[INTERVIEW WARM TV] Betraying The Martyrs (Phoner)
20 août 2019 0 Par Céline LeclereInterview avec Victor Guillet, chant clair et claviériste de Betraying The Martyrs, à propos de la sortie de leur nouvel album « Rapture » le 13 Septembre 2019 sous le label Sumerian Records.
« Pour commencer, peux-tu nous expliquer un peu ton parcours musical ? Pourquoi t’es-tu dirigé vers le clavier ? Pourquoi cet instrument ? Pourquoi le chant clair ? Comment es-tu arrivé dans BTM ? »
« Moi, j’ai une formation classique au piano à la base depuis que je suis tout petit et après, quand je suis devenu ado, j’ai voulu écouter du rock et du metal, donc je me suis mis un peu à la guitare : j’ai eu des groupes où je faisais vraiment que de la guitare pendant un moment. Et puis après, il y a eu des groupes qui m’ont donné envie de me remettre au synthé, c’est-à-dire que les groupes de metal avec du synthé, à l’époque, étaient très kitsch : Within Temptation, les trucs comme ça, c’était très orchestral et un peu kitsch. Je trouvais ça un peu de mauvais goût et du coup, j’ai découvert des groupes sur un label qui s’appelle Rise Records : il y a des groupes qui sont sortis, du genre Devil Wears Prada ou Drop Dead Gorgeous, des groupes comme ça qui m’ont montré qu’on pouvait faire du piano dans un groupe et que ça soit moderne, que ça ne soit pas forcément de mauvais goût. Du coup, je m’y suis remis et je suis rentré dans un premier groupe qui s’appelait The Beverly Secret à l’époque en tant que clavier, guitare et chant : je faisais les trois dans ce groupe-là. J’ai eu ça pendant 2 ans et puis après, on a monté Betraying The Martyrs avec Eddie à l’époque, le premier chanteur, qui lui était dans Darkness Dynamite et donc ça, c’était en 2009, donc ça fait 10 ans qu’Eddie m’a appelé en mode : « Viens, on monte un nouveau projet ! » (Rires) Voilà. »
« Nous sommes ici pour parler de votre nouvel album « Rapture », qui sortira le 13 Septembre prochain : un album 11 titres, dont 2 singles sont déjà sortis. On a « Eternal Machine », qui est sorti en Mars 2019 et que vous avez joué en exclusivité à la Machine du Moulin Rouge le 8 décembre 2018 en première partie de Wage War et August Burns Red, et « Parasite », qui est sorti en Juin dernier. Vous avez sorti un clip/lyric video pour « Eternal Machine », un mix d’images de concerts filmées en noir et blanc ; et pour « Parasite », c’est un clip en couleur mais qui n’en est pas pour autant moins sombre puisqu’on voit Aaron Matts (chant guttural) lutter contre un monstre, un parasite, qui me semble être l’allégorie de ses démons intérieurs. Quel message vouliez-vous transmettre à travers cette chanson ? »
« Bien sûr, t’as mis le doigt sur ce qu’Aaron a voulu dire : c’est un morceau qui est très personnel pour Aaron, où il a mis ses tripes dedans, où il a vraiment écrit ce qu’il ressentait depuis un petit moment. Je pense qu’on est un petit peu tous dans cette situation : on a tous un truc en nous des fois qui se fait ressentir, qui nous fait agir de façon complètement démesurée et qui nous fait sortir de nos gonds. Et ce truc-là, on se bat avec tout le temps pour arriver à garder le contrôle finalement, pour arriver à rester maître de nos vies et de ne pas se laisser aller, de ne pas tomber dans la colère, la violence. Je pense qu’on lutte tous plus ou moins contre ça et Aaron vit une vraie lutte avec ça depuis longtemps et c’est important pour lui de le mettre en chanson, je pense. »
« Cette chanson est-elle donc plus axée sur les sentiments qu’on ressent telle que la colère ou la tristesse, ou bien se tourne-t-elle plus vers les addictions comme l’alcool et la drogue, qui peuvent être un moyen de lutte contre ces émotions négatives tout en étant un parasite ? »
