[Live report] Plane’R’Fest 2019

[Live report] Plane’R’Fest 2019

29 juillet 2019 0 Par Jack

5 Juillet 2019. Au menu de ce soir le Plane’R’Fest à Montcul ( et non pas un certain Montcuq présenté par Daniel Prévost dans un sketch bien connu. ) Une belle affiche, un joli petit coin de campagne dans l’est lyonnais, un temps magnifique. Que demander de plus ?

R.A.B : ( Rien à branler ) est un groupe de rock/stoner lyonnais actif depuis 2011. Il est composé de Thibaud Piegay au chant, Sofiène Yahiaoui et Guillaume Fenoy aux guitares, Romain Gayral à la basse et Sébastien Touzeau à la batterie. Ils sont sorti deux albums éponyme pour le moment. Ils chantent en anglais.

Jack Gabrielle – 2019

Qu’attendre d’un groupe dont les initiales signifient Rien à branler ? Qu’ils vont se contenter de faire le minimum pour meubler leur demi-heure de concert ? Que nenni. Et surtout en glanant quelques informations, on se rend compte qu’ils ont déjà partagé la scène avec Ugly Kid Joe, Suicidal Tendencies, Mass Hysteria ou Tagada Jones. Ah ouais rien que ça. Encore que la liste n’est pas exhaustive.
Premier groupe du festival à jouer, R.A.B ne fait pas dans la dentelle. Les guitares occupent une place de choix dans leur musique. On se rend compte que l’instrumental est traité aux petits oignons. D’ailleurs le public se montrera réceptif et l’ambiance très détendue. Le chanteur envoie la patate sans jamais s’arrêter malgré la chaleur étouffante.

R.A.B – © Marc Antoine Panda

L’humour est leur ligne de conduite. D’ailleurs si faites un petit saut au stand merch’ vous vous en apercevrez assez vite. Mais ils peuvent largement se le permettre n’ayant rien à prouver en qualité de musiciens. Car ça fonctionne ! Tout simplement. On se prend au jeu, et ils n’hésitent pas à communiquer avec le public. Une qualité appréciable car tout le monde n’y arrive pas sans tomber dans le cliché navrant ou l’humour lourdingue. R.A.B est un groupe qui reste très cadré dans sa prestation.

Indépendamment du groupe il y’ a tout de même un petit bémol à signaler. Les basses étaient extrêmement saturé. À un point ou cela altère même la qualité de l’écoute lorsque l’on se trouve tout devant. Cela étant le quintet ne c’est pas laissé impressionner du long. C’est d’ailleurs plutôt nous qui ressortirons avec le sentiment d’avoir pris une claque dans la gueule.

R.A.B est une excellente découverte, et outre le problème de son on ne peut déplorer qu’une seule chose ; 30 minutes c’était pas assez !

Benighted : est un groupe de brutal death metal originaire de Saint-Etienne, crée en 1998. Après plusieurs changements, le line-up actuel est composé de Julien Truchan au chant dont il reste le seul membre d’origine, Kevin Paradis à la batterie, Emmanuel Dalle et Fabien « Fack » Desgardins aux guitares, et Pierre Arnoux à la basse. Le groupe sort en 2000 un album éponyme , mais ne se fera véritablement connaître que 2 ans plus tard à la sortie de Psychose. Depuis leurs débuts, ils ont sorti neuf albums. Ils chantent en anglais.

Jack Gabrielle – 2019

Radicalement différent du premier groupe. Benighted annonce la couleur avant même de commencer à jouer par sa grande bannière à l’effigie de leur dernier album Necrobreed. Les fans de brutal death et de deathgrind ont été servi ce soir. S’il y’ a une qualité indéniable chez Benighted c’est bien la maîtrise de la voix. Julien Truchan passe du growl au pig squeals avec une facilité qui atteste d’un travail et d’une expérience indéniable. Car on peut ne pas aimer le brutal death, mais on peut objectivement reconnaître un musicien qui travaille afin d’apporter sa propre patte dans le milieu. Et c’est ce que fait le groupe.

Benighted – © Marc Antoine Panda

Blast beats bourrin, guitares macabres et guerrières, basse saturée au possible, Benighted est réservé à celles et ceux qui savent apprécier la beauté dans la violence la plus pure, nous donnant presque l’impression d’être dans un film d’horreur musical.

Et leur public le leur rendent bien, à coup de pogos et de circle pit dansant. Le chanteur communiquera chaleureusement plusieurs fois avec son public, remerciant toutes celles et ceux qui les suivent et soutiennent leur travail. Chapeau.

Si le premier groupe avait des basses bien trop saturé, ici inutile de dire que le mot saturation n’est même plus adapté vu le niveau de violence auditive qu’on se prend en pleine gueule. Petit détail pour le moins amusant à signaler, mais qui nous interpelle tout de même ; mais à quoi peuvent bien servir les stroboscopiques la journée ?

