[LIVE REPORT] Asylum Metal Fest #3 – 20/04/2019
25 avril 2019 0 Par Erwan MeunierSORTEZ VOS CAMISOLES !
Aujourd’hui, l’asile de Mathieu Kollmann ouvre ses porte, à la MJC de Limours.
Nous avons huit patients en observation, fraîchement arrivés de part et d’autres de la
France. Ne vous inquiétez pas, ils ne mordent pas. Quelques individus errent sans but
dans les couloirs rouge sang, dans l’attente de leur shot de violence. Approchez,
approchez, the doctor will see you now…
Quoi de mieux que de mettre la scène locale en avant en ouvrant avec
DATURHA ? Cinq ans après l’EP Beyond The Reason, le quatuor essonnien revenait
sur les planches du MusikÖ_Eye Fest pour défendre la première moitié de son
nouveau concept album sobrement intitulé Cycle, sorti en février dernier, mettant en
abîme le cycle des civilisations dans un cycle de l’univers. Si vous les aviez loupé, ils
nous présenteront aujourd’hui la deuxième moitié. Un Modern Death très mélodieux,
aux riffs acérés, à la double pédale solide, et au chant très bien maîtrisé, aussi bien clair
que saturé, comme sur Nemesis et Ashes.
La salle, déjà que pas bien grande, est malheureusement un peu vide, c’est
dommage pour un groupe de ce potentiel. C’est l’inconvénient d’être les premiers du
running order, d’autant plus dans une salle difficile d’accès depuis la capitale quand on
n’est pas motorisé. Ça ne découragera aucunement le frontman, qui sollicitera
l’audience à maintes reprises. Ce groupe nous aura ouvert l’appétit, hâte de les revoir
prochainement !
La jeune formation IANWILL, qui partage d’ailleurs son batteur avec DATURHA,
poursuivra avec un Metalcore aux influences Death, et nous présentera son tout
premier album, bientôt dans les bacs. Bilan de cette découverte : le chant saturé sera
bien placé, le chant clair un peu moins, mais malgré leur faible expérience, le groupe
parisien saura attirer les curieux et la chanteuse saura garder leur attention. Oui, car
une présence féminine sur scène est suffisamment rare pour être soulignée, et même
appréciée ! Vous pourrez les retrouver le 2 mai prochain au Gibus, et le 5 mai au
Kraken Rock Metal Fest en Belgique.
Deux-trois réglages techniques, et MOONSKIN est prêt à jouer. La foule sera pour
le coup bien moins réceptive. Serait-ce l’encens qui enfume la salle d’un patchouli très
prononcé ? Leur accoutrement et maquillage sortis d’un JDR ? Le manque global
d’énergie et de cohésion entre les musiciens, doublé du fait que le guitariste n’aura
d’yeux que pour son pedalboard pendant tout le set ? Un chant assez irritant qui
mériterait plus de travail ? Je ne sais guère. Quoi qu’il en soit, la salle se vide, l’appel de
la bière ou de la cigarette se fait entendre. Peu de gens seront sensibles à leur univers
Doom teinté de Heavy.
Un mois après le Metal Sphere, GEOSTYGMA poursuit sa tournée pour
promouvoir son EP et le prochain album à venir… Et accessoirement distribuer des
claques à tour de bras, tel Jésus distribuant le pain. Les trois formations précédentes
ont bien préparé le terrain pour leur Tech Death plein de groove et de
bonne humeur. Cette fois-ci, pas de DYING FETUS au programme, ils se concentreront
sur les titres qui figureront sur leur album.
C’est sur The Wise et Formatted Brain que Kevin démontera une maîtrise
parfaite de son shriek et de son growl à la Randy Blythe. Les efficaces Enqweetine
2.0 et Withering Breath se chargeront de rameuter les plus à la traîne. Je vous laisse
avec cette mise en bouche, le plat de résistance sera au Thrill Seeker Fest, les 18 et 19 Mai prochain !
Dans un registre plus progressif, FRACTAL UNIVERSE, ce sont quatre nancéens à
l’ascension fulgurante. Formé en 2014, le groupe marchera sur les terres de Clisson, et
Tolmin dans la foulée, seulement 3 ans après. Leur deuxième opus sera joué ce soir
dans son intégralité. Étant sorti la veille du festival, le public n’est que peu familier
avec Rhizomes Of Insanity, mais ça n’empêchera pas d’apprécier pleinement la
prestation. Des ambiances variées, allant du blast énervé sur Flashes of Potentialities
au down-tempo mélancolique et dissonant sur Chiasmus of The Damned, en
passant par du plus mélodieux à la rythmique complexe, en bref, un cocktail qui
gagnera sans difficulté l’approbation de la majorité.
Je vous en dirai un peu plus dans mon report sur The Black Dahlia Murder,
dont ils feront la première partie.
