
Desertfest Day 2 – GOOD MOOORNING LONDON !!!
10 juillet 2025 0 Par Sofie Von KelenDesertfest London Day 2 :
GOOD MOOORNING LONDON !!! Fraîche comme la rosée de Regent’s Park où j’aurai pu passer ma matinée et voir des écureuils au lieu de faire les soldes Fred Perry, je me dirige vers la majestueuse Roundhouse qui depuis quelques années accueille une partie des shows du festival le samedi. Cette ancienne plateforme d’échange ferroviaire ensuite devenue entrepôt de stockage de gin s’est finalement reconvertie en salle de concerts le 15 Octobre 1966 avec rien moins que Pink Floyd et Soft Machine à l’affiche. Autant vous dire que l’endroit est impressionnant, tant par les vibrations de son illustre passé que sa voûte stratosphérique bardée de poutrelles métalliques.
La Konvention des Sorcières

KONVENT – Desertfest London Day 2
Définitivement taillé pour le live, leur death doom mystique que j’aurais pu penser un peu décalé à froid et en plein après-midi m’attrape direct et m’aurait emporté d’une traite jusqu’au dernier morceau sans les ricanements de quelques types derrière moi. Ben oui forcément, quatre femmes sur scène, dégoulinantes de puissance et de charisme et s’autorisant à ne pas sourire du tout, ça dissonne tout particulièrement avec le « male gaze »…
Mais qu’importe, il me suffit de flotter quelques mètres vers la gauche d’où je peux tranquillement admirer la nouvelle guitariste Amira Hernan et son riffing heavy as fuck. Il se passe ici un je-ne-sais-quoi de très particulier, une magie palpable, un captivant égrégore qui me recrache au bout d’une heure, nourrie et déboussolée à la fois. Ce truc du premier groupe de la journée qui tue le game commence à devenir une habitude…

Witchorious ou le doom made in France
Rien de tel qu’un petit tour au Dev (voir Jour 1) pour se remettre les idées en place à coup de Tanqueray citron vert devant Witchorious, frenchies tout droit venu de région parisienne. Si je ne dis pas de conneries, c’est le seul groupe français avec Slift, nombre de connaissances m’en ont dit le plus grand bien et c’est totalement justifié. Sur une base doom occulte, le trio pose délicatement des accents black, voire crust avec une fluidité qui force l’admiration au vu de la jeunesse du projet. Il manquerait peut-être à mon sens une deuxième guitare afin qu’Antoine Auclair puisse se concentrer davantage sur ses parties de chant intenses et vraiment poignantes, mais il ne faut pas toujours écouter ce que je raconte…
Coeur sur El Moono
Le projet initial était de demeurer au Dev pour voir Lust Ritual, histoire de continuer dans l’esprit
more women on stage, mais une réécoute d’El Moono le temps d’une pause clope me décide à foncer ventre à terre à l’autre bout du quartier vers le Black Heart, tout petit club concerts constituant le noyau du festival au cœur d’une ruelle bouclée pour l’occasion.

Et bien m’en pris, car épique est un mot faible pour décrire ce show… Imaginez quelque chose à mi-chemin du grunge et du post metal avec des envolées noisy, un frontman en robe à fleurs avec une 8 cordes LTD tourbillonnant sur la scène minuscule entre un lead guitar usant et abusant d’un pédalier porte-avion, un bassiste à deux doigts de décapiter le premier rang et un batteur cognant à en déplacer les fûts malgré le parpaing censé les maintenir en place. Vous l’avez ? Non ? C’est normal. Pas facile de décrire ce bordel organisé et ultra-émotionnel tenant apparemment lieu d’ultime date d’une longue tournée.
Patriarcat partout heavy metal nulle part
C’est le moment où je me demande si je retourne au Roundhouse pour Amenra. Je les ai pas mal vus ces derniers temps et le but cette année, c’est tout de même de me concentrer sur les découvertes. Alors autant camper au Black Heart pour les bostonnais de Worshipper, d’autant plus que le heavy se fait rare cette année (il est loin le temps où Angel Witch headlinait l’Underworld sur l’édition de 2015…).
Ce n’est pas forcément une bonne idée, mais je ne le sais pas encore. Tout commence pourtant sous les meilleurs auspices : je suis très bien placée, le son est étonnamment bien défini et ça joue old school avec un beau chant clair bien que relativement noyé dans le mix. Au bout de trois morceaux, le bassiste profite d’une pause accordage pour demander au public si le chant est assez fort. Personne ne répond. Je clame un “NO!” affirmé. Toisement de la part du frontman qui me répond “Noooo… reallyyyy?”. Oups pardon… à force de voir des femmes brillantes sur scène depuis ce matin, j’avais complètement oublié que notre genre nous empêchait de bénéficier d’une ouïe fonctionnelle. Non non mais c’est moi désolée, j’avais zappé…
En revanche, l’une de mes capacités que l’on ne peut nier est celle de savoir reconnaître la condescendance quand elle est en face de moi. Exit donc le Black Heart et retour au Roundhouse pour Zeal and Ardor. Finalement tant mieux, ces trente minutes gagnées me permettent de boire un cocktail à la fraîche sur le rooftop de l’illustre bâtisse avant l’arrivée des Suisses.
Zeal and Ardor and Love


Je me souviens parfaitement du jour où je les ai vus pour la première fois sous feu la tente de la Valley au Hellfest. Dire que j’avais pris une grosse claque est loin de la réalité, mais cependant, je m’étais demandée au terme du show si cette improbable mixture de delta blues, de black metal et de post-metal allait tenir la distance et savoir se réinventer. Eh bien oui et même davantage.
S’entourant d’un line-up plutôt stable depuis 2017, Manuel Gagneux puise bien au-delà de ses influences les plus évidentes, jamais là où l’on l’attend, mais toujours engagé, détournant de célèbres titres de films comme de chansons tels que The Birth of a Nation ou Strange Fruit. Les shows sont impressionnants, progressifs et repoussent sans cesse les frontières des genres musicaux. Willie Dixon a dit “The Blues is the truth. If it’s not the truth, then it’s not the Blues”. Peu de sets sauraient être plus sincères que ces 90 minutes de parfaite harmonie entre les éléments de cette subtile équation dont la dernière galette Grief est également la première en parfaite collaboration. Il y a donc devant nous désormais un groupe à part entière et non plus un leader entouré de ses musiciens et cela se ressent profondément.
Home sweet home
Derniers verres au Dev où Jimmy Martin, le guitariste d’Angel Witch passe quelques disques. Il paraît que Bill Steer fait de même au Black Heart devant le gotha stoner de l’événement, mais mon cœur appartient à cette tanière de bois poisseux, sa scène plus exigüe que le tapis de mon salon et son responsable de bar en tee-shirt Dying Fetus. On ne se refait pas et vous le savez…
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