Thrill Seeker Metal Fest #2

Thrill Seeker Metal Fest #2

4 juin 2019 0 Par Erwan Meunier

From Paris with Parpaings – 2e round !

Étonnament, ce sera Scolopendra qui lancera la deuxième manche des hostilités, en cette fin d’après-midi pluvieuse. Nous reconnaissons des têtes familière sur scène, dans le quintet parisien se trouvent Thomas et Olivier de Gohrgone, ainsi que Léo de Promethean. Avec un line-up pareil, quoi de plus normal que de se faire servir du Tech Death de qualité ?
Le groupe déversera toute la lourdeur et la noirceur de leurs compositions teintées de Thrash sur le Gibus. Des titres polyrythmiques, majoritairement issus du deuxième opus, The Alienation Spread (2018) – pour moi, le plus abouti – un frontman débordant d’énergie qui communique en masses avec l’audience… Clairement, les gars placent la barre déjà haut. Et il n’est même pas 18h.

C’est sur une lourde intro que Wasteland débarque, deux mois après la
boucherie qu’était leur dernier passage au Gibus, aux côtés d’Ingested (encore eux) et Under The Black Shores. Les blasts de Subject Zero martèlent les premiers rangs pendant que Clément (chant) interpelle les quelques personnes se cachant dans l’obscurité du fond de la salle. Lui et Simon (guitare) arpenteront la scène de long en large tels des lions en cage, sous les spots rouges, renforçant la rage et la violence qui se dégagent de leurs morceaux. Le public, déjà chaud, répond présent à chaque occasion, et il en faudra peu pour qu’un circle pit occupe la moitié de la fosse sur From Womb To Waste. Ils nous quitteront sur Gathering Of The Swarm, à la rythmique grasse et dévastatrice. Idéal pour joyeusement se mettre sur la tronche ! Mais gardez un peu d’énergie, la soirée ne fait que commencer !

Une partie de la foule se réfugie au fumoir, l’autre reste devant la scène, très statique, merde, quand je suggérais de s’économiser, ça ne voulait pas dire couper le courant à tous les niveaux… C’est dommage, Irrepressible Wrath remplit le quota de second degré à lui tout seul, quand on voit le noms des titres : Not Time To Niaiser, la fameuse, Soupe De Sperme, ou encore Adolf Halal. On est sensibles à leur univers décalé ou pas, mais on ne peut, malgré leur côté statique, passer à côté de l’irréprochabilité de l’exécution, le chant de Fab, la batterie de Gwen, les guitares lead et rythmiques d’Emilien et Olivier… Ce dernier a réussi à garder son pantalon, cette fois ci ! On finira proprement sur une reprise de Thy Art Is Murder, pour un cassage du cul de bon aloi.

Serenius, si vous aviez suivi l’actualité du groupe, jouait sur la Dave Mustage au Motocultor après avoir gagné le tremplin Headbang Contest. Le contraste avec le groupe précédent est flagrant. Une mélodie aérienne en guise d’ouverture, des t-shirts noirs et jaune fluo assortis, un jeu de scène travaillé dès l’ouverture sur Enough (Metanoïa, 2019), aucune faute de coordination… Et une salle pleine, secouant les cheveux à chaque riff.
Les morceaux s’enchaînent rapidement, pas le temps de se reposer. Les jeux de lumière passant du rouge au vert émeraude, le tout sous une rythmique martelante de Louis (guitare), Phillipe (basse) et Cyril (batterie), l’osmose avec le public est bien présente. Tel un MDJ, il plante le décor pour chaque titre, tantôt dans l’Ether, entre le vivant et l’infini, explique Larry (pour ceux qui ne l’savent pas, c’est pas moi qui l’dis, c’est dans le livre), tantôt une bataille contre une entité surpuissante. Ils inviteront Joachim (The Desperate Sons) pour un featuring sur le titre Erebos, aussi puissant que mélodieux, mêlant growl et chant clair à la perfection. Pour avoir connu l’ancien line-up du groupe dans un squat obscur à Villejuif, c’est plus que plaisant de voir une telle évolution. Trente minutes de set pour Serenius, c’est trop peu, on en redemanderait presque… Ça tombe bien, ils reviennent le 6 juillet au Kave Fest.

Avec plusieurs dizaines de concerts à leur actif, c’est au tour de Child Of Waste de péter des clavicules, et de s’approprier la scène avec aisance, comme à son habitude. Un deathcore bien campé sur ses positions, c’est travaillé, saccadé, mais d’une lourdeur sans précédant. Ils nous joueront l’intégralité de leur album sorti en décembre 2018, The Stillborn King. C’est le moment de sortir coquille et protège-dents. Des avalanches de blasts de la part d’Anthony, les harmoniques perçantes de Charlotte et Jolan, les parisiens gardent, malgré une certaine linéarité des morceaux, tous les ingrédients d’une recette efficace, alternant entre technique et gros break bien lourd. Nous aurons même droit à un court featuring surprise avec Clément de Wasteland sur Hekatonkheires, pour enchaîner sur Sculptures et Harvest, de leur premier EP éponyme paru en 2016. J’ai une légère préférence pour cette partie du set, car les riffs sont plus accrocheurs. Time Of Grace, de l’EP également, clôture leur passage avec toujours plus de brutalité et de mosh… avec en prime l’annonce d’un 13 titres bientôt finalisé. Stay tuned !

Deux ans et demi après Finis Ixion, Gohrgone revient nous achever avec la
subtilité d’une baffe de maçon pour la release party de leur tout dernier opus, In Oculis, et nous offrir un concert digne de ce nom. Après une ouverture de set dans l’efficacité et la brutalité avec Deception’s Cloud, excellente occasion de se remémorer l’album précédent, par ailleurs, nous
découvrons la nouvelle oeuvre du groupe avec Insanus Creatura et The Chosen One. Un sample de chant typique des pays de l’Est, des riffs très Black, une basse bien marquée, juste ce qu’il faut pour donner plus d’assise au morceau, tout est calculé au poil du cul, et ça envoie du sale. Thomas lance wall of death et circle pit, le public lui obéit au doigt et à l’oeil. Weak Ones Deceived, Deprivation of Self, la découverte continue, et pour ceux qui connaissent déjà Gohrgone, on voit clairement l’évolution de leur musique depuis le tout premier album, A Divinis (2014), qui officiait dans un registre plus Deathcore que Blackened Death. Des ambiances plus sombre, des interludes plus courts, et par conséquent des morceaux plus denses. Après une courte pause où Thomas présentera Johan, la nouvelle recrue, le groupe prendra le temps de hommage à leur ancien guitariste, Benjamin, décédé tragiquement quelques mois auparavant, sous les acclamations du public. Nous retournons maintenant cinq ans en arrière, pour le rappel, avec Hammer, au titre amplement évocateur, tellement les breaks et la rythmique d’Olivier (basse) et Chris (batterie) martèlent la foule. Vous avez encore de l’énergie à revendre ? Gardez la pour leur prochain passage au Napalm Fest.

A l’heure où certains se ruaient au Trianon jusqu’au sold out pour Rise Of The Northstar, d’autres ramassent leurs chicots à la petite cuillère, sur un sol jonché de cadavres de bières. Et avec le peu de dents qu’il vous reste, vous pourrez essayer d’articuler “j’y étais”.