Batushka – Hospodi
7 août 2019 0 Par Erwan MeunierFormé en 2015, les Polonais de Batushka sont revenus cet été avec leur second album Hospodi. Bénéficiant d’une belle ascension dans la sphère black metal, le groupe a, en quelques années, défrayé la chronique par son concept et ses déboires juridiques. Actu people, ambiance religio-mystique et musique black metal entourent la nouvelle réalisation de Bartlomiej Krysiuk…
Retour sur la « (chaotic) success story » Batushka. Fin 2015, sous le label Witching Hour Productions (Au-Dessus, Vader, Graveland), Bartlomiej Krysiuk (chant) et Krzysztof Drabikowski (guitare) réalisent l’album Litourgiya. Surfant sur la vague du post black metal, les musiciens apportent leur pierre à l’édifice avec une musique inspirée par l’imaginaire religieux de l’église orthodoxe. Génies pour certains, poseurs pour d’autres, l’album crée néanmoins la surprise, propose une immersion à travers son atmosphère mystique et permet à Batushka d’être programmé dans les plus grands festivals européens (Wacken Open Air, Hellfest). Trois ans plus tard, par l’intermédiaire d’une vidéo postée en ligne, les fans apprennent que la rupture est consommée entre les deux artistes et qu’une action en justice est entamée pour l’utilisation du nom… S’ensuit alors une course contre la montre pour savoir lequel des deux protagonistes sortira en premier son album et incarnera le « vrai » Batushka. Une chose est sûre : le groupe est si empreint de religion qu’il a connu son propre schisme !
En sortant son disque deux mois plus tôt Drabikowski semble avoir gagné la première bataille. Cependant, Metal Blade Records a choisi le camp de Krysiuk. En plein été est donc sorti Hospodi, album inspiré par la liturgie de la mort, les prières pour les défunts et les rites funéraires liés à l’orthodoxie. Bien que cette atmosphère funèbre ne se ressente pas particulièrement à l’écoute de la musique, le premier contact avec la pochette rend compte de l’aspect morbide qu’a voulu explorer le musicien.
Les cloches de l’église Batushka sonnent. La voix résonne comme dans une cathédrale et se fait l’écho de cette nouvelle messe qui attend l’auditeur. Pendant plus de deux minutes, « Wozglas » apparaît comme une introduction nous plongeant dans ce nouveau voyage immersif avant les arpèges magnifiques et imposants de « Dziewiatyj Czas », titre lançant les premiers blasts du disque. Les riffs percutants et le premier refrain seront parfaits pour envoûter les salles lors des prochaines dates du groupe. Ce Hospodi marque une certaine évolution dans le choix du son et de la production. Face au précédent opus imposant l’atmosphère religieuse, l’orientation musicale du combo met, cette fois, en avant les influences black metal. Le second tiers de « Polusnosznica » nous renvoie par exemple dans la froideur chaotique de nombreuses formations norvégiennes avant de nous amener vers le sombre et lourd « Utrenia », parfait pour headbanguer lors des futures messes de Batushka.
Pendant une petite heure, l’écoute de l’album se fait sans difficulté. Les chœurs et les arrangements permettent aux atmosphères religieuses d’apparaître, de s’imposer et de transporter l’auditeur tout au long du disque. Revers de la médaille, il est difficile de s’orienter à travers ce voyage musical et de repérer des instants véritablement transcendantaux ou marquants. Après un « Tretij Czas » efficace mais peu envoûtant et original au niveau de sa composition, « Szestoj Czas » est, sans aucun doute le meilleur titre. Dès les premières secondes, l’intensité est retrouvée. La profondeur de la guitare, associée à l’aspect céleste des chœurs, font (re)découvrir les qualités de la formation polonaise et les raisons de leur aura. Placé en fin d’album, il donne néanmoins l’impression qu’il faille subir, ou vivre, l’expérience Batushka dans son intégralité pour pouvoir dégager des titres véritablement accrocheurs et de qualité…
En somme, Hospodi est un album agréable, facile à écouter pour celui ou celle qui a apprécié le premier opus, mais il est difficile de retenir quelque chose de véritablement novateur de ce nouveau chapitre. Litourgiya avait créé la surprise, Batushka suit la même recette mais, pour le troisième opus, le musicien polonais devra puiser dans les derniers recoins de son âme pour montrer qu’il n’a pas épuisé toutes ses idées. À la question de savoir qui est le vrai Batushka, l’écoute du disque de Drabikowski donne l’impression que la justice, l’industrie musicale et le génie créatif de ces musiciens montreront la voie. Affaire à suivre…
À écouter : « Dziewiatyj Czas », « Utrenia », « Szestoj Czas ».
Batushka – Hospodi
Metal Blade Records
Sortie le 12 juillet 2019.
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