A titre personnel, j’aurais trouvé The Uncollective tout aussi pertinente. Sans surprise, Leviathan et Mirror Image suivent et entretiennent l’entrain de la foule. C’est là un point fort que l’on doit soulever : Andy est bien plus à son aise au sein de la formation, et a su apprivoiser son élément tel un jeune Daniel Tompkins – en terme de présence scénique et de jeu avec le public, je ne pousserai pas la comparaison jusqu’à la performance vocale. 

Pour autant, Monuments me laissera un peu sur ma faim. Sur une quinzaine de titres, cinq sont issus de Gnosis, quatre de The Amanuensis (2014)… Et une seule “nouveauté”, Animus, sortie en janvier – plus si nouvelle que ça, finalement, et pas si bien accueillie non plus. Pour une tournée supposée être consacrée à la promotion de leur album à venir, c’est un peu faible. A.W.O.L. et I, The Creator ouvraient le bal en octobre 2018, c’est encore une fois sans surprise qu’ils le fermeront ce soir, ça aura au moins le mérite d’être efficace. La formation aura pioché à part égale dans leurs trois opus, et on peut lui reconnaître une chose : d’avoir éventuellement rassuré les deux-trois sceptiques du fond doutant de la légitimité du remplaçant de Chris. Il ne reste plus qu’à espérer que ce que les anglais nous réservent pour le futur proche soit meilleur qu’Animus

Oona Inked