« Je ne sais pas : je pense que les démons sont tous à l’intérieur de nous et qu’après, on utilise peut-être l’alcool ou les drogues comme une arme pour lutter contre ça justement ; mais le problème en soi, ça n’est pas l’alcool, ça n’est pas la drogue, mais nous-mêmes, ce qui se passe à l’intérieur de nous. C’est contre ça qu’on doit lutter. »
« L’album suit-il un thème en particulier ? »
« Non : si t’as écouté tout l’album, t’as dû t’en apercevoir. Les thèmes sont très variés : par exemple, « Eternal Machine » est un sujet qui est très global. On a traité du thème de l’industrie et du business de la guerre, qui est un sujet complètement aberrant pour nous : c’est vrai qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui s’enrichissent sur des guerres avec la course à l’armement, etc… On vit quand même dans un monde de fou, ça nous tenait à cœur d’en parler ; mais voilà, il peut y avoir des sujets très globaux comme celui-ci, comme des sujets très personnels comme celui de « Parasite ». Le prochain single qu’on sortira, c’est la track n°3 de l’album qui s’appelle « Down » et celle-là, pour le coup, c’est une chanson qui est une espèce d’hymne à nos fans, une espèce d’hommage qu’on leur fait, où on s’adresse directement à eux en leur racontant un peu comment nous on ressent l’expérience live et l’échange qu’on a avec notre public. Pour le coup, les thèmes sont très variés dans l’album, comme musicalement d’ailleurs : je pense qu’on a essayé de faire des chansons « dark » et des chansons un peu plus ouvertes, et on essaye d’accorder le thème des paroles en fonction de la musique. Des thèmes plus sombres et plus durs vont aller illustrer des chansons plus « dark » musicalement alors que des thèmes un peu plus sympas vont être sur des titres qui sont un peu plus mélodiques. »
« Comment avez-vous écrit l’album ? Avez-vous collaboré avec des artistes en particulier ? »
« Pas pour la composition, non. Pour la composition, on s’est vraiment enfermé tous les six à la campagne pendant plusieurs semaines : on s’est enfermé dans une grosse ferme avec une salle de répète et un studio, et on a passé de 11h à minuit tous les jours à composer et c’était vraiment une très bonne manière de travailler. On a beaucoup apprécié de travailler comme ça, c’était très cool. C’était la première fois qu’on avait la chance de travailler comme ça : normalement, on se rejoignait des après-midis en semaine chez Baptiste (guitare rythmique) ou chez Lucas (guitare solo) pour composer et là du coup, c’était important pour nous de passer cette étape, de vraiment passer plusieurs semaines en immersion totale où on ne pense qu’à notre album et on se focus à mort là-dessus. C’est vraiment une bonne manière de bosser : on a avancé très vite comme ça, c’était cool. »
« C’était donc votre première expérience d’écriture où vous partiez loin de chez vous et vous isoliez plusieurs semaines au même endroit ? »
« Ouais, c’est la première fois qu’on ait pu se permettre de faire ça et je ne veux plus revenir en arrière, c’était trop bien ! (Rires) »
« Si tu devais choisir ta chanson préférée de l’album, laquelle ce serait et pourquoi ? »
« Je pense que ça serait la track n°4 qui s’appelle « The Iron Gates » : c’est une chanson où, musicalement, j’ai mis beaucoup de moi, je pense. Il y a plusieurs mélodies qui me touchent plus que les autres : dès le début, ça commence avec une espèce de mélodie de guitare qui est très inquiétante et qui est très sombre que j’aime énormément. Dès le premier riff, j’ai des frissons quand j’entends cette chanson. Et puis en plein milieu, il y a un passage un peu plus mélo où il y a un morceau de piano qui va arriver : ce morceau de piano clairement, quand je l’ai écrit, je ne savais pas le jouer ! (Rires) Il était hyper compliqué, mais je trouvais ça vraiment très beau : ça allait très vite, mais j’ai travaillé à mort pendant des semaines, je l’ai joué en boucle pour arriver à le jouer et aujourd’hui, je ne suis pas peu fière de me dire qu’en live, ça passera niquel. Ça y est, je le maîtrise bien ! Dans cette chanson, il y a beaucoup de choses qui viennent de moi et du coup, c’est une chanson qui me touche plus que les autres. »
