Cornemuses ou Vodka ?
10 juin 2019Cocktail des deux avec The Second Chapter de “Pipes and Pint”
Une nappe de cornemuses vient me titiller le bouchon de serumen. Pris de doute, j’introduis mon auriculaire dans un conduit auditif tapissé de la fumée de la soirée d’hier pour vérifier mon audition. Et d’un coup, voilà le galop qui démarre.
J’écoute « A Million Times More », morceau d’ouverture de la nouvelle galette de Pipes and Pint, The Second Chapter, qui, comme son nom ne l’indique pas, se trouve être le 3e album studio de la formation. Je vous guette les petits malins dans le fond. On cause de cornemuses, « Pipes and Pint », ça vous enjaille le pavillon…. Vous baignez déjà dans le Loch Ness, ou vous fantasmez en Mac Gregor parcourant les Highlands… Et vous vous plantez complètement.
Formé en 2006, c’est en Tchéquie que le groupe a fait ses armes, et s’il a depuis lors intégré un pur produit des nobles terres irlandaises en la personne de Travis O’Neil, il n’en demeure pas moins un excellent produit pragois. Rassurez vous toutefois, ils ne semblent pas être les derniers à s’enfiler de la pinte à la chaîne, accoudé au comptoir du pub le plus proche.
Mais revenons en à nos moutons, enfin à nos cornemuses. Oh ! Et puis merde, vous m’avez compris. Ce A Millon Times More, pour entrée dans le vif du sujet est un choix plus que judicieux. D’emblée, les tchèques déballent le propos. Basse tréssautante et riffs incisifs sur fond de cœur qui s’imprègnent à vouloir les reprendre à tue-tête. Pour ma part l’ensemble fait mouche et j’ai déjà envie de guincher.
Raise your Flag est un hymne, qui commence comme un hymne, se déroule comme un hymne et te voit finir en sueur le poing dressé en braillant….. Un Putain d’Hymne ! Sans tomber dans le cliché, Pipes and Pint déroule son punk rock celtique qu’on soupçonne perfusé à la vodka maison, ce qui est loin de faire retomber la mousse de la Guiness. Tu trouves plus fédérateur et tu transformes une manif syndicale en rencontre dePeil Ghaelach(foot gaélique).
Shadow on your Wall emprunte à la balade irlandaise traditionnelle. Chargé en émotion, regrets et remords en brûlent leurs ombres sur des murs de culpabilité. Un morceau redoutable d’efficacité qui vous amènera à battre la mesure, pinte brandie vers le ciel.
Toi là range moi ce téléphone, va t’arriver des bricoles sinon.
On se ferait presque berner par la fausse limpidité du riff d’ouverture de Rebel in My Veins, pour être rattrapé par l’urgence de la voix qui rythmiquement porte encore un poil plus loin l’ensemble du morceau. Vous avez dit urgent ? Ah, non ça c’est moi. Avec ses 2 minutes 48, c’est l’un des titres les plus direct et percutant de cette galette. Comme si Mac Gregor lui même, venait de te coller une de ses légendaires mandales juste à l’arrière de l’occiput. Attention, dommage collatéraux à prévoir au fond du pit enragé.
Il y a comme un truc bizarre qui te fait vibrer le colorectum* dès les premières secondes de Diamonds and Dreams. La basse, nom d’une calebasse amplifiée, cette basse qui te prend aux tripes, remontent le long de ton épine dorsale et vient jusque dans ta nuque te forcer à remuer frénétiquement.
Country folk survitaminée avec Dark Into the Night, là encore foutrement efficace et contagieux. Pipes and Pint sait distiller la bonne humeur à tous les étages, et pour sur j’ignore qui est cette « Girl » qui a changé sa vie, mais une belle histoire pour servir un tel morceau, ça mérite largement le coup de chapeau.
Fist of Defiance démarre au quart de tour, non sans rappeler les prémices de cette mouvance punk rock. Refrain catchy repris à plusieurs voix. Poum Pa Poum Poum Pa Poum Pa Poum…. Bon Dieu !! Oui je suis athée, et alors ? Et donc je disais que vin diou, ça va chalouper dans les salles obscures.
Avec We are The Scene, on s’envole vers le Sublime. Tu l’as vu la référence glissée nonchalamment dans la phrase précédente ? Non parce que j’en suis pas peux fier ! Teinté d’un ska sautillant, le morceau n’est pas sans rappeler les mecs de Long Beach, cornemuse en support. Et ça passe comme une asperge et sa sauce yoghourt.**
Après ça, rien de mieux qu’une perforation de tympan à grands coups de riffs, au rythme d’un train à vapeur lancé à pleine vitesse. Karma Killer ne fait pas dans la dentelle et je visualise déjà les mandibules se déformer sous les coups et les corps se tamponner allègrement toutes rangeos dehors ! Que le saint pogo veille sur vous comme vous veillez sur vos voisins.
En guise de mic-drop, les cornemuses de Wait for You, en grandes pompes, viendront clôturer ce 10 titres. On se prend encore une fois à chanter à tue-têtes. Le morceau résonne comme un appel du groupe à venir les voir en concert… Ok j’admets que c’est mon interprétation personnelle plus que capilotracté qui m’amène à cette conclusion, d’autant que le morceau parle d’une fille…
Enfin, pour conclure, vous aurez compris que si le disque a de quoi séduire les fins d’oreilles que vous êtes, il me laisse un peu sur ma faim. Enfin, fin, Faim de concerts évidemment où Pipes and Pint ne peut être qu’excellent, et l’on a hâte de pouvoir découvrir ça de par chez nous.
Pipes and Pint
The Second Chapter
Fly High Booking
31/05/2019
*colorectum : cherche pas sur wikipedia, ce mot n’existe pas !
** Et ça passe comme une asperge et sa sauce yoghourt : Je tenais juste à préciser ici que j’adore les asperges sauce yoghourt.
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