“I, THE MASK” – IN FLAMES [CHRONIQUE]

“I, THE MASK” – IN FLAMES [CHRONIQUE]

3 mars 2019 0 Par Erwan Meunier

Il s’est passé bien des choses depuis les années 90. L’âge d’or du Death Mélodique
aura vu naître les piliers du genre, avec entre autres Slaughter Of The Soul de At
The Gates, Something Wild de Children of Bodom, Skydancer de Dark
Tranquility… Et Lunar Strain de In Flames. Après un quart de siècle d’existence,
on ne les présente plus, votre adolescence a probablement été bercée par Whoracle
(1997), Clayman (2000) – qui, pour beaucoup, marquera un tournant important dans
la carrière du groupe – ou encore Come Clarity (2006) pour les plus jeunes. Alors,
suite à un accueil plus que mitigé de leur album précédent, Battles (2016), on peut de
manière légitime se demander ce que les Suédois nous réservent pour ce treizième
volet. Poursuivront-ils dans leur démarche vers des compositions plus accessibles, plus
grand public ? Ou retourneront-ils à leurs racines, dans un registre plus familier, du
même acabit que The Jester Race (1996) ?

 

 

Commençons avec Voices. Une belle entrée en matière, très peu de chant clair,
une instrumentation et un refrain (très) similaires à celui de Crawling Through
Knifes… En somme, une énergie assez constante, qu’on retrouvera également dans le
titre éponyme. Et c’est là que ça se gâte. Malgré l’énergie, I,The Mask dans sa
globalité est plutôt accrocheur, mais c’est un effort gâché par un refrain très rock
californien à la We The King – supplément double pédale et scream.

 

 

I Am Above, avec un clip à l’appui, et Burn seront pour moi les meilleurs titres
de cette sortie, et sûrement les mieux accueillis. Ils permettront à In Flames de
déconstruire les appréhensions, et de miser sur la nostalgie de leurs débuts, sans
tomber dans le prévisible sans aspérité de l’acte précédent. Des riffs assassins, des
paroles accrocheuses, un refrain puissant et mélodieux agrémenté de backing vocals à la
Come Clarity, on retrouve enfin la puissance d’antan du groupe. Comme pour
contrebalancer une trop bonne impression, Follow Me ressemble globalement à une
pale copie de Sleepless Again, issu de A Sense Of Purpose (2008). Ils garderont
l’introduction avec la guitare acoustique (et dans la même tonalité), et le refrain semble
presque aseptisé. La même impression se fera sentir pour In This Life, décalquée sur
Like Sand, du tristement célèbre Battles. Sans être mauvais en soi, le manque
d’originalité est quelque peu déplorable.

 

 

On aura quand même droit à un court voyage temporel vers le milieu des années
2000 avec All The Pain, qui, comme son nom le laisse deviner, sera sur le ton de la
complainte mélancolique pour finir sur une influence borderline emo-core. Stay With
Me clôture l’album sur une note tout aussi mélancolique, de la même trempe que
Never Too Late de Three Days Grace. Peut-être est-ce une invitation faite aux fans,
anciens comme actuels, pour l’avenir d’In Flames ?

 

En conclusion, I, The Mask est en demi-teinte, comme ayant opté pour un
compromis entre un choix d’assumer le changement de cap récent du groupe, et un
retour à la source, vers un mélodeath plus classique, celui qui nous séduisait tant. Les
morceaux plus puissants sont concentrés sur la première moitié de l’opus, et seront vite
remplacés par les morceaux plus soft (des ballades, parlons franchement), facilement
écoutables, mais tout aussi vite oubliés, ce qui peut nous laisser sur une sensation de
fadeur et d’inachevé. Même le changement de line-up (Tanner Wayne d’Underoath
à la batterie, Bryce Paul à la basse), qui est loin d’être mauvais, n’apportera qu’une
faible plus-value. Rétrospectivement, les albums qui auront forgé le In Flames
pionnier du Melodeath que nous connaissons deviennent finalement minoritaires, sur
l’ensemble de leur carrière. Pour autant tout n’est pas à jeter. Il y a du bon, c’est
indéniable, mais est-ce suffisant pour redonner espoir aux Jesterheads de la première
heure ? À voir au prochain album.

 

 

I, THE MASK – IN FLAMES
Sortie : 01.03.2019 

© NUCLEAR BLAST RECORDS – 2019

CHANSONS FAVORITES :  I AM ABOVE & BURN