« Du coup, t’as pas un petit peu la pression de la jouer en live ? »
« Non, justement : j’ai travaillé assez pour ne pas avoir la pression de la jouer en live. Maintenant que je sais bien la jouer, j’ai hâte de pouvoir justement mettre ça en pratique. »
« Vous avez enchaîné les tournées dernièrement : vous avez fait l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis de Février à Mai, dont une date en Septembre à Cologne pour l’Euroblast, puis de Juin à Juillet, vous avez fait une tournée nord-américaine, où il s’y est malheureusement passé un événement tragique puisque votre van a pris feu après votre date à Los Angeles… Que s’est-il passé exactement ? »
« Il s’est passé qu’en fait, on avait un générateur avec nous, qui nous avait été fourni par la compagnie de vans, et on a dû prendre la route tout de suite après le concert de Los Angeles : le générateur était encore un petit peu chaud. Le loueur nous a fourni ça dans une boîte en carton donc évidemment, ça n’était pas très « safe » : quand on y pense maintenant, si j’ai un conseil à donner à tous les groupes qui tournent et qui m’écoutent, n’écoutez jamais un loueur de vans quand il vous dit de mettre un générateur dans votre trailer avec tout votre matos et vos affaires perso, c’est une très mauvaise idée ! (Rires) Donc avec les secousses sur la route, le générateur a pris feu et du coup, tout ce qui était autour a pris feu aussi, donc nos valises, nos affaires perso, notre matériel… Tout a pris feu, donc on a fait tout ce qu’on a pu pour essayer de continuer à tourner mais quand on a évalué les dégâts et qu’on a vu tout le matos qu’on avait perdu, on s’est dit que là, il faudrait dépenser 10.000$ pour pouvoir continuer la tournée et là tout de suite, on ne les a pas. Donc du coup, on a été obligé d’annuler la tournée et de rentrer chez nous un peu la queue entre les jambes j’ai envie de dire, et heureusement qu’il y a eu ce GoFundMe qu’on a fait qui a été incroyablement viral, qui a vraiment tourné énormément. Ça nous a beaucoup surpris, on a reçu énormément de messages de soutien, qui nous disaient : « Voilà, je suis étudiant, je n’ai pas les moyens, mais je mets tant d’argent, car je veux que BTM continue à faire des concerts, à faire de la musique et il est hors-de-question que vous arrêtiez… ». C’est vrai que quand on reçoit des messages comme ça, on n’a pas le choix : on est obligé de se relever, de se remettre en selle et de repartir sur la route, c’est ce qu’on va faire. »
« Ce genre de message, ça motive car j’imagine qu’en tant que musicien, voir tout son investissement partir en fumée sur un claquement de doigts, c’est extrêmement décourageant. »
« C’est sûr que ce n’était pas une sensation agréable de regarder son matos brûler : ça, c’est sûr ! Il y a même une vidéo où Boris (batterie) vient de sortir du van… C’est un peu ridicule cette vidéo, car il jette une bouteille d’eau sur le feu alors que les flammes font 3 mètres, mais c’est pour dire à quel point face à ça, on a dû mal à se résigner, à se dire : « Bon, bah c’est mort… ». On a envie de faire tout ce qu’on peut, on a envie, même si c’est nul, d’essayer de faire quelque chose pour le sauver car on ne peut pas rester là ! C’est hyper dur de rester là sans rien faire et de se dire : « Bah voilà, c’est comme ça : je vais regarder mon matos brûler et puis je ne peux rien faire… ». Ouais, c’était assez frustrant ! (Rires) »
« Vous avez ouvert une page GoFundMe pour les dons : est-elle toujours active ? »
