KATATONIA – « Nightmares as Extensions of the Waking State » : une Odyssée introspective et sensorielle

KATATONIA – « Nightmares as Extensions of the Waking State » : une Odyssée introspective et sensorielle

9 juin 2025 0 Par Céline Leclere
Couverture de l'album de KATATONIA - "Nightmares as Extensions of the Waking State"

Le 6 juin 2025, KATATONIA dévoilait son 13ème album studio, Nightmares as Extensions of the Waking State, via Napalm Records. Un opus marquant, non seulement sur le plan musical, mais aussi humain : pour la première fois depuis la création du groupe, Anders Nyström, guitariste fondateur, n’en fait pas partie. Son départ en mars 2025, après 34 ans de collaboration, marque une page qui se tourne.

D’une part, ce nouvel album incarne à la fois la continuité et la transformation. D’autre part, deux titres ont été dévoilés en amont : Lilac accompagné d’un clip officiel, et Temporal par une vidéo lyrique. En effet, tous deux témoignent d’une direction musicale cohérente : une mélancolie toujours palpable, des riffs lourds, des éléments progressifs, et un souci du détail sonore qui rend l’écoute profondément immersive.

Par ailleurs, « Nightmares… est un album très axé sur les riffs et les guitares », explique Jonas Renkse, le chanteur, fondateur et compositeur principal du groupe. « Quand je l’ai écrit, je savais que nous aurions deux nouveaux guitaristes. […] Vous ne voulez pas leur présenter des chansons composées à 60% de claviers. Peut-être même qu’inconsciemment, je me suis dit qu’il fallait que je trouve des riffs sympas pour qu’ils aient envie de rejoindre le groupe ! »

Enfin, l’album a été enregistré en octobre 2024 dans une ancienne église de la campagne suédoise appartenant à Tore Stjerna (MAYHEM, WATAIN, TRIBULATION) pour les parties de batterie, puis dans le propre studio du groupe à Stockholm pour le reste.

KATATONIA_Groupe_Photo
Katatonia ‘Nightmares as Extensions of the Waking State’ album official promotional photo via Napalm Records 2025. The band line-up: Jonas Renkse (vocals), Sebastian Svalland (guitar), Niklas Sandin (base), Nico Elgstrand (guitar), Daniel Moilanen (drums). Photo by Terhi Ylimäinen

Une entrée en matière percutante : immersion immédiate

Dès Thrice, on est happé. Guitares lourdes, rythmique appuyée, chant planant : la formule KATATONIA est intacte, mais avec une intensité renouvelée. Notamment, le breakdown à 2:20, accompagné de percussions tribales, apporte une touche organique, presque rituelle.

The Liquid Eye prend le relai, reprenant ces percussions tribales, mais dans un tout autre registre. Plus léger, plus mélancolique, avec une voix plus aiguë qui évoque parfois les inflexions spectrales à la GHOST. On y sent déjà cette oscillation permanente entre ombre et lumière, typique de l’univers du groupe.

Chœurs, mélodies et envolées : le cœur battant de l’album

Avec Wind of no Change, KATATONIA frappe un autre grand coup. Les chœurs donnent une ampleur presque sacrée au morceau. Les refrains puissants, portés par un solo de guitare habité, sont contrebalancés par des bridges aériens et dépouillés. Wind of no Change établit un lien entre le présent et les racines extrêmes du groupe : le bassiste Niklas Sandin et le batteur Daniel Moilanen imposent une pulsation gothique, tandis que Jonas chantonne « Hail Satan », dans un clin d’œil au passé plus sombre de KATATONIA. « J’avais ce riff en tête, et je trouvais qu’il avait un côté heavy metal, voire SLAYER« , raconte Jonas. « Et je me suis dit que je devrais peut-être écrire quelque chose de satanique, parce que je n’ai pas vraiment touché à ça avec KATATONIA depuis notre première démo. »

Lilac, qui évoque le désir d’oublier des souvenirs douloureux, reste dans cette veine, mais avec un jeu de contrastes saisissant. Riffs courts et légers, puis soudain lourds et puissants. Les synthés discrets ajoutent une profondeur à peine perceptible, comme un soutien invisible aux notes. C’est un morceau qui touche au cœur, viscéralement.

Temporal résonne comme un point d’ancrage. Sa batterie aux sonorités claires, mise en avant, et son intensité semblent dialoguer avec Thrice, comme un rappel thématique.

Le creux contemplatif : apaisement et dérive sensorielle

Sans rupture, Departure Trails s’enchaîne directement. Très calme, presque cotonneux, il agit comme une pause bienvenue. Warden, plus dynamique, vient relancer la mécanique tout en jouant avec les contrastes en arborant l’un des refrains les plus pop jamais écrits par le groupe. Un bridge calme permet de respirer avant la relance finale.

The Light Which I Bleed reprend une dynamique pop et enjouée, avec une voix qui nous emmène ailleurs. Le morceau se clôture avec un fade-out progressif qui nous fait glisser vers la suite de l’album.

Le virage inattendu : une respiration en terre inconnue

Efter Solen, un morceau ambiant coécrit avec Joakim Karlsson (PROJET KORDA), sonne comme une parenthèse enchantée. Chanté en suédois – seulement pour la deuxième fois dans l’histoire du groupe -, c’est un morceau piano-voix qui tranche radicalement avec le reste de l’album. Nous pouvons entendre comme des battements de cœur étouffés en fond, ce qui apporte une fragilité poignante au morceau. C’est une bulle, une respiration douce, presque hors du temps. Des touches de synthé et d’effets électro viennent compléter cette balade lunaire. On sort de KATATONIA, tout en y restant. « Lorsque j’ai terminé la chanson, j’étais tellement habitué à l’entendre en suédois que j’ai dû écrire le reste des paroles comme ça », raconte Jonas.

Un final à double tranchant : retour et montée en puissance

In the Event of vient clore l’album avec subtilité. Une mélodie lancinante berce l’auditeur, dans un balancement presque hypnotique. La voix claire porte des lignes discrètes, lointaines, qui montent en puissance. Refrains puissants, couplets feutrés – et une fin brutale et abrupte. Le morceau tout entier est un crescendo maîtrisé.

Katatonia ‘Nightmares as Extensions of the Waking State’ album official promotional photo via Napalm Records 2025. The band line-up: Jonas Renkse (vocals), Sebastian Svalland (guitar), Niklas Sandin (base), Nico Elgstrand (guitar), Daniel Moilanen (drums). Photo by Terhi Ylimäinen

Nightmares as Extensions of the Waking State est une traversée intérieure. Entre tension, relâchement, contemplation et rage contenue, KATATONIA continue de sonder les profondeurs de l’âme humaine. Marqué par une transition importante dans son histoire, le groupe prouve ici qu’il reste maître dans l’art de la nuance et de l’émotion. Un disque à écouter d’une traite, casque vissé aux oreilles, les yeux fermés. Un cauchemar, oui – mais de ceux qu’on ne veut plus quitter.

Warm TV sur Youtube

Nous soutenir via HelloAsso