Nous devions finir la soirée avec HANGMAN’S CHAIR, vous savez, ces quatre
parisiens officiant dans un registre Sludge/Stoner que vous avez pu remarquer au
MOTOCULTOR 2018 ou en ouverture de ZEAL & ARDOR. Mais le retard accumulé depuis le
début d’après-midi fait qu’ils demanderont à passer à 21:30, dans la confusion
générale.
Après avoir joué à travers l’Europe jusqu’en Russie, ils poursuivront la promotion
de leur cinquième opus, Banlieue Triste (2018), à domicile. C’est sur le titre éponyme
que le groupe entamera son set, suivi de Naïve, un titre fort apprécié d’après les
retours que j’ai eus. HANGMAN’S CHAIR s’imposera avec un light-show se prêtant
parfaitement à leur ambiance aux relents de shoegaze, et un son aussi lourd et puissant
que sur l’album. Nous poursuivrons avec Sleep Juice et 04.09.16, qui ne feront pas
autant dans la légèreté que les titres précédents, plus profonds, moins mélodieux.
Les autres tubes seront laissés au second plan, comme Touch The Razor, mais
nous aurons droit à une piqûre de rappel avec Give & Take, issu du single en
featuring avec GREEN MACHINE (Japon), et Cut Up Kids, issu de This Is Not Supposed To
Be Positive (2015). Full Ashtray, titre long de douze minutes clôture Banlieue
Triste, il clôturera également le set, nous emportant dans une atmosphère toujours
plus sombre, dissonante, oppressante.
Les algériens d’ACYL enchaîneront sur un registre plus varié, aux sonorités
orientales, à la MELECHESH, en moins violent. Un savant mélange, une invitation à s’évader que
nous ne saurions refuser. Ne connaissant que très peu le groupe, je ne pourrai pas vous
en dire beaucoup. Une salle à moitié remplie et assez statique, une setlist équilibrée
piochant dans les deux albums de la formation, pour ma part, une première écoute
appréciable mais pas mémorable pour autant.
Certains groupes occupent leur stand de merch, prennent même le temps de
discuter, mais pas ACYL. Ils repartiront comme ils sont arrivés, dans la discrétion la
plus totale.
C’est donc THINK OF A NEW KIND, ou T.A.N.K, qui clôture la soirée, ou
devrais-je dire, la nuit. Il est presque minuit, la MJC de Limours s’est légèrement
vidée, mais les plus motivés restent pour soutenir le quintet francilien. Fondé en
2007, il aura grandement participé au rayonnement de la scène française à travers
l’Europe. Après une tournée fin 2018 aux côté de HATESPHERE et SINSAENUM, ils
poursuivent le peaufinage de leur quatrième album, dont Anima et Last Days of
Deception seront justement issus. Le public est instantanément conquis. La journée
fut longue, nous n’aurons pas de pogos, mais les chevelus ne lésineront pas sur le
headbang, aussi peu que Nils Courbaron (officiant également dans SIRENIA) lésinera
sur la technique. Lui et Thomas Moreau se renvoient la balle avec des riffs
modernes et des solos exécutés à la perfection pendant que Clément Rouxel tabasse
ses fûts sans broncher.
T.A.N.K 09, issu du premier album, The Burden of Will (2010), sera parfait
pour inviter le public à scander les initiales du groupe lors des refrains. Raf Pener
nous présentera ensuite deux autres titres prévus pour la prochaine sortie, Dead End’s Night
et The Phantom, plus équilibrés entre voix claire et saturée, tandis
qu’Olivier d’Aries (basse) gérera les backing vocals. Pour les plus connaisseurs, The Raven’s Cry
était leur morceau d’ouverture pendant la tournée consacrée à Spasms
Of Upheaval (2012), et ce soir, ils ne l’oublieront pas, redonnant un « coup de jeune »
au début de leur discographie. À la déception de certains, aucun titre de Symbiosis
(2015) ne sera joué.
Enfin, nous arrivons à l’ultime titre du set et dernière nouveauté, The Pledge,
dont le clip vidéo est en préparation. Il se fait tard, c’est sur une prestation
malheureusement écourtée que le groupe nous quitte, mais nous les reverrons bientôt,
armés d’un nouvel album prévu pour la fin de l’année.
Les surveillants font une dernière ronde, vérifient chaque camisole, chaque
cellule. Les internés sont prêts à dormir, ils n’ont montré aucun signe d’agressivité,
excepté sur scène, ce qui est une réponse parfaitement normale. Le directeur envisage
de les relâcher sous peu. On verrouille les sas, c’est l’heure de l’extinction des feux.
Rendez-vous l’an prochain pour rencontrer les nouveaux résidents de l’asile.
REPORT ► Oona INKED / WARM TV ©
© WARM TV – AVRIL 2019