Cernunnos Pagan Fest 2020
17 juin 2020Jour 1
Près de la capitale, à quelques arrêts de RER, se tiennent chaque année des festivités en l’honneur du dieu Cernunnos… Si vous n’êtes pas familiers avec ce nom, laissez-moi éclairez votre curiosité. Déité gauloise, celui qu’on surnomme « le cornu » protège sans surprise la forêt et les animaux. Mais son pouvoir ne s’arrête pas là ; il est également la divinité de la virilité (se rapprochant ici de Pan son voisin grecque) et des richesses, que l’on peut honorer avec du lait ou du vin. Je vous laisse deviner quelle boisson était privilégiée pendant le festival…
Pendant deux jours donc, l’hypocras, l’hydromel et la bière désaltèrent les festivaliers en quête d’épopées païennes. Et autant vous dire qu’ils ont le choix ; 20 groupes s’y sont présentés, venant parfois de très loin pour l’occasion.
Unamed Season a ouvert le bal, et chose peu commune en festival pour un premier concert, il faut l’avouer, la salle était déjà bien remplie. Ce duo composé d’une chanteuse lyrique et d’un guitariste (Temple of Baal) dénote légèrement dans l’univers de Cernunnos. Le côté Jazz noir, baroque, m’ont vite sauté aux oreilles, le tout accompagné d’une voix suave et de rythmiques lancinantes et planantes. Bien que le mélange soit inattendu, cela fonctionnait bien avec l’atmosphère d’épopée féérique à la Loreena McKennitt. Seul bémol, les voix manquaient parfois d’assurance, ce qui fragilisait le tout.
Unamed Season
Une fois le concert terminé, il ne faut pas trop s’éterniser dans la salle si on tient à être à l’heure pour le suivant. On quitte donc l’abreuvoir pour se diriger vers la Halle (une légère impression d’être du bétail ?) ou Prima Nocta n’attend que nous. Habitués du festival et des fêtes médiévales en général, les musiciens sont ici chez eux. Cela expliquerait peut-être ce mélange entre concert et one-man show, au grand bonheur de l’audience d’ailleurs. Les belges n’ont pas eu de mal à réveiller les quelques endormis avec leurs puissants tambours et cornemuses, invitant aux danses endiablées. Pas de chant ici, mais des instruments qui content tout aussi bien des histoires merveilleuses… Avec, il ne faut pas l’oublier, un petit passage à la guitare électrique pour satisfaire ceux en quête d’une ambiance plus metal.
Prima Nocta
Pour les païens à la recherche d’une ambiance plus mystique, propice aux rites divers, Vermilia était présente pour satisfaire leurs attentes. C’est la culture nordique qu’elle met à l’honneur, ses morceaux étant en finnois et traitant de ce rapport entre la vie, la mort et la nature. Sa voix se prête aussi bien à des sonorités éthérées renforçant un côté ambient, qu’à des growls bien ancrés et puissants.
Vermilia
Continuons avec les voix féminines, cette fois au caravansérail. Cet endroit est un incontournable du festival, mais nous y reviendrons plus tard. Des harpies (ou plutôt « Les harpies ou chiennes de Zeux ») sont apparues aux festivaliers, le temps de quelques chants aux mélopées angéliques. Nous sommes ici bien loin de la description peu flatteuse habituellement attribuée à ces hybrides mi-femmes mi-oiseaux. Cet ensemble féminin nous ouvre les portes de diverses mythologies ; les harpies devenant alors messagères des contes divins…
Black Messiah
Si ces histoires vous laissent sur votre faim, je vous propose de retourner dans la salle de l’abreuvoir où nous attend In vino veritas (nom d’ailleurs très adapté à l’esprit du festival). Cette troupe venue d’Italie nous raconte, par ses musiques ou les costumes élaborés de ses membres, des histoires merveilleuses sur fond de mélodies medieval-folk. On peut sans mal reconnaître quelques morceaux incontournables comme Ai vist lo lop ; l’utilisation d’instruments acoustiques, dont certains encore très associés aux musiques traditionnelles (comme la vielle à roue), ne fait que renforcer ce sentiment de voyage dans le temps, où les troubadours se déplaçaient de village en village pour divertir les habitants.
In Vino Veritas
Bon ok ça fait quelques groupes déjà qu’on ne parle plus trop de metal, alors laissez-moi rectifier ça, avec un groupe que vous connaissez sûrement : Saor. Ce que propose Saor, c’est de plonger dans les Highlands, ces terres écossaises où le groupe puise son inspiration, dépeignant la foultitude de récits et légendes propres à ce folklore (oui oui vous inquiétez pas, la partie metal arrive). Cette part de folk se mêle à du black atmosphérique, propice aux pérégrinations, avec des sonorités très éthérées entrecoupées de passages aux mélodies plus claires rappelant les musiques traditionnelles. Et le mélange marche ; la salle semble suspendue dans le temps, le public semble conquis.
Saor
Après le concert, la nuit étant tombée, un autre type de festivités prend place. Dans l’obscurité se détachent des formes éphémères et luminescentes. Un spectacle pyrotechnique attire les visiteurs comme des insectes à un plafonnier (comment ça y’a mieux comme analogie ?) mêlant ambiance tribale et chorégraphie enflammée. Ce qui fait la particularité de ce festival, c’est qu’il attache autant d’importance aux concerts qu’à la partie animation de son programme. Ainsi on s’ennuie rarement si on souhaite reposer ses esgourdes entre deux concerts. On retrouve d’une année à l’autre quelques artistes (comme la troupe de Tribale fusion Heiwa Tribe qui propose spectacles et ateliers de danse), tout en ayant le plaisir d’en découvrir d’autres.
Rastaban
Heidevolk
La représentation terminée, il serait dommage de rater le prochain groupe, à savoir Heidevolk… J’avais personnellement hâte de les découvrir sur scène après avoir écouté leurs albums en boucle pendant les dernières semaines. Le groupe, déjà familier avec le Cernunnos (plutôt avec les premières éditions), a été chaleureusement accueilli par le public (à en juger par la taille des pogos). L’ensemble de voix claires résonne comme des chants guerriers, se donnant du courage pour la bataille. C’est un sujet que l’on retrouve d’ailleurs dans beaucoup de leurs chansons aux côtés des hommages à la nature et à la mythologie germanique. Bref, tout ce qu’il faut pour faire un groupe de folk metal, avec, il ne faut pas l’oublier, des rythmes entraînants et des riffs puissants.
Anomalie
La suite des festivités se poursuit le lendemain car nous n’avons malheureusement pas pu rester pour les deux derniers groupes !