Tagada Jones
19 octobre 2020Alors qu’aujourd’hui les précommandes pour le nouvel opus sont disponibles, nous avons pu nous entretenir avec Niko, le chanteur du groupe breton Tagada Jones, pour parler de cette très prochaine sortie.
Marc-Antoine : Bonjour Niko, et merci pour le temps que tu accordes à Warm TV. Dans un premier temps, comment allez-vous, toi et le groupe à l’approche de la sortie de ce nouvel album ?
Niko : Ça va plutôt très bien, même si on a un peu eu ce regret majeur d’annuler notre tournée mondiale. De septembre à mi-novembre on faisait le tour du monde. Un départ de Paris, pour revenir à Paris, avec dans la boucle presque tous les pays qu’on a déjà faits, et d’autres encore. C’était vraiment une très grosse tournée qu’on avait prévu depuis près de deux ans. C’est comme ça, tout est annulé. Là on est dans la promo de la sortie de l’album. Avec cette ligne de mire des dates qu’on doit faire, qui s’échappe semaine après semaine. On doit jouer, puis ça se reporte, et se reporte encore.
NOUS avons décidé de maintenir les deux dates du Trianon. Parce que pour avoir discuté avec pas mal de gens sur le net et pris la température, il y en a quand même une large majorité qui veulent venir au concert quoi qu’il arrive. Même si c’est en place assise. Nous on a donc pris la décision, que si les conditions le permettent, et ça, comme on l’a vu, ça change tous les jours, de maintenir les 27 et 28 novembre, en place assise. On voit ça comme des concerts exceptionnels, avec un peu plus de spectacle. Il y a des choses qu’on va bosser un peu sur scène pour agrémenter tout ça. Mais on ne se voit pas du tout faire une tournée comme ça. Là, le gros de la tournée vient en avril. On a 23 dates juste sur ce mois-là. Et pour le moment on est dans l’incertitude la plus totale.
M-A : L’enregistrement de l’album était prévu pour 2020 depuis un moment déjà. Est-ce que le confinement a modifié les plans pour cet enregistrement ?
Niko : Un peu, mais pas tant que ça. On avait prévu de faire l’enregistrement en deux parties. En février, on a enregistré un bon tiers de l’album tout à fait normalement. La deuxième session devait avoir lieu début avril. Elle a été reportée au post confinement, mais on a quand même continué à avancer. Fin avril on a enregistré les derniers morceaux. Finalement à part un mois de décalage, il y a eu peu de changements. Moi j’ai écrit un peu d’autres textes et réécrit une chanson complètement. Au départ il y avait d’autres paroles sur « A Feu et à Sang » et ce qui est assez drôle, c’est que ça a aussi changé le titre de l’album. Il devait s’appeler « Hors Normes ». Et quand j’ai écrit « À Feu et à Sang », j’ai dit aux gars que je trouvais que le titre correspondait mieux à tous les niveaux, aux autres morceaux de l’album, à la situation mondiale actuelle, l’urgence sanitaire, l’urgence sociale, etc..
M-A : L’album va sortir le 30 octobre, est ce que c’est la date qui était prévue à l’origine ?
Niko : Alors, non, on devait sortir l’album courant septembre, juste avant la tournée mondiale. Et du coup la date n’a jamais été fixée. On pensait l’annoncer courant mars, justement quand tout a commencé. Après on s’est aussi posé la question « Est ce qu’on repousse la sortie ? ». Je pense qu’il y a pas mal de groupes qui ont repoussées les leurs à 2021. Et puis on s’est dit que c’était con. Que l’album était là, il était fait. Attendre de pouvoir jouer les morceaux sur scène, ça n’empêche pas que l’album sorte, que les gens découvrent les nouveaux titres.
Aujourd’hui je suis en train de faire des interviews. Habituellement à cette période, on relance les concerts, on fait une résidence. Là il va y avoir un décalage. Et puis si on avait décidé de le sortir au mois de janvier et qu’en janvier il y ait toujours la covid et qu’il faille encore le repousser.
