Hellfest 2025 jour 4 : Dernière danse en enfer

Hellfest 2025 jour 4 : Dernière danse en enfer

26 octobre 2025 0 Par AL

Le soleil tape sur Clisson, la poussière s’élève déjà des allées et les premiers riffs résonnent : pas de doute, la dernière journée est lancée. Pour aujourd’hui le festival a frappé fort en alignant une affiche qui ne m’a laissé aucun répit. Retour sur une journée dense, marquée par des performances contrastées et mémorables.

ASHEN

J’arrive sur site vers 10h pour attraper le set d’Ashen, ce groupe dont tout le monde parle, rayonnant de joie sur la Mainstage du Hellfest.
Je connaissais peu leur musique, et pourtant, quelle pépite. Le mélange d’électro et de metalcore moderne est parfaitement maîtrisé, et le chanteur impressionne par ses capacités vocales.

À un moment, surprise totale : Will Ramos de Lorna Shore débarque sur scène et chante avec eux. Les neurones se connectent — sa copine adore Ashen, tout s’explique.

Le groupe profite à fond de l’avancée de scène installée pour Linkin Park, prévus en tête d’affiche le soir. Énergie débordante, transitions soignées, jeu de scène impeccable, et un look entre grunge et nu-metal qui claque.

Le concert file trop vite. Je note direct leur nom dans ma liste à écouter après le fest, puis me dirige vers l’autre Mainstage pour Novelists, pile à l’avant, avec une vue parfaite sur la scène et l’écran géant au-dessus.

NOVELISTS

Ils ne tardent pas : quelques minutes après Ashen, ils sautent sur scène !
Leur look est fun, surtout Camille Contreras (chant) avec ses longues tresses, sa jupe fendue, son haut noir et sa veste en vinyle futuriste. Ses bottes argentées attirent direct l’œil. Ils ouvrent avec “Coda”, de leur dernier album.

Et là, claque totale. Je savais qu’ils étaient bons en live, précis, travaillés… mais le voir, le vivre ? C’est autre chose. Camille passe des cleans aux saturés avec une aisance folle. Les musiciens assurent, tout en livrant un vrai show.

La chorégraphie de scène est millimétrée : chacun sait où bouger, tout en s’amusant. Rires, sourires, complicité — ils sont chez eux sur cette immense scène.
Entre les morceaux, ils prennent le temps de nous remercier. Et franchement, voir deux groupes français se succéder ainsi sur les Mainstage, ça fait chaud au cœur.

SIGNS OF THE SWARM

J’arrive sous la tente Altar, snack à la main, et je m’installe par terre le temps de grignoter avant un set d’une lourdeur implacable.
Je réussis à atteindre la barrière pour ce groupe que je rêve de voir depuis quatre ou cinq ans.

Le chanteur, David Simonich, débarque avec la dégaine typiquement américaine : marcel blanc et casquette de camionneur. Dès le premier guttural, la fosse explose, emportée par leur son massif et une présence scénique sans répit.
Les breakdowns s’enchaînent, précis et écrasants. Un vrai rappel que le deathcore a trouvé ses nouveaux patrons.
Formé en 2014, le groupe a pris une ampleur folle ces dernières années — leurs sons, toujours plus bruts, s’imposent désormais sans relâche sur la scène metal.


LORNA SHORE

Il fallait s’y attendre : Lorna Shore a tout anéanti sur son passage.
Des musiciens impeccables, et au centre, Will Ramos, véritable phénomène vocal. Il mène la danse avec une aisance presque surnaturelle.

Le set, construit comme une montée en intensité, alterne entre majesté symphonique et déferlantes de violence.


Quand les premières notes de To the Hellfire retentissent, la foule rugit, bras levés comme en cérémonie.
Rarement le Hellfest aura autant vibré à l’unisson — un moment cathartique, gravé dans les mémoires.


