Motocultor 2019 – Jour 2

Motocultor 2019 – Jour 2

3 février 2020 0 Par Erwan Meunier

I Bless The Rain Down In Saint-Nolff

Oona Inked / Huhsh
15-18 août 2019

Oona Inked :
Quelle joie d’émerger d’une courte nuit au doux son de la pluie bretonne sur la tente, et de la voix suave, délicate, de quelques bouseux vociférant « apéro ! » et « harcèlement ! » à tout va. Les dits beuglements sont vite couverts par les balances des différentes scènes, il est temps de se préparer.
Une queues se crée au niveau des douches et du point d’eau, certains confondant les premières avec le second. À vrai dire, je ne comprend que partiellement l’envie de laver ses cheveux là où d’autres ont vomi leurs coquillettes la veille. La vingtaine de toilettes sèches arborant l’extrémité droite du camping reste condamnée depuis mercredi soir, dans l’incompréhension générale. Entre les tranchées de glaise et le peu de cabines à disposition, poser sa pêcher devient un vrai parcours du combattant.
C’est donc sur ce sentiment de légèreté que gueux et gueuses s’en vont en direction de Mars Red Sky. Après avoir clôturé le plateau de la Campstage la veille au soir, ils enchaînent sans tarder sur la Dave Mustage.

Wall of Death matinal devant Extermination Dismemberment
©Gwen Melin

Huhsh :
Plonger dans les bras de Morphée avec la musique de Mars Red Sky, qui se produisait sur la scène du camping la veille au soir, pour finir d ‘émerger au son de Mars Red Sky ! La boucle est bouclée, je pourrais presque mourir heureux, mais le plaisir est de courte durée, interview oblige. Eux passent de la scène du camping, plutôt minimaliste, à la Dave Mustage, et assure le show à leur image, avec humour et modestie et un son à faire s’écrouler les montagnes.

Cuir, Cuir…. Cuir, Mustasch !

De retour aux abords de la Dave Mustage, je profite de loin de la fin du set de Mustasch. Les suédois dont le dernier album, Silent Killer (2018), ne m’avait pas fait grande impression, s’amusent comme de grands enfants. Avec des jeux d’adultes, mais de grands gamins tout de même, s’abreuvant de Jack Daniel’s au goulot et baptisant abondamment les premiers rangs du-dit breuvage. Belle découverte pour ma part sur scène, je me replongerai dans leur discographie avec plus d’attention.

Au-Dessus – ©Gwen Melin

Oona Inked :
Après un Inferno Metal Festival et un Brutal Assault, les lithuaniens d’Au-Dessus s’en prennent au Motocultor pour la première fois. Vêtu de simples hauts noirs à capuche, le quatuor signé chez Les Acteurs De l’Ombre choisit une mise en scène sobre, épurée… Peut-être un peu trop, aucun backdrop, une staticité à toutes épreuves, un éclairage simple au possible – trois douches, les plaçant au centre de l’attention – le tout sur une setlist plutôt constante, anxiogène comme il faut. Sauf que c’est celle sur laquelle ils tournent depuis maintenant deux ans ! Allez, je suis mauvaise langue, ils ont remplacé II par X. L’intro est plus mélodieuse, sûrement plus accessible, et les riffs aériens se marient très bien au Black très codifié. Le reste de la prestation sera assez linéaire, c’est pourquoi je m’en vais chercher une place stratégique pour le groupe suivant.

Ladite place stratégique ne fut pas dure à trouver dans la mesure où personne ne se bousculait pour voire Not Scientists. Avec des membres de No Guts No Glory et Uncommonmenfrommars, le groupe lyonnais fondé en 2013 n’est pourtant plus tout jeune dans la scène punk-rock.
Je ne connaissais que peu leurs titres donc je ne m’étendrai pas trop. Entre des échanges de lignes de chant entre le bassiste et les deux guitaristes et un lightshow au top, ils dégageaient une forte cohésion et une énergie folle. C’était juste dommage de les voir se donner au maximum pour un public éparse, déjà, et partiellement réceptif. On reste sur un format très radio-friendly, mais ça caresse la fibre nostalgique du collège, sans le côté gnan-gnan. J’aime.

