GOHRGONE : Les Yeux dans les Yeux [Chronique]

GOHRGONE : Les Yeux dans les Yeux [Chronique]

15 juin 2019 0 Par Doc Rock

Il faut bien vous avouer que cette chronique a été préparé de manière assez rapide et vivace, tel un serpent surgissant des hautes herbes pour attaquer sa proie. Et il faut bien le dire, ça fait du bien de sortir de sa zone de confort, de travailler dans la hâte, dans l’expectative, en mode « On nous propose ? Okay ! Let’s do this baby ! », c’est ce « mood » (humeur) qui m’a guidé à travers l’écoute du nouvel album de GOHRGONE intitulé « In Oculis » sorti le 19 Mai dernier en auto-production (quelle tristesse, vous comprendrez le « pourquoi » à la conclusion de cette review écrite).

Tout d’abord pour présenter l’album, l’Histoire, le récit, la narration de ce nouvel opus, il faut se replonger au temps des Grecs anciens, de la soi-disant « bienséance » divine envers les Hommes, la relation étroite et compliquée entre l’Héroïsme et l’Égocentrisme, la fine limite entre le Mythe et la Légende, le lien éphémère entre la Victoire et la Défaite, l’Illusion cruelle entre la Mission et le Service. C’est ce qui nous est conté dans « In Oculis » car cet opus nous narre la fameuse Histoire de Persée, à ne pas confondre avec l’Empire Perse je précise, vous savez LE Persée, EL FAMOSO Persée, le Roi argien (territoire de l’Argolide dans le Péloponnèse en Grèce) qui vient à bout de la Gorgone Méduse (Medusa), qui lui renvoya son regard pétrifiant grâce à son bouclier, pour qu’elle finisse pétrifier comme bon nombre de ses malheureuses victimes passées.

Cet album narre, raconte totalement l’Histoire de ce Héros grec, qui comme l’indique la piste d’ouverture Acrisios Banishes, fut banni par le Roi Acrisios, son propre grand-père (alors Roi d’Argos) car un Oracle lui aurait prédit que son petit-fils le tuerait tout ça, bref bannir sa descendance, on peut dire que cet Oracle n’était pas.. une Lumière !
Néanmoins musicalement parlant, tu veux de la poutre ? Du parpaing ? De la ruée Spartiate ? Et bien mon coco, cet album est pour TOI !

Des riffs soutenus, intenses, sans discontinuer, une Violence qui ferait passer Kratos pour un petit chanteur de la chorale du Roi Midas, tellement ça te rentre dedans, ça te prends aux tripes, ça te les malaxe, et ça t’éclabousse de puissance sans que tu te demandes ton reste !

ÉNORME Coup de coeur pour la chanson « Insanus Creatura » qui est pour moi, l’exemple PARFAIT de ce que doit être une chanson de Death Metal : de la mélodie, de la gravité, un poil de lyrisme (très bien apportée par Justine GALMICHE) qui apporte cette touche de contraste, d’ambiance mythologique, sans parler de ces innombrables « Blast Beats » qui viennent pulluler sur cette chanson comme durant tout le long de l’album (que ce soit des « Slow & Trve », des « Bomb Blast » ou encore des « Stop N Go ») bref Chris à la batterie RÉ-GA-LE !!!

Que ce soit sur Weak Ones Deceived, sur « l’humide » et lente piste éponyme In Oculis ou la bagarreuse The Executionner Of Medusa, GOHRGONE n’est pas venu pour enfiler les perles, le groupe est venu pour distribuer des pitas grecques par paquet de 44 avec supplément feta salakis au bon lait de « BAM DANS TA GUEULE !!! », car un peu moins de 3 ans après « Finis Ixion » (second album du combo), je trouve que ce nouveau disque est beaucoup plus maîtrisé, plus fluide, l’écoute est plus directe, évidemment le côté « concept-album » aide beaucoup à la compréhension et à la continuité narrative et mélodique cela va de soi, mais néanmoins entre « le dire » et « le faire », il n’y a qu’un pas, et beaucoup se sont cassés les dents en tentant cette expérience qui peut paraître facile au premiers abord, que nenni Messire, que nenni Ma Dame !

J’en veux pour preuve la piste Deprivation Of Self qui succède à The Executionner Of Medusa, elle vient vraiment redonner un coup de fouet à la seconde partie de l’album, remettant le char à bonne allure, à bonne vitesse de croisière après une pause salvatrice, tellement la violence engorgée depuis le départ de l’album aurait pu tourner au trop plein. Donc ceci est un bon choix musical et artistique dans l’architecture, la construction de l’album, il faut savoir saluer la sagesse et l’ambition du groupe pour cela.
Opportunity King est un peu plus groove dans son ambiance, ça donne envie de mosher sévère dans la fosse, ça fait bouger son croupion, ça fait du bien bordel, ça vient donner une autre « couleur » à cet album foutrement riche de sonorités Death dans son ensemble, néanmoins je ne suis pas d’accord avec le terme « Blackened » utilisé par le groupe pour décrire leur « genre musical », pour moi c’est VRAIMENT du DEATH pur et dur, voir du Brutal Death sur certains passages, mais pas « Blackened » pour ma part, après vous savez, les goûts, les couleurs, les avis c’est comme les trous du cul, tout le monde en a un !