Benighted est un poids lourd dans son milieu et il est certain qu’ils ont su trouver leur public malgré leurs nombreux changements de line-up qui peuvent parfois nuire à l’équilibre d’un groupe. Les fans du genre seront probablement ravis devant un tel concert.

Jinjer est un groupe ukrainien de metalcore formé en 2009. Le groupe n’hésite pas à jongler entre différents styles, incorporant plusieurs éléments de djent, ou de hardcore dans leur musique. Ils se font connaître en remportant plusieurs prix dans des concours de metal dans leur pays. Ils ont sorti quatre albums pour le moment. Le groupe est composé de Tatiana Shmailyuk au chant, Eugene Abdukhanov à la basse, Roman Ibramkhalilov à la guitare et Vladislav Ulasevich à la batterie. Ils chantent en anglais.

Jack Gabrielle – 2019

Le groupe sait se faire attendre, tant et si bien que le devant de la scène se retrouve plein à craquer avant même qu’ils n’aient commencé à jouer. Derrière, tout est sobre. Une simple bannière au nom du groupe et leur logo de chaque côté.

Jinjer – © Marc Antoine Panda

S’il y’ a bien une chose sur laquelle se démarque Jinjer par rapport au reste de l’affiche, c’est qu’il est le seul groupe de la soirée à avoir une femme au chant. Et pas n’importe laquelle. Tatiana est un monstre d’énergie à elle seule, capable de passer d’un growl très grave, à un timbre plus doux qui nous permet de mieux capter sa sensibilité. Même s’ils ne révolutionnent pas le metalcore, ils ont le mérite de nous montrer qu’une femme n’a absolument rien à envier à un homme sur la puissance du chant. Car le milieu reste encore malheureusement trop peu représenté par celles-ci. Et cette présence suffit à elle seule à apporter un vent de fraîcheur sur la soirée.

Cependant, n’oublions pas qu’elle s’accompagne également de très bons musiciens. Jeu de basse et des riffs de gratte très propre, ainsi qu’un batteur dynamique et cadré. Certaines parties peuvent souffrir d’un léger déséquilibre de composition entre le chant et l’instrumental, notamment lors de l’intégration des blast beats trop abrasif auditivement et qui ôtent de la personnalité en tombant simplement dans le bourrin pur. Qu’à cela ne tienne, le groupe ukrainien s’étant fait un nom en Europe, les amateurs du genre ne seront probablement pas du même avis.

D’ailleurs le public s’en moque, trop préoccupé à pogoter et slamer dans tous les sens pour accompagner ce déferlement d’énergie sur scène.

Seule ombre au tableau, Jinjer souffrira également d’un défaut d’équilibre dans le son. Si le growl de Tatiana se retrouve d’une telle puissance qu’elle en occulterait presque le reste des musiciens, le retour à son timbre de voix habituel se montre plus faible, ce qui provoque l’effet inverse. Dommage, mais encore une fois un problème qui n’est pas à attribuer au groupe qui a livré une prestation carrée du début à la fin.

Jinjer aura alimenté le feu présent dans le public et déjà bien lancé par ses prédécesseurs sur scène, on en ressort avec l’envie d’en avoir toujours plus, car la soirée est loin d’être fini.

Skindred : est un groupe de heavy metal/ reggae metal originaire du Pays de Galles actif depuis 1998. Ils sont connu pour avoir fait parti des premiers à incorporer le reggae à l’univers metal, chose relativement inédite à l’époque. Mais ils ne se cantonnent pas uniquement à ça, intégrant également des éléments issus de l’électro, du punk, ou du rock dans leur musique. Ils ont sorti sept albums pour l’instant. La formation est composé de Benji Webbe au chant, Mikey Demus à la guitare, Dan Pugsley à la basse et Arya Goggin à la batterie.

Jack Gabrielle – 2019
Skindred – © Marc Antoine Panda

Alors que la nuit est déjà tombée sur le festival rendant le climat un peu plus amical, Skindred fait une mise en scène pour le moins originale en intégrant de manière culottée Thunderstruck le cultissime morceau d’AC/DC pour son introduction. S’ensuit La marche impérial de Star Wars saturé dans un remix hip-hop avant l’entrée des artistes sur scène. Impossible de se frayer une place devant. Le public s’est déjà rué aux barrières, mais en rusant il est toujours possible d’admirer la scène.

Tout comme la chanteuse de Jinjer, Benji Webbe va lui aussi représenter une minorité de ce type de milieu. Mais c’est aussi ce qui fait la force de Skindred, cette pluralité musicale et culturelle donne un cocktail détonant, aussi impressionnant qu’original.

