[LIVE REPORT] Madame Robert
22 août 2019Groove n’ roll baby !
Présentation
1er août 2019. Samoëns petit village en pays de Savoie accueille le F’estival les pépites. S’il s’agit plutôt d’un événement local qui ne comporte pas de grosses têtes, notons tout de même qu’il est gratuit et jouit d’un bel emplacement en plein centre-ville. Une manière sympathique de promouvoir les groupes et de mettre un peu d’ambiance dans les montagnes.
Madame Robert :
Si le nom vous évoque une chanson du regretté Nino Ferrer précurseur du Jerk en France dans les années 60, alors vous êtes en bonne voie pour comprendre ce qu’est Madame Robert. Le line-up est composé de Reuno, symbolique chanteur de Lofofora au chant, Xa Mesa à la batterie et Stef Zena à la basse dernière section rythmique de Parabellum, ainsi que Léa Worms aux claviers et Julien Mutis de Harvest Blues Band à la guitare. ( A noter que Stef était présent avec Julien au sein du groupe ) . Leur premier album Comme de Niro est sorti en 2018. Et ils chantent exclusivement en français, ce qui fera le plus grand bonheur des frigides de la langue de Shakespeare.
Nota bene : Exceptionnellement JP était aux claviers en remplacement de Léa Worms qui attendait un heureux événement.
Dress code aux teintes violâtres, lumières assorties et petit air de dandy rock, le groupe monte sur scène devant une foule placide. Simple touristes ou locaux ? Peu importe, l’essentiel est de passer un bon moment. Pas besoin de jouer des coudes pour se frayer une place devant, l’avantage de jouer dans un petit patelin de montagne. Quelques gamins impatients, des retraités curieux derrière et des parents plus ou moins jeunes qui veillent sur leurs progénitures. Le public est multigénérationnel.
Paf le concert commence.
La première chose qui nous frappe est cette voix typée et si caractéristique de Reuno. Avec cette tessiture grave donnant une voix de crooner, le rythm’& blues et le groove s’avèrent être des choix bien mieux calculé qu’ils n’y paraissent. Passer du punk hardcore à Nino Ferrer ou Dutronc à de quoi surprendre. Mais en réalité, si un artiste à bien souvent du mal à s’épanouir autrement, c’est justement parce que le public lui rappelle sans arrêt ce pourquoi il est connu aujourd’hui. Aussi, il faut prendre Madame Robert comme un groupe à part entière et accepter pendant au moins 1h d’être plongé dans une autre époque et garder l’esprit ouvert sans faire d’amalgame avec leurs autres projets respectifs.
Musicalement le tout s’avère efficace, avec une basse légèrement dominante sur la guitare en terme de puissance. Les claviers sont un peu plus en retrait et plus discret sur scène car, ils se font plus facilement écraser par la puissance des autres instruments. Cela étant leur utilisation est plutôt bien équilibrée et ne fait pas tomber le groupe dans un too much de variété façon années 80. Le tout accompagné d’un batteur efficace et méticuleux. La complicité entre les musiciens s’en ressent d’ailleurs sur scène. Pas de manières ou de chichi. C’est la camaraderie qui prime.
Histoire de casser un peu la bonne ambiance le groupe va entamer un Schultzy blues en hommage au regretté Schultz, chanteur « du plus punk des groupes de rock’n’roll et le plus rock’n’roll des groupes de punk » Parabellum, disparu en 2015. Reuno démontre encore une fois qu’il semble capable de tout chanter. Bon, peut-être pas du lyrique, mais être hétéroclite est une grande qualité et encore davantage lorsqu’elle est maîtrisée.
Quand Nino Ferrer s’invite au Bal
Nous aurons même le droit à une superbe reprise du nom éponyme Madame Robert du grand Nino (Ferrer), ce qui sera probablement l’un des meilleurs moments du concert. Nous vous conseillons par ailleurs de prendre une piqûre de rappel en réécoutant son premier album « Enregistrement Public » sorti en 1966, histoire de bien saisir l’univers du gus.
Il est évident que Madame Robert n’est pas un groupe de débutant. Et ce n’est pas forcément qu’en raison des quelques années de vie qu’ils se trimballent derrière eux. Il y’ a une certaine aisance sur la scène, couplée à un sentiment d’habitude qui leur donne beaucoup d’assurance derrière les instruments. C’est un réel plaisir de voir revivre ces influences musicales d’un autre temps et de voir le groupe prendre un réel kiff sur scène.
Le groupe terminera son concert magistralement après avoir nous avoir joué La Reine de la jungle. Ne manquait que la superbe et plantureuse Divina présente dans le clip et qu’on aurait adoré voir sur scène pour conclure ce groove digne d’une soirée de cabaret sauvage.
Seule petite ombre au tableau qu’il faut néanmoins signaler : le public. Pas une très grande effervescence malgré un pied de ville bien rempli. Et pourtant le groupe était très actif, aussi bien de la part du chanteur que de la part des musiciens qui communiquaient avec la foule et se laissaient aller à quelques blagues potaches. Il y’ avait bien quelques applaudissements et quelques badauds heureux, mais rien de transcendant. Alors, pourquoi ? Nous ne le saurons jamais. Les montagnes sont peut-être plus ouvertes que leurs habitants.
To Conclued
Projet surprenant et plus ambitieux qu’il n’y paraît, il est aux antipodes de ce nous avons pu connaître de leurs membres. Madame Robert nous tombe dessus « comme un pavé … sur la gueule d’un flic », et nous ne pouvons qu’espérer qu’ils continuent sur cette lancée. Nous les y encourageons vivement. C’est du bon. Du très bon.
Un grand merci aux organisateurs du festival et aux bénévoles qui rendent la culture plus accessible à tous en proposant ce type d’événements.
https://ete.samoens.com/fete-et-manifestation/1/206644-f-estival-les-pepites.html
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