Tu sais je crois qu’on a déjà été saoulé de repousser le festival anniversaire trois fois. Du coup on s’est dit : « Allez l’album on le sort et puis basta ! »
M-A : Vous avez enregistré l’album dans ton studio, E-Factory. Et Pour cet enregistrement vous avez fait appel à « Mazarin », qui a déjà fait ses preuves auprès de groupe comme Lofofora ou actuellement les No One is Innocent. Comment s’est passé cet enregistrement avec lui aux commandes ?
Niko : Alors déjà, pendant le confinement, j’avais enregistré mes voix et mes guitares pour m’avancer. Lui est venu essentiellement faire le basse/batterie. On avait déjà travaillé les pré-prods ensemble. En fait il est venu « mettre le sel » sur les morceaux. Il n’a pas changé fondamentalement les titres, mais il a amené plein de petites idées, un avis extérieur sur des petits plans. Ça a été vraiment concluant, mais on le connaît depuis très longtemps. Et toutes les dates avec No One, ça nous a pas mal rapproché. Il a beaucoup été sur la tournée du Bal (des Enragés. Ndlr.), ça nous a donné envie de travailler ensemble. Et pour la petite histoire, c’est moi qui les ai remis en contact avec Lofofora, puisqu’ils n’avaient pas travaillé ensemble depuis « Dur Comme Fer ».
Et oui, ça c’est super bien passé, on a pris un super temps ensemble. Forcément, à chaque fois que tu travailles avec quelqu’un en plus c’est toujours intéressant. Il te ramène des idées supplémentaires, et puis l’union fait la force, c’est bien connu. (rires)
M-A : Sur ce nouvel album on trouve pas mal de styles différents. Je pense par exemple au morceau « Le Dernier Baril » dont le clip va sortir prochainement (le 15/10/2020).
Niko : Alors, on avait une soirée sur Paris pour la sortie du clip, mais on a dû l’annuler et on se pose la question de décaler la sortie d’une semaine. Mais de toute façon ça sera avant la sortie de l’album.
M-A : En ce qui concerne le clip justement, où avez-vous tourné et qui sont les Bidons de l’An Fer ?
Niko : Je vais répondre aux questions dans le désordre. Les Bidons de l’An Fer, ce sont des mecs de Vendée qu’on a rencontrés au Festival de Poupet et qui devait déjà venir en avril cette année. Ils devaient faire quelques morceaux avec nous, avec le tribute Bérus et faire des interventions pendant les changements de plateaux sur les concerts extérieurs. Les gens connaissent bien les Tambours du Bronx. On va dire que c’est une autre troupe mais beaucoup moins connue. En plus on a des amis en commun, notamment Thomas, qui gère ça et qui s’occupe aussi du Festival de Poupet.
On a été extrêmement déçu de ne pas pouvoir faire cette édition, et lui aussi. Et c’est vrai que dès le début, je leur avais dit qu’il y avait des titres, et notamment un, où on allait avoir besoin de leurs services. Dès qu’on s’est dit qu’on allait tourner le clip, je les ai appelés. Évidemment ils ont dit oui et ils sont tous venus.
Pour le décor, là, on a tourné dans les ateliers de Monic La Mouche. Et c’est pareil, Hugo ; (Hugo Bonnet membre de l’association Monic La Mouche, ndlr.), c’est un très vieil ami, on le connaît depuis plus de 20 ans. C’est lui qui s’occupe en grande partie des décors du Hellfest, la warzone, etc. Et du coup c’est dans leurs ateliers, avec plein d’éléments de décors qu’on a tourné le clip.