Nous accueillons à présent les grecs de 1000mods. Officiant depuis 2006, la
scène française est déjà familière avec le groupe, nous avions pu les percevoir à l’édition 2018 de notre cher Hellfest. À mi-chemin entre Stoner et Desert Rock, les héritiers de pointures telles que Kyuss ou Fu Manchu viennent redorer le blason de leur tout premier album, Super Van Vacation (2011), avec entre autres le titre éponyme, 7 Flies, et Vidage.
Je n’ai que peu accroché à ce dernier, car malgré la voix rocailleuse de Dani qui colle très bien au genre et une instru solide et dynamique, presque trois minutes d’un même riff en boucle, c’est plus que redondant. Une pause cidre, et on enchaîne.

Ils entament leur vingt-cinquième année d’existence, on ne présente plus ce groupe que l’on peut aisément considérer comme un des pionniers du Death mélodique et, plus largement, de la scène suédoise. Bien entendu, Soilwork attire du monde en dépit du mauvais temps.
Ils se concentreront essentiellement sur cinq de leurs plus récents albums.
Quelques die-hard fans autour de moi se sentiront un poil lésés de n’avoir eu aucun titre daté d’avant 2005. Outre cette légère déception, la prestation est sans bavure, et le son est d’une clarté rarement vue en festival. Que du bonheur !

Huhsh :
Vous prendrez bien une grosse gifle street punk avec The Casualties ? David (chant) et Jake (guitare) arbore l’iroquois de rigueur, l’un rouge, l’autre bleu qui réussissent l’exploit de se maintenir à la grande verticale malgré l’énergie et la sueur en spray qu’ils dispensent avec ardeur ! Refrains scandés en choeur, poing dressé vers le ciel, la messe punk hardcore est servie et le maître de cérémonie ne vous lâchera pas tant que vos rangeos ne sentiront pas la viande avariée, ce qui est finalement assez facile en plein Motocultor édition zone d’humidité…

Oona Inked :
Pendant que certains se battent pour se restaurer, je file profiter de mon dernier concert de la journée. Le mythique MAGMA reprenait les tournées au début de l’été, et les places se vendaient comme des petits pains. C’est ce soir l’occasion de revoir le groupe, avec tout de même un léger pincement au coeur de ne pas voir Didier Lockwood. Leur ancien violoniste, décédé l’an dernier, avait pu partager la scène avec eux une dernière fois lors de leur concert à l’Olympia en 2017.
C’est une agréable surprise que de voir autant de monde présent pour applaudir le groupe avant-gardiste, « l’ovni » de cette édition, en cette heure tardive. Mêlant rock progressif, jazz et chant choral, MAGMA mettra l’accent sur Mythes Et Légendes (1990) avec Theusz hamtaak, Wurda itah, et l’incontournable Mekanik destruktiw kommandoh. Un peu d’étrange douceur avant de recharger les batteries, littéralement et métaphoriquement.

Huhsh :
Un Fat Mike en grande forme et nuisette pour ne rien changer, prend d’assaut la Dave Mustage où les gobelets ne tardent pas à voler dans tous les sens. Peu importe, il suffira de regagner sa tente sous les trombes d’eau à l’extérieur pour rincer ce houblon tombé du ciel. Déluges de tubes, classiques et hits en puissance, rayer la mention inutile. Frisson sur Linoleum, extase Don’t Call me white et orgasme Lori Meyers. J’en connais qui vont prendre leur pied à l’Elysée Montmartre demain.

Je finis cette journée avec la folie punk imbibée de Turbonegro, presque autant que les festivaliers cuits à la 8.6 après cette longue journée. Ça se trémousse sous la Dave Mustage sans se soucier du déluge à l’extérieur. Mission rapatriement camping enclenchée avant de sombrer dans des ornières de la profondeur de la fosse des Bermudes.