Shaârghot

Ensuite place au chaos organisé de Shaârghot, les monstres du metal indus français. Je suis partie un peu avant la fin de Lorna Shore, sachant que la foule pour Shaârghot serait déjà massive, et malgré ça, j’ai eu du mal à m’avancer vers l’avant.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le groupe a tout un lore : personnages, esthétique, histoires, et peint intégralement en noir (un virus du futur qui les transforme). Véritable performance théâtrale, leur concert plonge dans un univers cyberpunk post-apocalyptique : costumes déjantés, lumières stroboscopiques, décors futuristes. Musicalement, c’est un mélange unique d’EBM et d’indus à la Combichrist, Oomph! ou Eisbrecher.

Dès le début du concert :

La scène de l’Altar se transforme rapidement en pogo géant, collés les uns aux autres, sous une chaleur étouffante. Entre les Mantis, créatures aux mains-faux, et Skarskin, la “mascotte” du groupe, on en prend plein les yeux. Dès “Let Me Out”, le pogo s’emballe, et sur “Traders Must Die”, les slammeurs se multiplient : ça devient sportif, mais la scène déborde d’énergie et d’amour.

Shaârghot a à peine dix ans et déjà une fanbase énorme. Leur scène mériterait clairement une Mainstage. Chaque chanson est un gag, une histoire, une chorégraphie — bluffant à chaque passage.

Pour le final, Skarskin interagit avec le public : “Si vous voulez continuer tapez 1, si vous voulez partir tapez 2”. La foule hurle “UN ! UN !” et la première note de “Something in my Head” résonne. L’intro au synthé, en rythme avec les doigts de Skarskin, marque un final parfait, avec les Mantis de retour sur scène, baignée dans les lumières rouges et vertes si typiques de leur univers.

Un concert qui reste sans doute dans mon top 5 du festival.
Et je le répète : après avoir vu la foule devant la tente Altar, dépassant les 40 m et regardant sur un petit écran… ils méritent clairement une Mainstage. Je dis ça, je dis rien.


MOTIONLESS IN WHITE

Quand Motionless in White monte sur scène, l’énergie de la foule est déjà palpable. Des fans maquillés comme Chris Motionless (chant) s’étaient massés au premier rang depuis des heures, et leur patience est récompensée par un show magnifique.

Entre hits fédérateurs comme Eternally Yours ou Sign of Life, et passages plus lourds comme Slaughterhouse et Disguise, le groupe trouve l’équilibre parfait. La scénographie, avec jeux de lumière et visuels cyberpunk, renforce leur esthétique singulière : images pour les grands écrans, vidéos solo des membres, flammes en référence directe à l’artwork du dernier album Scoring the End of The World (2022).

Comme Spiritbox, certaines images sont rediffusées en direct avec des effets façon Matrix, pour rester dans l’univers du groupe.
Les musiciens sont à fond, sourient entre les chansons, clairement ravis d’être là.

Le pogo démarre dès Meltdown et ne s’arrête pas. Les slammeurs s’en donnent à cœur joie entre Slaughterhouse et Soft. Chris Motionless lance l’appel « One mutilation », le public répond « UNDER GOD ! » avant le breakdown — un moment plus que satisfaisant.

À plusieurs reprises, le groupe remercie le public. On sent leur gratitude d’en être là où ils sont aujourd’hui : des petites scènes du Warped Tour aux immenses festivals comme Hellfest, Wacken ou Graspop. Quel chemin parcouru !


HEALTH

Changement radical d’univers avec Health, venus de Californie pour un set plus qu’original dans ce festival metal. Leur mélange d’indus et d’électro bruitiste fait du bien aux oreilles.

Pas de pogos ici, mais des corps hypnotisés : certains restent immobiles, d’autres dansent au rythme des nappes sonores qui montent en intensité. Un set qui divise, mais offre une respiration étrange dans cette journée dominée par la violence sonore.


WALLS OF JERICHO

Il n’a pas fallu longtemps pour que la Warzone s’embrase avec Walls of Jericho. Candace Kucsulain (chant), toujours redoutable, mène la charge avec une rage intense. Immense et musclée dans son petit débardeur arc-en-ciel, elle impose chaque ligne comme une attaque.