Honnêtement, comme dit plus haut, je reviens vite fait sur le terme « Blackened« , c’est vrai que c’est plus présent sur l’avant-dernière chanson qu’est The Prophecy mais que sur certains éléments, d’ailleurs je n’ai pas du tout parler de Thomas, le chanteur, alors que vocalement, c’est putain de carré, ça maîtrise le growl, le scream, le saturé à un niveau qui me laisse totalement sur le fessard ! On parle des musiciens dans la composition d’un album mais avec un tel chant, une telle profondeur respiratoire, un tel éventail vocal, franchement je ne peux que vous conseillez d’aller foutre une oreille sur cet album pour cette raison, si c’est un succès, le chant est une des principales raisons !
L’écoute de l’album se finit sur Head On The Aegis, et étonnamment, c’est une piste assez bizarre, car calme dans son ensemble, les cors de chasse, les trompettes vrombissant, annonçant la fin du combat, la fin de la Bataille, l’Apogée d’une Vie, d’un Destin peu banal, la prétendue acclamation d’un Héros qui sera célébrée dans une multitude d’histoires, de récits, de livres, d’écrits ou autres films. Il faut quand même le spécifier, pour clôturer cette chronique que Persée est un peu une sorte de « bras armé » des Dieux, de représentant de la cruauté des Hommes envers des créatures inconnues, comme si l’Ignorance n’avait pas d’âge, qu’elle se propageait à travers les siècles. C’est un parallèle assez intéressant que GOHRGONE a voulu nous démontrer à travers ce concept-album, car en ces temps où les violences sont toujours présentes, aussi bien physiques, psychologiques, qu’elles soient dans les images, les sons ou même les mots, ne pourrait-on pas dire qu’au fond, en utilisant une autre citation latine : « Homo Homini Lupus Est » ou si vous préférez : « L’Homme est un Loup pour l’Homme » ?
C’est une question ardue que l’on est en droit de se poser, et GOHRGONE y a apporté un élément de réponse avec cet opus ô combien violent musicalement parlant, mais criant de vérité, avec le Temps, les mots partent, mais les écrits, eux, restent.

Je vous conseille de vous pencher sur ce nouveau récital de GOHRGONE, ne serait-ce que pour le côté spirituel, moral et historique que le combo nous propose dans cet ouvrage sonore et mélodique. Ce disque qui en fera vrombir de plaisir plus d’un, car la Qualité est pire qu’au rendez-vous, elle est même en avance sur son temps. D’ailleurs grand bravo à Eddy PELLETIER (Guitariste) pour l’enregistrement et l’édition, ainsi qu’à Gwen KERJAN de SLABSOUND STUDIO (Lorient, la Bretagne, Terre de Metal) pour la Production, le mixage et la masterisation aux petits oignons sur ce disque, propre, net et sans bavure, il faut vraiment rendre à César ce qui lui appartient ! Je trouve vraiment dommage qu’un groupe avec une telle qualité sonore, une telle créativité, un tel éventail mélodique et une telle capacité à pouvoir proposer un contenu hautement qualitatif en respectant sa construction musicale à la lettre, ne soit pas signé chez un Label, une Major, je trouve que c’est du gâchis, mais dans un sens, n’est-ce pas là le Réel sens du mot « Liberté » ? Pensez-y, si vous passez votre épreuve de Philosophie pour votre Bac ce Lundi 17 Juin ! (Bonne merde à toutes les personnes qui passent des examens en cette fin d’année scolaire d’ailleurs !)
Vous aimez la Poutre ? Vous aimez le Grandiloquent ? Vous aimez les musiques qui ferait passer la Bataille des Thermopyles pour une cour de récréation ? Alors « In Oculis » est pour VOUS ! Et évidemment, c’est à écouter les yeux et les oreilles grands ouverts !

ALBUM « In Oculis » – GOHRGONE (Intégrale – 2019)

GOHRGONE – In Oculis
Sortie : 19 Mai 2019
(Auto-Production)
© GOHRGONE – 2019

Note : 4.5/5
Chansons Notables : Insanus Creatura, In Oculis, The Executioner Of Medusa, Opportunity King & The Prophecy

© WARM TV – JUIN 2019