Pour te répondre un peu plus sur le côté hétérogène de l’album, c’est vraiment ce qu’on souhaitait. Et là, et moi je le dis haut et fort, à force d’avoir été déçu, voir extrêmement déçu par des albums de groupes que j’aime bien. Où je trouve qu’ils se parodient eux-mêmes. Que ça devient la parodie d’une parodie. Pour beaucoup d’entre eux, leur album culte date d’il y a 15, 20 voire 25 ans, et derrière tu n’as que des albums qui s’empilent. Album dont tu oublies tous les titres. Tu ne retiens rien…
Voilà, j’avais vraiment aucune envie de ça. Du coup on a pris le parti de prendre des risques, notamment dans le style d’écriture. Je donne pour exemple « Nous avons la Rage », que les gens connaissent déjà puisqu’on a sorti le clip en premier. C’est un morceau que j’ai écrit en me forçant à faire des choses différentes. Ne pas tomber dans la facilité. Parce que c’est vrai qu’avec le temps, tu as ton style, ta façon de faire. Et si tu te pousses pas un peu au derche, tu refais facilement la même chose. Et c’est vrai pour tout le monde. Donc je me suis forcé à écrire de manière différente. Pour « Nous avons la Rage« , j’ai mis un beat hip hop, et j’ai écrit mes paroles dessus. Donc forcément, le phrasé et le découpage sont totalement différents. Et ce qui est rigolo, c’est que ça a tellement plu aux autres, qu’on a gardé une partie. Le break du milieu, c’est exactement ce sur quoi j’ai commencé à travailler le titre. Ça c’est un exemple, mais il y a plein de choses qu’on a travaillées comme ça, de manière « prises de risques ». Je dirais que sur la vingtaine de titres qu’on avait pour l’album, il y en a une dizaine où on a pris des directions un peu différentes, une autre façon de travailler. Et en fait, ils sont tous sur l’album. C’est plutôt les morceaux plus classiques qu’on a décidé de pas garder. Et pas que nous 4. Il y a des gens de Rage prod, de Rage tour, on était une trentaine à donner un peu notre avis sur les titres. Et donc, tous les morceaux un peu « prise de risque » ont été gardés. Ça accentue l’effet hétérogène de l’album, et moi ça me fait extrêmement plaisir. Plutôt que d’avoir tous les morceaux qui se ressemblent, je préfère avoir des morceaux qui soient différents.
M-A : Sur « La Peste et le Choléra », vous aviez expérimenté les chœurs sur certains titres. C’est à nouveau le cas sur cet album. C’est quelque chose que vous avez apprécié ?
Niko : Des chœurs, on en a toujours mis un petit peu dans Tagada, sauf que ça a vraiment explosé avec le dernier line-up, parce qu’il faut que les gens soient à l’aise pour chanter. Boiboi, le batteur d’avant il ne chantait pas du tout et il ne voulait pas chanter, Seb ne chantait pas du tout, Stef chante un peu, mais il est un peu plus limité. Alors que Job et Waner chantent beaucoup. Ça n’est que la continuité logique. Et on est tous content de continuer à chanter. Forcément, on développe ça. Quelque chose qui te plaît, tu continues dans cette voie-là.
Donc on l’a pas mal utilisé. En fait, on aime tous ça. Et je pense même qu’on en aurait mis plus avant. Toi qui connais bien les albums précédents, tu verras qu’on a essayé d’en mettre. Il y a des tentatives de mettre ce genre de chœur. Mais en live ça rendait pas pareil. C’était limité.
M-A : On a découvert la tracklist de l’album en même temps que les précommandes des CD et vinyl. On découvre que Didier Wampas est en guest sur le titre « Elle voulait pas ». Pourquoi ce titre en particulier ?
Niko : C’est très simple. J’ai appris à jouer de la guitare sur un morceau des Wampas. Et parmi tous les gens avec qui on n’avait pas fait de featuring, il y avait les Wampas. Donc, un peu à l’instar de « Karim et Juliette », qu’on avait écrit pour rendre hommage aux Bérus, ce titre est vraiment composé « à la Wampas ». Les paroles sont plutôt rigolotes à la Wampas. Le morceau est plus rock. Évidemment il y a du Tagada dedans, comme il y a du Tagada dans « Karim et Juliette ». Mais le morceau a été écrit vraiment pour être joué et chanté avec lui.
M-A : Tu parlais des Bérus et j’y viens justement. Est-ce que le titre « La Biche et le Charognard » ne serait pas la continuité de leur morceau « Hélène et le sang » ?