« Le lien pour le GoFundMe, je ne crois pas : là ça y est, c’est fini, on vient de l’encaisser, donc on va pouvoir rembourser toutes nos dettes, et puis se racheter un peu de matos. Je pense qu’il n’y a même pas assez pour tout faire mais bon, on va s’en sortir en limitant la casse. »
« C’est là qu’on peut voir que vous avez une très solide « fan base » et j’imagine qu’il y a peut-être d’autres artistes qui ont participé aux dons. »
« Oui, bien sûr : il y a plein de groupes qui nous ont aidés, des groupes de la scène française… Gros merci au passage aux groupes qui ont participé à ce truc-là comme nos amis de Novelists, Rise Of The Northstar qui ont participé à cette cagnotte, ça fait vraiment plaisir… Enfin voilà : il y a eu vraiment un énorme mouvement de soutien qui nous a vraiment touché. La seule chose qu’on peut faire pour remercier tous ces gens, c’est de se remettre sur pieds, de refaire des concerts très vite et de continuer à donner des performances aussi qualitatives que ce qu’on faisait avant donc voilà, c’est ce qu’on va faire. »
« Vous avez une date de prévue le 14 Septembre 2019 à La Maroquinerie à Paris avec Novelists en première partie : avez-vous d’autres dates de prévues en France ? »
« Si tu regardes, il y a quelques jours, on a annoncé une tournée française complète mais oui, il y a un flyer qui est sorti : une douzaine de dates en France jusqu’à la fin de l’année avec Mass Hysteria, Rise Of The Northstar, Dagoba… Donc ça devrait être un bon moment, ça devrait être cool. »
« Deux petites questions plus personnelles pour clôturer cette interview : quel a été le tout premier artiste que t’a écouté et quel a été le dernier qui t’a marqué ? »
« Alors moi je faisais du piano quand j’étais gamin, donc il y a un artiste qui m’a vraiment marqué et qui m’a vraiment donné envie de me mettre à fond dans la musique : c’était Alicia Keys à l’époque. J’avais acheté l’album et ma mère m’avait acheté le livre de partitions pour mon anniversaire : je l’avais rodé de ouf, j’avais appris tous ses morceaux par cœur, et c’était pas de la tarte ! Ce n’était pas évident : son premier album, ça tricotait pas mal au piano, je passais beaucoup de temps dessus, je n’avais pas un gros niveau à l’époque et c’est un truc qui m’a beaucoup bougé, c’est un truc qui m’a fait beaucoup travailler. Et il y avait cette espèce de mélange entre du piano classique et du piano plus blues, soul et c’était vraiment génial la façon dont elle arrivait à marier les deux : elle fait une reprise de La Sonate Au Clair De Lune de Beethoven, c’est incroyable ce qu’elle arrive à en faire avec des chœurs de gospel derrière, c’est vraiment très beau, j’avais bien rodé cet album-là. Après sinon, je pense que c’est Linkin Park le groupe qui a fait la transition entre ce que j’écoutais avant et ça a été le premier truc un peu vraiment vénère que j’ai écouté je pense.
Les derniers trucs que j’ai découvert, qu’est-ce que j’ai découvert récemment… ? Ah si ! Si : j’ai découvert un groupe récemment et qui est vraiment chanmé, c’est Rival Sons. C’est un groupe américain qui fait une espèce de rock un peu garage où il y a un chanteur qui est impressionnant, qui fait des vocalises de ouf, très rock’n’roll ; mais le mec s’amuse avec sa voix : il fait un peu penser à Robert Plant dans Led Zeppelin. C’est un peu ça : le mec s’amuse vraiment avec sa voix, c’est très impressionnant. Et les mecs ont des gros riffs de guitare super efficaces ! Ils sont en tournée partout, ils sont énormes déjà ; mais ça, c’est vraiment un groupe à checker si vous ne connaissez pas. Ils ont fait une apparition très remarquée au Hellfest par exemple. Voilà. »
Propos recueillis par Céline Leclere, le jeudi 15/08 par skype pour Warm TV
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