Chaque titre envoie une gifle, la fosse en feu multiplie circle pits et pogos violents sous un soleil écrasant. Pas de fioritures, pas de mise en scène : juste du hardcore pur, brut et sans concession. Une démonstration de force qui rappelle que la scène hardcore reste un pilier du Hellfest.

Après ça, je peux enfin me poser avec une bière et quelques amis, en attendant les derniers concerts.


KNOCKED LOOSE

Difficile de passer après Walls of Jericho, mais Knocked Loose relève le défi avec une violence encore plus frontale. La scène quasi nue, avec cette immense croix illuminée — la même que sur la couverture de You Won’t Go Before You’re Supposed To (2024) — crée une expérience étrange.

Dès leur arrivée, leur hardcore moderne, abrasif et brutal retourne la foule en un rien de temps. Tout le premier rang, moi comprise, est en pogo et two-step déchaîné.
Les riffs tranchants et les cris de Bryan Garris déclenchent une folie collective, avec pits gigantesques et énergie débordante. Si quelqu’un doutait encore qu’ils sont des géants du hardcore, ce set dissipe tous les doutes. Leur explosion récente en popularité divise certains, mais pour la plupart, c’est un coup de poing énergétique constant.

Le guitariste devant moi, en débardeur et longue jupe noire, balance des accords brutaux tout en soutenant les screams. Les autres membres impressionnent par leur présence et leur son minutieusement travaillé. Voir Bryan Garris lâcher son typique « Yo, what the fuck is up? » m’a fait sourire, et entendre sa prouesse vocale, ça n’a pas de prix.

J’ai même hésité à me lancer dans le pogo, mais l’intensité des premiers rangs m’a fait reculer. Ce concert, avec KoRn, reste sans doute mes deux préférés du fest.

LINKIN PARK

Et puis vint le moment que tout le monde attendait : Linkin Park. Dès l’intro, une vague de nostalgie traverse le public. Les festivaliers reprennent chaque morceau, de Numb à In the End, comme un karaoké géant et un vrai moment de communion.

Le groupe rend hommage à Chester Bennington tout en célébrant sa nouvelle formation et ses nouvelles chansons, transformant la scène en un lieu de mémoire et de renouveau. Les larmes se mêlent aux sourires, pour un concert unique.

Emily Armstrong (chant), très malade ces jours-là, assure malgré tout. Contre le playback, elle donne tout, même si sa voix flanche sur les dernières chansons avant le bis. Mais au moment de “Heavy is the Crown”, elle lâche un scream de 17 s, rouge, veines saillantes, voix cassée — époustouflant.

Un final grandiose, chargé d’émotion et de souvenirs, qui marque les esprits bien au-delà de la musique.

Le mot de la fin, vu par Alaia et ses yeux tout neufs

Le festival se termine sur des feux d’artifice époustouflants, accompagnés de Thunderstruck (AC/DC), Raining Blood (Slayer) et In the End (Linkin Park), avec une vidéo récap du fest. Une dizaine de minutes de spectacle qui marquent un vrai moment d’émotion : ça y est, c’est fini !

Je prends le temps de réfléchir à ce marathon qu’a été le Hellfest 2025.
Un festival magnifique, le plus grand que j’aie fait de ma vie. Beaucoup de dispositifs pour faciliter la vie des festivaliers m’ont vraiment plu. Certains points sont perfectibles, mais on sent qu’ils s’améliorent chaque année.

J’ai pu rencontrer des amis virtuels, revoir des amis de longue date, découvrir des artistes que j’admire et faire de belles rencontres. Une première inoubliable, qui ne fait qu’accroître mon envie : y retourner.

Les photos de la fin, par Isis pour vous, les festivaliers (ses yeux ne sont plus si neufs !)

Votre journaliste, Alaia Philipps Ducau
https://www.instagram.com/baskgurrl

Votre photographe et journaliste Isis :
https://www.instagram.com/isis_picture_show

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