Niko : Alors oui c’est une suite. En fait si tu veux, ce que je trouve, c’est que nous-mêmes, et malheureusement, on est obligé de reprendre des sujets qu’on abordait il y a 20, 25 ans, qui n’ont pas évolué ou négativement. Notre colère reste toujours la même sur pas mal de sujets. Et aujourd’hui on s’est rendu compte, et notamment avec le confinement d’ailleurs, que les violences conjugales avaient augmenté. Tu vois le rôle de la femme est toujours un peu sous-estimé. Il y pas mal de choses qu’on doit faire, un paquet de machos dans notre pays. Ça fait longtemps qu’on chante des morceaux « féministes ». Enfin c’est pas des morceaux féministes, ça serait un peu fort. Mais au moins pour la défense des droits de la femme. Ce titre-là, il en fait partie. C’est un clin d’œil, une fois encore aux Bérus, parce que c’est un sujet qu’eux abordaient déjà il y a 30 ans. Et en fait il se passe toujours un peu la même chose. Avec ce que j’ai rajouté et qui est important pour moi sur ce titre-là. Il y a un second plan, qui est la critique de l’attentisme des gens. On est tous un peu fautif aussi, parce qu’on a toujours vu, un jour ou un autre un geste déplacé, ou des paroles déplacées d’un homme envers une femme. Et le fait de ne rien dire et ne rien faire, malheureusement, participe un peu à tous ces actes. C’est vraiment aussi ce que j’ai voulu dénoncer sur ce titre-là. Il y vraiment un second plan sur les paroles.
M-A : Alors justement, tu parlais d’anciens titres et de sujets d’actualités qui durent depuis des années, le morceau suivant, « L’addition », me fait penser au niveau des paroles, à « Ecowar » que vous avez composé en 2003.
Niko : Oui, on est amené à reparler de thèmes parce que les choses ne changent pas tant que ça. Et puis j’ai vraiment été optimiste sur la question de l’écologie. Je pense qu’il y a vraiment une prise de conscience. Qu’elle est vraiment là. Là je veux remettre le doigt dessus, remettre la lumière sur ce sujet-là parce que je trouve qu’on est beaucoup écouté par des jeunes. De toute façon cet album il s’adresse aussi beaucoup à eux. C’est pour ça qu’il y a « Nouvelle Génération ». Il y a vraiment un message pour que les jeunes reprennent le flambeau. Et le choix de l’album n’est pas anodin non plus. Il s’appelle « À Feu et à Sang », parce que c’est l’état actuel de la planète. Et pas que sanitairement parlant. Nous, on nous disait : ça va être la merde, ça va être la merde. Eux, ils sont dedans. Eux vont bien être obligés d’agir ! Parce que la planète, on leur laisse comme ça. Donc c’est un peu dans ce sens-là où je trouvais important d’en remettre une couche. Et ce titre-là, il a aussi un peu changé. J’ai fini les paroles pendant le confinement. Je trouve que le côté un peu local est à mettre en avant. Dans « Ecowar », en gros je disais un peu que c’était pas important de payer le prix, si ça payait la qualité. La qualité à un prix et on ne peut pas le nier. À vouloir faire du pas cher, on bouffe de la merde. Et ça c’est la réalité. C’était ça le thème principal de ce morceau. Dans celui-ci, j’axe aussi sur le côté local. Parce que c’est bien de manger bio. Mais acheter du bio, si ça vient d’Espagne ou de l’autre bout de la planète, ça n’a aucun sens. Il faut acheter local, à côté de chez toi. Et je pense que j’ai vraiment appuyé là-dessus sur ce titre.
M-A : Est-ce que tu as une anecdote d’enregistrement qui te vienne en tête à nous raconter ?
Niko : Alors pour l’anecdote, la maison, le studio, pendant le confinement, c’est la même chose. Et comme on a dé-confiné un peu avant tout le monde, il y a plein de copains de mon fils qui passaient. Au final, il y a toute une ribambelle de ses potes qui se sont retrouvés à faire les chœurs sur plusieurs titres. Voilà, on a fait les chœurs avec eux sur les 5, 6 heures du matin sur des fins de soirée. C’était assez rigolo.
M-A : Tu m’as parlé de la tournée mondiale tout à l’heure qui est donc annulée pour 2020. Est-ce que vous envisagez de la reprogrammer, peut-être même en 2021 en fonction des différents pays et de leur gestion de la crise ? C’est peut être compliqué de l’envisager pour l’année prochaine ?
