Première soirée Punk Rock et Grunge.
6 mars 2023 0 Par Erwan MeunierRetour sur la première soirée du festival L’Paille à Sonique organisée par l’association Les Sons du Sous-Sol le 10 février dernier.
© photos Isis Picture Show
Rédaction : Erwan
Je dois l’admettre avec le temps il m’est de plus en plus difficile de trouver motivation à sortir ma carcasse pour aller festoyer dans des concerts. Aussi quand Isis m’a proposé de la rejoindre dans sa campagne pour le premier jour du festival L’Paille à Sonique, j’ai un moment tergiversé avec moi-même avant de me décider. Si Les Ramoneurs de Menhirs et les Sales Majestés faisaient déjà en soit une programmation fort alléchante, revoir SheWolf, que j’avais pu découvrir sur les hauteurs de la gare Montparnasse, a fini de me convaincre.
C’est à Luisant (28), salle André Malraux que se déroulait cette soirée, première de deux dates organisées par l’association Les Sons du Sous-Sol. Un vendredi sur fond punk rock, suivi d’un beau samedi axé sur le reggae.
Il y a déjà foule à notre arrivée sur place. Le temps de trouver à parquer la voiture nous rejoignons l’esplanade devant la salle. Les portes s’ouvrent peu de temps après notre arrivée et la foule se fait file avant de pouvoir pénétrer dans les lieux s’égrainant au rythme des contrôles de sécurité.
SheWolf
C’est le “all-women” trio SheWolf qui démarre les hostilités. Évoluant dans un registre grunge rock, les trois filles ont fait le choix d’un certain mode de vie fidèle à leurs engagements et revendications. Sur scène elles s’éclatent et ça se sent. Comme elles se plairont à nous l’affirmer pendant leur set, elles sont ravies d’être là, dans une campagne proche de celle où elles vivent et devant une salle comble. Car oui il est bon de le préciser, la soirée est sold-out depuis quelques jours déjà. Un vrai succès pour l’association Les Sons du Sous-Sol surtout vu la conjoncture actuelle.
Mais revenons-en à SheWolf. Piochant au gré de leurs deux albums, Sorry Not Sorry (2018) et Parasite (2021), le trio captive l’attention du public. S’ils sont pour la plupart venus pour le punk de la soirée, ils n’en demeurent pas moins réceptifs à l’énergie dégagée et sensible aux messages portées. Si la plupart de leurs titres sont en anglais, l’interlude “Pause Féminine”, brûlot cinglant de deux minutes, spoken words dans la langue de Molière, interpelle et questionne une audience attentive. “Osons et Soyons Fières« , qui s’enchaîne ensuite, voit les poings de la foule se lever, ponctuation rythmée au fil du titre. La place de la femme est un sujet sensible que SheWolf aborde sans fards ni détours. Et les deux morceaux font mouche auprès d’un public largement acquis à la cause.…
Les quatre morceaux suivants Apology, Childhood, Monster et Baby Blues se muent en exutoire d’une foule et d’un groupe entier et sincère, uni en une communion profane et jouissive. Mesdames, merci pour ce début de soirée, vous avez assuré “grave” comme on dit de nos jours.
Setlist SheWolf
- PAGES
- YOUR STING MY NEEDLE
- PARASITE
- NOTHING LEFT TO SAY
- PAUSE FEMININE
- OSONS ET SOYONS FIERES
- APOLOGY
- CHILDHOOD
- MONSTER
- BABY BLUES
Les Sales Majestés
Majestueuses jusque dans leurs irrévérences, Les Sales Majestés sont les prochaines à passer. Le temps d’un changement de plateau pour se déshydrater ; et ils sont fort nombreux à la buvette, et le quatuor punk sauce cokney/franchouillarde investit la scène. Formé en 81, biberonnés à la sauce punk anglo-saxonne, s’ils n’ont jamais révolutionné le genre, ils l’ont parfaitement compris et brillent à y adjoindre des textes rageurs, porteurs d’espoir et/ou revendicatifs. Un peu plus de 40 ans d’existence n’ont guère modifié leurs thématiques et c’est tragique… (Mieux vaut en faire une rime et en rire que d’en pleurer). Jonglant avec une setlist piochant autant dans les classiques du groupe que dans les albums plus récents, c’est un public conquis qui reprend en chœur les paroles et alimente chaque intervention entre les titres de hurlements d’approbation. Si l’on n’en doutait pas à l’annonce de la programmation de cette soirée, l’ambiance est à la contestation et à la mobilisation. Macron et son monde ne sont clairement pas les bienvenus ce soir.