Il faut dire qu’ils ont aussi quelque chose de plus accessible que les autres groupes, peut-être parce qu’ils utilisent des codes un peu plus mainstream en intégrant l’éléctro et le rap dans leurs morceaux. Ça n’empêche pas de faire de Skindred un groupe de metal à part entière avec des musiciens extrêmement efficaces, et un chanteur charismatique, presque mystérieux caché derrière ses grandes lunettes customisées. On reconnaît d’ailleurs bien les influences reggae du groupe, de même que la voix et la manière de chanter bien caractéristique.

Benji s’adressera plusieurs fois au public, que ce soit pour le faire participer, ou pour parler de sujets de société. Et le public participera avec plaisir, se prenant au jeu jusqu’à la fin du concert où tout le monde lèvera son tee-shirt en l’air à sa demande.

Le quatuor terminera son concert magistralement après avoir mis une ambiance de folie dans le pit. Infatigable le public en réclamera toujours plus, mais à peine terminé voilà que la suite nous attend déjà avec le tout dernier groupe de la soirée.

Korpiklaani :

Korpiklaani est un groupe de folk metal finlandais actif depuis 1993. Ils ont la particularité d’avoir d’abord été un groupe de folk à leur lancement et de n’avoir intégré le metal que par la suite. De 1993 à 1996, le groupe tournait sous le nom de Shamaani Duo , avant de changer pour Shaman , pour finalement devenir Korpiklaani en 2003 suite à un grand changement au sein du groupe. Ils ont sorti treize albums jusqu’à maintenant. De la formation d’origine il ne reste que son chanteur, le groupe est actuellement composé de Jönne Jarvela au chant, Tuomas Rounakari au violon, Matti « Mattson » Johansson à la batterie, Jarkko Aaltonen à la basse, Sami Perttula à l’accordéon, et de Kalle « Cane » Savijärvi à la guitare. Ils chantent en anglais et en finnois.

Jack Gabrielle – 2019
Korpiklaani – © Marc Antoine Panda

Les vikings à la conquête du peuple français. Korpiklaani est donc la grosse tête d’affiche de ce vendredi. Alors que la scène se met tout doucement en place sous un décor de forêt scandinave, le public n’a pratiquement pas bougé afin de pouvoir glaner la meilleure place pour le bouquet final.

Korpiklaani signifiant «  Le clan de la forêt » il ne fait aucun doute sur le fait que le groupe cultive ses racines païennes, mais pas seulement.

Là où ils se démarquent directement par rapport aux autres c’est bien par l’esprit de fête et de beuverie qui les caractérise depuis leurs débuts et qu’on retrouve aussi chez leurs voisins celtiques qui sont adeptes de la thématique ( Entre autre dans les groupes de punk celtique, le folk rock ou le rock celtique qui tournent en Europe ou aux USA. )

En plus des instruments traditionnels du metal que sont la guitare, la basse et la batterie, le groupe est doté d’un accordéoniste et d’un violoniste. Bien que ce soit chose courante dans le folk metal, il est toujours plaisant de voir des instruments à la réputation traditionnelle ( Alias Gégé le paysan savoyard qui vous fait la Cascade en plein repas de famille, ou Suzanne capable de vous faire Concerto en E minor de Mendelssohn par cœur. ) intégrer toujours un peu plus ses milieux pour casser cette image qu’on leur attribue habituellement. Mais ils sont parfois un peu trop discrets par rapport aux autres instruments. Peut-être pour pas nuire à l’harmonie globale ( Ils sont quand même cinq musiciens en tout ).

Korpiklaani ne proposera pas forcément que ses meilleurs titres, mais ne fera une prestation au rabais à aucun moment. Avec des musiciens concentrés jusqu’au bout qui n’hésitent pas à avoir une approche avec le public, et un chanteur très solaire par ce qu’il dégage. C’est puissant, festif, ça envoie du bois ( ce qui leur correspond particulièrement bien. ), on prend plaisir à regarder ce jeu de scène dynamique.

L’ambiance sera au rendez-vous, et le public accueille chaleureusement chacun des titres, créant une réelle complicité avec les artistes. Ce qui d’ailleurs nous vaudra même un peu de rab à la fin de la part de Jönne Jarvela.

Les Finlandais étaient au top de leur forme ce soir, un vrai petit bijou à découvrir en concert.

Bilan : Vous reprendriez bien un peu de metal en dessert ? Le premier point à retenir de la soirée est sa superbe richesse musicale. Nous avons eu droit à des chanteurs de différents styles et de différentes cultures, nous partageant chacun sa patte et sa vision du metal. Une ambiance topissime de la part d’un public respectueux et festif. On notera tout de même quelques problèmes de sons récurrents sur scène qui est le seul vrai point noir du festival. Une très belle expérience même si nous n’avons pu faire qu’une seule journée sur les deux. Merci tout le monde et à la prochaine !