Niko : En fait, c’est déjà prévu que ça n’arrivera pas en 2021. On le sait déjà. C’est tellement long à mettre sur pied. Et même nous, on a déjà pas mal de dates de prévues. On ne sait pas si elles se feront toutes, si certaines se feront. Personne ne sait rien. On ne va pas, nous, se remettre à travailler sur cette planification-là tant qu’on ne sera pas sûr que ça peut avoir lieu. Là, on serait déjà obligé de le refaire au moins en 2022. Si on devait le refaire. Mais, même, aujourd’hui, plus personne n’est dans cet état d’esprit là, de monter des tournées. Faut attendre maintenant d’être sûr qu’on puisse rejouer.
M-A : Vous aviez aussi prévu une tournée des Zénith avec d’autres groupes de la famille Rage Tour. La soirée de Paris semble avoir été très positive. C’est encourageant de voir se remplir un Zénith pour soutenir la scène rock Française ! Quel ressenti as-tu sur ça ?
Niko : Alors, la tournée est toujours prévue. Puisque qu’elle a lieu fin 2021. Normalement on doit toujours la faire, mais on attend un petit peu. On ne va pas lancer la billetterie. En ce moment ça n’a pas vraiment de sens. Les gens, je pense qu’ils doivent en avoir plein le « derrière » avec les concerts qui ne se font pas ou qui se repoussent. Donc on va attendre un peu d’y voir plus clair. Mais c’est toujours prévu pour 2021.
Et oui, on a tous pris du plaisir à le faire, (le Zénith de Paris, ndlr.) notamment parce que c’est aussi différent comme concert. Les gens ont l’habitude de nous voir dans des salles de 300 à 1500 places on va dire. Ça c’est notre lot commun. De temps en temps en festival, ça change. Et puis là, oui, ça fait un concert différent. Ça nous permet de mettre en place un spectacle un peu plus gros. J’exagère, mais c’est un « mini Hellfest » si tu veux. L’effet Hellfest pour nous, et je le dis souvent, c’est qu’on voit les gens en concert toute l’année à travers toute la France. Et c’est un petit peu comme si les rôles s’inversaient. Les gens viennent voir les groupes au Hellfest, et tu retrouves tout le monde d’un coup. Bah là c’est un mini Hellfest pour nous. Il y a plein de gens de toute la France qui viennent nous voir. Ils sont contents de se retrouver, nous on est contents de les voir. Ça fait un plus gros concert, et ça change des habitudes. Ça veut pas dire qu’on aurait envie de faire que des Zéniths. Mais c’est bien aussi de temps en temps. Une plus grosse tournée, à plusieurs, parce qu’à plusieurs on est plus fort, c’est ce que je dis tout le temps. Et tu fais bien d’en parler. Quand tu contactes des Zéniths, tu te rends compte que ça n’existait pas. Des groupes de rock français un peu dur qui se mettent ensemble pour les faire, personne ne l’avait jamais fait. Donc oui l’idée est toujours là, si cette fichue covid ne nous empêche pas de le faire.
M-A : Maintenant que l’enregistrement est terminé, mis à part répondre à des interviews, que fais-tu de tes journées ?
Niko : Alors en ce moment, oui, j’ai pas mal de boulot sur la promo. On a beaucoup d’interviews, et comme c’est moi qui les fais quasi toutes, j’en ai pas mal. Avant ça il y a eu toute une phase. Comme tu le sais je bosse beaucoup pour Rage Tour au booking. Donc il y a eu énormément de boulot, de report, de report de report. C’était travailler pour « dé-travailler », pour ensuite retravailler ce que tu avais « dé-travaillé » et déconstruit.
Bref, ça n’a pas de sens, mais en plus ça prend du temps. C’est ça qui est fou ! On devait décaler les dates. Là on en est déjà au deuxième report. Jusqu’ici, je n’ai pas eu de moments où je n’avais rien à faire. Là, il y a encore toute la promo. Une fois que ça sera terminé, il y aura la PAO, parce que j’en fais beaucoup pour le groupe. Je me suis occupé des visuels, des t-shirts… Ça aussi, ça prend beaucoup de temps. Mais on arrive un peu sur la fin de tout ça. On va dire que jusqu’à fin octobre, la date de la sortie de l’album, on va encore être bien occupés. Avec les clips qu’on a tournés aussi. Mais après, effectivement, il faudra quand même que les concerts reprennent. Sinon, on aura plus grand-chose à faire.
M-A : Tu parlais justement des visuels du groupe. Que peux-tu nous dire sur la pochette de l’album ?