Un nouveau changement de plateau voit la foule affluer vers le bar en quête de rafraîchissement. Il est vrai qu’avec un peu plus de 600 personnes dans la salle, l’ambiance n’est pas loin d’en devenir tropical et le chaud/froid engendré en franchissant les portes menant à l’espace fumeurs sera sans doute responsable de quelques rhumes dans les jours à venir.
Les Ramoneurs de Menhirs
C’est au tour des Ramoneurs de Menhirs d’investir la scène avec leur punk folklorique celtique qui se veut lui aussi riche de multiples messages de revendications bienvenus.
C’est qu’ils en auront briqué des cailloux les Ramoneurs de Menhirs. La gomme des pneus laissée sur le bitume des autoroutes et les graviers des chemins de traverse témoigne de l’engagement sans bornes… La gomme des pneus, le bitume, les autoroutes, sans bornes…. OK JE SORS ! dont le groupe fait preuve depuis 2006. Emmenés par Loran et sa guitare saturée, entremêlée aux sonorités caractéristiques des instruments traditionnels bretons, le tout nappé de cette boîte à rythmes typique des années 80 et de son punk anarchiste, chaque titre des Ramoneurs est pensé pour le live. Chaque interlude se fait échos de revendications et/ou messages d’espoirs. C’est une communion magique entre groupe et public, une transe jouissive qui n’a de cesse de faire monter la température de la salle. Violences policières, économie mortifère, écologie du capital les thématiques sont diverses et rassembleuses. Lacri-Moged, titre écrit en mémoire de Steve Maia Caniço, disparu tragiquement pour avoir osé danser lors de la fête de la musique à Nantes en 2019, se fait écho d’une chape de résistance qui envahit la salle et l’audience. Ils sont nombreux ce soir à être sensibles aux messages portés. Loran aura également été touché par l’engagement des SheWolf sur la question de la place des femmes et félicitera leur activisme musical et leur énergie. Non décidément le monde qu’on nous promet ne satisfait personne ici et je gage que beaucoup manifesteront contre cette réforme des retraites iniques et si révélatrice de la suffisance de nos dirigeants. S’en vient le moment pour Les Ramoneurs de dire au revoir et céder leur place au Math/Post Rock instrumental de Péniche.
Péniche
S’il n’est pas évident de passer après les Ramoneurs et les Sales Majesté, le trio Péniche clôturera tout de même avec brio la soirée. Loin des revendications précédentes, leur post-rock instrumental entêtant et insolite se fait bande son de la fin de soirée. Leur set précis et impétueux met en avant des compositions originales aux titres décalés. On apprendra ainsi que “L’eau ça mouille” ou que “Vendée Globe”. Le public commence toutefois à regagner la sortie, l’heure avancée ayant raison de leur quelques dernières gouttes d’énergie. La nuit s’annonce encore longue pour les organisateurs qui remettront ça dès le lendemain pour une longue soirée reggae.
Merci à l’association Les Sons du Sous-Sol et tous les bénévoles de cette soirée qui nous auront assurés un accueil aux petits oignons. L’association planche actuellement sur la programmation du Festival L’Paille à Sons #9 qui se tiendra les 9 et 10 juin prochain au stade des Grands Prés à Chartres. Chez Warm TV on reste à l’affût de l’annonce prochaine pour vous tenir informé.
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