Niko : C’est clairement un petit clin d’œil à Banksy. On voulait déjà faire une pochette street art pour l’album précédent. On n’était pas convaincu du résultat, donc là l’idée est forcément revenue sur le tapis très vite. Et on galérait un petit peu avec « Hors-Normes ». Comment illustrer « Hors-Normes » ? Et quand j’ai proposé à tout le monde d’appeler l’album « À Feu et à Sang », toute de suite les idées ont fusé. C’était beaucoup plus simple d’illustrer la pochette. Cette idée de la petite fille, ça représente assez bien le contenu de l’album aussi. On parle pas mal de la future génération, elle la représente. Cette espèce de cadeau qui lui reste entre les mains qui est un bidon de pétrole. Ce qui peut représenter le dernier baril. Qui représente aussi tout le côté toxique et non-écologique de tous ces produits-là.
On trouvait que c’était très parlant. On a tout de suite trouvé l’idée, et ça a marché tout de suite. Comme quoi, quand ça veut pas, ça veut pas. Et il ne faut peut-être pas continuer à essayer de prendre une direction quand ça marche pas. Là, ça a été très simple et très vite. C’est nous qui avons donné le cahier des charges à Jean Le Boulanger qui a dessiné les trois quarts. Après, j’ai aussi aidé un peu graphiquement à terminer, notamment sur le visage surtout. Et après ça j’ai continué tout ce qui était mise en page et toutes les déclinaisons.
M-A : Est ce que vous avez d’autres projets pendant ce « Couvre-feu » culturel ?
Niko : Non, pour le moment on n’a pas d’autres projets. Enfin si, Job a un autre groupe à côté pour lequel il sort un clip.
Mais sinon non. Ça prend quand même du temps, l’album, l’enregistrement, tout ça. Pour nous, mis à part le fait que là, on ne joue pas et qu’on devrait commencer à jouer, jusqu’ici tout était « normal ». La première phase du confinement ne nous a pas vraiment impactés, à part un mois ou un mois et demi de retard. Si éventuellement on nous dit maintenant que pendant 6 mois à un an on ne va pas pouvoir jouer, forcément, il y aura des choses qui vont en découler. Mais pour le moment, on est quasiment dans une espèce de planning « normal ».
M-A : Tu parlais du Trianon tout à l’heure. Si vraiment ça se fait, en fonction des conditions sanitaires qui sont imposées, ce serait probablement un événement assis. Reste-t-il des places ?
Niko : Il n’y en a plus beaucoup de dispos. Encore un petit peu, mais la jauge fluctue en fonction des annonces sanitaires. On avait mis les places en vente en février, et c’était bien parti. Mais depuis le mois de mars il n’y a plus aucune place qui se vend, et pour aucun concert. À la jauge à laquelle on aurait le droit aujourd’hui, le samedi était presque complet et il restait un petit peu plus de places pour le vendredi. Mais oui, si on annonce qu’on fait les dates, elles risquent être complètes.
M-A : Quels sont les disques qui tournent actuellement sur ta platine ? Quelles découvertes musicales as-tu faites dernièrement ?
Niko : Actuellement celui qui tourne sur ma platine, c’est le disque de nos amis de La Phaze, « Invisible(s) », sur lequel j’ai fait un titre aussi. C’est vraiment un groupe que j’ai toujours bien aimé, des supers potes. Et ils viennent juste de sortir cet album…
Ah non, il est peut être même pas encore sorti. (Niko cherche.) Non, il est pas encore sorti, il sort le 9, ce vendredi. Bon et bien j’invite les gens à le mettre quand il sortira.
M-A : As-tu un mot de la fin pour cette petite entrevue ?
Niko : Écoute, je donne rendez-vous à tout le monde. On a très hâte d’aller rebrûler les planches. Si on fait de la musique, avant tout c’est évidemment pour partager avec le public. C’est notre leitmotiv. Quand on compose un album, c’est afin d’aller le jouer sur scène. Et là, on brûle d’impatience !
Entretien avec Niko le 05/10/2020 autour du nouvel album « À Feu et à Sang ».
Journaliste : Marc-Antoine Beuret.
Transcription et synthèse : Erwan Meunier.
Correction : Sophie Ollagnier.
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